Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/09/2019

COMPLAINTE DES DOUZE SALOPARDS

 

(Sur l’air de « La Complainte de Bouvier » interprétée par Jean-Roger Caussimon)

 


 

 

S’il est des gens très remarquables

Il en est qui ne le sont pas

Trompeurs perfides et scélérats

Se sont des êtres méprisables

 

On en voit au gouvernement

Echantillons de lèche babouches

Qui travaillent au remplacement

De leur peuple dont ils se foutent

 

Ce sont de sacrés cancrelats

Qui nous mettent dans de beaux draps

 

Parmi eux douze salopards

Sans scrupules et sans états d’âme

Calamiteux soixante-huitards

Ouvrent en grand nos portes à l’islam

 

Ces gredins sortis de la gauche

Sont matois autant que malins

Et comme de mauvais apôtres

Ils débitent un discours malsain

 

Ces serpents au verbe fielleux

Sont des tentateurs venimeux

 

Donc bonnes gens veillez au grain

Et chassez ces rats mortifères

Aujourd’hui plutôt que demain

En les piégeant dans leur repaire

 

Si vous tardez prenez y garde

Se sont eux qui vous piègeront

En vous livrant aux avant gardes

Des bouchers qui vous saigneront

 

C’est pourquoi il faut résister

Plutôt que de se résigner

 

Cette complainte est une alerte

Et avant qu’il ne soit trop tard

Puisqu’ils travaillent à votre perte

Gaulez ces douze salopards

 

Gaulez les des plus hautes branches

Sur lesquelles ils se sont perchés

Qu’ils tombent le nez dans la fiente

D’où le néant les a tirés

 

Qu'on n'entende plus parler d'eux

Pour qu'enfin nous soyons heureux...

___________________

 

Qui sont-ils ces douze thuriféraires de la cause sacrée qui est celle du remplacement programmé de notre peuple par les vagues allogènes qui le submergent ? Qui sont-ils et d’où viennent-ils ?

C’est le livre de pierre Cassen, paru en 2018 à Riposte Laïque :

"Et la Gauche devint la putain de l’Islam"

qui m’a inspirée cette petite complainte. Si vous voulez savoir qui sont ces douze faux-apôtres, Pierre Cassen vous en brosse les portraits sans concession dans son ouvrage dont je ne saurais trop vous conseiller la lecture tant il est d’actualité.

L’auteur connaît son sujet et sait de quoi il parle puisqu’il vient du camp dont ces douze là se réclament, camp qu’ils ont trahi sans états d’âme, comme si, dans ces eaux là, la trahison était une seconde nature.

Il brosse de ces tristes sires un portrait au vitriol tant il est décapant ; c’est aussi par là qu’on prend autant de plaisir à lire son texte qu’il a sans doute eu à rédiger les 320 pages qui le composent. Sur ce nombre, les 120 constituant la première partie, sont consacrées aux portraits figurant en première de couverture. La suite expose le parcours de l’auteur, de l’enfance à la prise de conscience de la grande trahison de ce qu’il est convenu d’appeler la Gauche qui aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle de la fin du XIXème siècle et du début du XXème.

Neuf hommes, deux femmes, valets de Big Brother (Choupinet, dixit Pierre dans ses videos sur le site de https://ripostelaique.com/ que je vous encourage à visionner), servent le système avec un zèle à la hauteur de leur soumission au nouvel ordre mondial. Tous, fors le chef et les deux donzelles, sont de vieux brisquards de la politique, rompus à l’art de naviguer en eaux troubles…

                         

1er-couv.jpg

                              

A titre d’exemple, voici ce que dit notre ami d’Askolovitch, premier d’une liste qui se décline par ordre alphabétique :

« Claude Askolovitch confirme, s’il en était besoin, qu’il est, de la pointe des cheveux au bout des orteils, une créature clonée il y a maintenant près d’un siècle dans les épouvantables laboratoires de Joseph Staline. » et plus loin : « C’est à cause de gens comme toi que les territoires perdus de la République se multiplient et que nous sommes dans une situation où l’avenir de notre civilisation est en train de se jouer. »

L’Attila-Attali, âme damnée des locataires de l’Elysée « tu sévis dans les allées de tous les pouvoirs, depuis 1981. » est « la caricature détestable de l’arrogance des élites mondialisées, méprisantes avec un peuple qu’elles estiment trop inculte pour pouvoir décider de son destin. »

De Besancenot : « Tu as beau raconter partout que tu défends les ouvriers, cela sonne faux, dans ta bouche. Pour faire banlieue, tu t’essaies à parler racaille, et tu te lances même dans le rap. Tu ne défends pas les travailleurs, tu défends les envahisseurs, ceux qui ne seront même pas l’armée de réserve du grand capital. »

Les autres portraits sont de la même veines, annoncés par un chapeau qui les résume :

Cohn-Bendit : « Les adeptes de la pédophilie ne peuvent qu’aimer l’Islam »

Filoche : « Le socialiste qui croyait défendre les travailleurs »

Fourest : « L’opposante préférée de Tariq Ramadan »

BHL : « Des tartes, des tartes ! »

Macron : « Mis en place par la Finance pour achever la France »

Mélenchon : « Bouffeur de curés mais lécheur de babouches »

Plenel : « L’homme qui rêve d’une France musulmane »

Schiappa : « La haine du mâle blanc européen hétérosexuel »

Tubiana : « Le sergent Garcia de l’antiracisme. »

Ces personnages dignes de la Comedia dell’ Arte, l’auteur les connait assez bien pour les avoir fréquentés et savoir ce qu’il en va de leur honnêteté intellectuelle et de leur dévouement à la cause vieille comme le monde de leurs compatriotes opprimés, rackettés, méprisés, par le pouvoir en place qui est celui du gros argent qui s’aliène tous les cafards à sa solde !

 

L’autobiographie de Pierre Cassen, qui suit ses règlements de compte, révèle un homme fidèle à ses engagements de jeunesse qu’il n’a pas reniés mais qui a compris aujourd’hui que le combat était avant tout d’ordre métapolitique, qu’il s’étendait en transversalité dans des familles de pensées qu’il était, non seulement susceptible de rapprocher mais bien de regrouper dès lors qu’elles avaient reconnu l’ennemi commun.

Il en découle tout naturellement que les ennemis de nos ennemis doivent être nos amis et le rester en dépassant les clivages Droite-Gauche artificiels et artificieux (pas grand chose de commun avec le brouet macronien se voulant rassembleur des bonnes volontés au-delà des partis sur fond de teint néo-libéral mondialiste, on voit ce que ça donne, non, merci !)

Plaisent aux détracteurs de cette analyse, qui sont majoritaires, de l’appeler de façon péjorative « confusionniste » sans doute parce qu’elle leur échappe ou plutôt, parce qu’ils redoutent qu’elle ne sape les fondements de leurs privilèges et leur faculté de nuisance.

Depuis Gramsci et Pareto, cette école de pensée s’est ralliée un certain nombre d'intellectuels de bonne trempe qui n’en sont pas à leur planche d’essai.

Non seulement cette troisième voie, ce tiers exclu est souhaitable mais il est possible, en raison de la volonté des peuples qui ne veulent pas mourir et sauront faire la part des choses le moment venu.

 

Pierre Cassen.jpg

(Pierre CASSEN Photo RL)

Très tôt, dans le giron de la boucherie familiale, le petit Pierre a été confronté aux difficultés du petit commerce ; il a vu ses parents se lever matin et travailler dur pour boucler les fins de mois ou mettre quelques économies de côté, comme beaucoup de leurs contemporains ouvriers ou petits artisans. Ce n’était pas l’opulence mais pas la misère non plus. C’est dans ce creuset que se sont forgées ses convictions laïques et républicaines.

A 17 ans, Pierre se retrouve embauché dans une imprimerie à 10 km de chez lui. Là, il va faire l’apprentissage de son métier de typographe. Séduit par le Parti Communiste et le verbe de Georges Marchais, il décide, à la faveur de son service militaire où il sympathise avec le secrétaire d’une section CGT, de rejoindre ce syndicat, ce qu’il fait.

Dans les années 80 il est embauché par l’Imprimerie Chrysler de Poissy où il aura l’occasion de se former à la photocomposition ; il quittera son emploi pour rejoindre à Paris l’Atelier des Agents de Change de la place de la Bourse ; il deviendra, au bout de quelques années, le principal délégué des Typos « J’ai vécu de formidables moments de solidarité, où on se sentait invulnérables. J’y ai connu une chaleur humaine que je n’ai plus jamais rencontrée ailleurs. »

Puis c’est l’expérience du PCF : « Fasciné par Marchais, je prenais tout ce qu’il disait pour argent comptant… ». Mais dès la signature du programme commun avec les socialistes, c’est la rupture. Comme beaucoup de militants un sentiment de trahison l’étreint et il quitte le parti. Alors, fasciné cette fois par les Gauchiste défilant à grands cris et banderoles, le voilà qui s’engage sur un coup de tête, à la façon de Bardamu fasciné de même par un régiment de cuirassiers défilant tous cuivres astiqués musique en tête…

Il se retrouve à la LCR où il va militer « laissant au passage 10% de mon salaire, tous les mois, au service de la cause. » jusqu’à ce que, au bout de 5 ans, il se décide à quitter les trotskystes, la révolution n’ayant pas été au rendez-vous…

Dans la troisième et dernière partie de son livre (2003-2018), pierre Cassen nous explique comment le combat contre l’Islam est devenu pour lui prioritaire et fédérateur, davantage que le combat social. En 2007 c’est, avec Brigitte Bré Bayle, la création de Riposte Laïque : « … pas de gauchistes, pas d’immigrationnistes, pas d’enquiquineurs, rien que des gens que j’avais choisis. »

Riposte Laïque, aujourd’hui géré depuis la Suisse, reçois 40 000 visiteurs par jour, ce qui n’est pas rien ! En 2010 c’est la rencontre avec la dirigeante du Front National, puis avec les souverainistes enfin les « Fachos », les vrais, les Nationalistes, pas les « nationaux », Serge Ayoub, Pierre Vial, les Identitaires, enfin presque ou tous les mouvements de ce qu’il est convenu d’appeler la « fachosphère », rejetons de la Bête immonde engrossée par la Gauche bien pensante que ses enfants rejettent à juste titre.

Pierre Cassen a cheminé comme le Cavalier Bleu d’Henri Montaigu, en transversalité, sans préjugés, sans crainte ni tremblement, à la façon de Béraud en son temps, en esprit libéré des castes et des chapelles, ne jugeant que par lui-même, la peau sur la table.

Gageons qu’il nous réserve encore des surprises et encourageons-le dans son combat qui en vaut la peine, parce qu’il est vital à l’heure des dernières cartouches.

Ne serait-ce que pour cela vous devez lire son livre ; vous comprendrez mieux pourquoi les partis dits de gauche et une bonne partie de ceux dits de droite s’enragent à jeter l’anathème sur les mouvements nationalistes en les diabolisant prioritairement via l’anti racisme l’antisémitisme et l’anti immigrationnisme.

Quand on veut tuer son chien, n’est-ce pas, on dit qu’il a la rage, Chamfort, en son temps l’avait compris qui nous a laissé cette maxime :

« En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. » Rien n’a changé.

Trop de victimes sont déjà tombées sous les coups du fanatisme islamiste pour qu’on prenne cet avertissement à la légère. Ce qui est sûr, c’est que le salut ne viendra pas de la clique au pouvoir ni de ses épigones ! Méditons-le…

 

17/02/2017

BAGATELLES POUR UN CADAVRE

L’ouvrage que viennent de faire paraître M. Taguieff et Mme Duraffour, s’il nous tombait des mains sur les pieds, nous ferait assurément plus mal que ceux de ce cher Antoine Blondin n’en auraient fait sur les pieds de Ferdinand ! 

D’abord par son poids (près de 1200 pages, dont plus de 380 de notes et références ce n’est pas rien !) ensuite par son contenu répétitif, lourd comme du plomb. Du plomb de chasse s’entend, du gros calibre, tiré à bout portant sur la bête noire que M. Taguieff et Mme Duraffour se sont promis d’abattre. Calibre 12 pour Ferdinand, matraque pour le lecteur, pour bien lui faire entrer dans le crâne au lecteur que Céline fut un salaud sur toute la ligne, un salaud consommé, forcené, voire atavique, du tout fréquentable, de surcroît au talent discutable, à peine ces légistes accordent-ils aux deux premiers romans un intérêt littéraire à l’exclusion de toute la suite. Comme quoi la haine rend aveugle. Cela étant, leur livre n’apprendra rien aux céliniens qu’ils ne sachent déjà.

 

51VVi5RTCzL._SX317_BO1,204,203,200_.jpg

A la lecture de l’ouvrage on sent que M. Taguieff, qui s’est tapé à lui seul le plus gros du pavé, s’est donné un mal fou pour tenter de régler définitivement le compte à son  salaud  favori et, comme aurait dit ce dernier, lui clouer le bec « une fois pour toutes ! ».

Mais c’était oublier l’écho, la petite musique de l’écho que rien n’arrêtera jamais plus, pas même la plume de M. Taguieff aussi habile soit-elle, ni encore moins celle de Mme Duraffour qui pourtant s’est fait un devoir d’extirper comme une tumeur cancéreuse le mal absolu des écrits maudits, pour éviter que les métastases n’envahissent, comme elles l’ont fait des céliniens, célinologues, célinomanes, célinolâtres et autres abrutis familiers de l’homme et de l’oeuvre, les cervelles des générations de lecteurs à venir, s’il s’en trouve encore, parce qu’au train où vont les choses, on peut douter.

M.Taguieff a donc servi la bête en premier piqueur et Mme Duraffour, dans la foulée, est venue lui disputer la curée, les fouailles, en expliquant comment Céline non seulement aurait été au courant du sort réservé aux Juifs par les hitlériens, aurait été autant dire dans la confidence des dignitaires nazis, mais par sa plume débridée, aurait contribué ni plus ni moins à lui tout seul à remplir les camps et conséquemment, à l’élimination physique des détenus.

Ce n’est pas rien d’avoir engrangé un aussi grand nombre de preuves qui, pour beaucoup, n’en sont pas, ou du moins ne sont qu’apparences de preuves, en quoi il est malhonnête de les présenter comme preuves.

Certes, il est des mots qui tuent, qui tuent moralement, parce que physiquement ça s’est encore jamais vu. Ça n’excuse pas tout mais enfin, des mots restent des mots, aussi « nauséabonds » soient-ils pour nos co-auteurs.

Qu’attendent-ils M. Taguieff et Mme Duraffour du « clochard » de Meudon, des excuses puisque c’est la mode d’en faire ? des excuses posthumes s’entend ?

M’est avis que s’il sortait de sa tombe, Ferdinand leur en ferait à sa manière à tous deux des excuses et de belles ! ils verraient alors, nos co-auteurs, ce qu’il en coûte de fouiller les poubelles au crochet, car s’il y a du délateur chez Céline, il y a assurément du flic chez ces deux-là qui, faute de pouvoir le pendre en réalité le pendent en effigie.

Cela étant, on ne niera pas que les co-auteurs de ce volumineux dossier à charge aient une grand érudition, qu’ils aient beaucoup lu, remué beaucoup de poussière, balayé large, traqué l’antisémite jusqu’au diable Vauvert, qu’ils soient descendus « travailler » en Torquemada Céline aux enfers, y débusquer même Aristide Bruant, le chansonnier populaire !

Répéter à longueur de lignes que Céline fut un délateur doublé d’un ladre et d’un pleutre, un plagiaire de culture superficielle pétri de vulgarité et de formules toutes faites, sans profondeur d’intelligence ni d’esprit, que de surcroît ce fut un monstre dépourvu de toute forme d’empathie, un suppos de Satan, c’est un point de vue que nous sommes quelques uns, tout de même, à ne pas partager.

Céline sans aucun doute connaissait sa « viande » pour ne pas se faire trop d’illusions sur celle des autres, et parce qu’il se méfiait de « l’homme » et de sa nature imprévisible (homo homini lupus), il en a voulu aux hommes en général. C’est par là qu’il gêne ses détracteurs en particulier qui tous, généralement, sont de grands humanistes nés à des encablures du rivage de la grève sur laquelle lui, il a vu le jour. Rappelons-nous :« C’est naître qu’il aurait pas fallu. », ceci explique peut-être que l’auteur des pamphlets ait cristallisé dans le « juif » tout ce qu’il sentait d’exécrable dans l’humain, en acte, et au fond de lui, en sommeil. Ce faisant, en réveillant ce vieux démon qui dort en chacun de nous, qui le premier a abattu la mâchoire d’âne sur la tête de l’autre, il a pris un risque énorme, celui de ne pas suffisamment le tenir en laisse, ce en quoi il a péché par défaut quand M. Taguieff et Mme Duraffour, s’érigeant en justiciers, pèchent à son endroit par excès et sans scrupules.

J’aurais assez bien vu, moi, en première page de leur réquisitoire la parole de Desnoyers : « Il est des morts qu’il faut qu’on tue. »

C’est gênant, des fois, les morts, surtout quand ils ont eu le talent qui les a fait passer à la postérité.

« …J’aime mieux raconter des histoires. J’en raconterai de telles qu’ils reviendront, exprès, pour me tuer, des quatre coins du monde. Alors ce sera fini et je serai bien content. » (Mort à Crédit)

 

 

25/12/2014

ET LA LUMIERE FUT

A l’heure où tout se confond dans un brouet méphitique, où l’inversion des valeurs est monnaie courante, où les yeux ne voient rien d’autre que ce qu’ils « regardent » avec convoitise, il n’est pire cécité que celle des derniers hommes. Je dis derniers, point tant pour présager de leur prochaine disparition que pour signifier leur refus de « voir » le monstre acéphale auquel il abandonnent leur liberté : la société festive et marchande qu’ils ont appelé de leurs vœux. Par là, ils peuvent en effet « disparaître ». Comme autant de pantins désarticulés, ils ont remis entre les mains des marionnettistes qui se disputent les tréteaux leurs cerveaux cambriolés. Ce sont les vrais « aveugles ».

Jacques LUSSEYRAN, lui, fut un vrai « voyant ». L’aurai-je su ? assurément pas s’il n’avait mis sur mon chemin, à la faveur d’une brocante de boulevard, l’ouvrage qu’il acheva en 1952 « ET LA LUMIERE FUT ». Publié par La Table Ronde en 1953, le livre, aujourd’hui quasi introuvable dans son édition d’origine a été réédité (éditions Le Félin, 2008, collection "Résistances") et je ne saurais trop conseiller de le lire.

J. LUSSEYRAN.jpg

 

Ce livre hors du commun, c'est l’autobiographie d’un homme d'exception, né le 19 septembre 1924, décédé le 27 juillet 1971 à la suite d’un accident de voiture, près d’Ancenis.

Dans son livre, il explique comment il a perdu la vue dans sa huitième année,  le 3 mai 1932, à la suite d’une chute dans sa salle de classe, bousculé par un camarade :

« Je tentai de me retenir pendant un éclair, je jouai la toupie et, trébuchant, vins me fracasser la tête contre l’angle aigu du bureau du maître. Le verre de droite fut enfoncé ; incassable, il ne se cassa pas ; les lunettes glissèrent et l’une des branches se ficha dans l’œil, fit levier, l’arracha. Je m’évanouis quelques secondes puis revins à moi tandis qu’on baignait mes yeux pleins de sang et me les bandait (…). Le lendemain matin, à huit heures, deux chirurgiens pratiquaient sur moi, au domicile même de mes parents, l’énucléation de l’œil droit. L’œil gauche dont la rétine, « par sympathie » à la suite du choc, s’était décollée, déchiquetée, dit-on même, l’œil gauche ne voyait déjà plus. 

J’étais atteint de cécité totale. J’avais été à deux pouces de la mort par méningite. J’étais aveugle : on me le dit aussitôt. Je fus à peine déçu. Je ne le crus pas vraiment.

Je ne le crois pas encore. On me dit que j’étais aveugle : je n’en fis pas l’expérience. J’étais aveugle pour les autres. Moi je l’ignorais, et je l’ai toujours ignoré, sinon par concession envers eux. »

A lire Jacques LUSSEYRAN et l’expérience qu’il fit de sa cécité, on reste confondu d’admiration devant la force de l’enfant, puis de l’homme qu’il fut… Pas de révolte, pas de plaintes, nul apitoiement sur soi-même mais l’acceptation totale d’un événement que seule, une âme d’airain pouvait être à même d’embrasser sans se rebeller. Cet homme remarquable nous fait le cadeau précieux et rare de ce qu’il a trouvé au-delà de la nuit sans qu’il soit question du sens rédempteur de la souffrance sur lequel il ne s’épanche pas. Centré sur sa nouvelle vision du monde, combien de fois ne trouve-t-on pas sous sa plume "je vois", "je voyais", "je vis"... Comme si, à l'évidence et depuis le drame, tout était devenu plus évident, plus lumineux.

Une volonté forte, l’assurance d’approcher l’ineffable, d’être en somme privilégié, en dépit des apparences, par le fait même du handicap, étrange paradoxe, ont fait de cet homme un phare qui éclaire notre nuit. Et quoi de mieux qu’un 25 décembre pour découvrir cet étrange « conte de Noël » et raviver cette lueur que nous connûmes un jour, qui s’est éteinte aux courants d’air de nos certitudes ?

 

« Le monde ne m’avait pas fui tout d’un coup. Je le tenais au contraire plus serré contre moi que jamais je n’avais su le faire. Mes yeux ne s’étaient pas fermés, ils s’étaient renversés. J’observais désormais le monde du dedans, plus amical et plus stable, sans ombre ni nuit, tout imbibé de lumière.

 

Tournesol.jpg

Quelques jours après mon accident, un matin de soleil, je fis ma première promenade. Mon père m’accompagna à travers le Champ-de-Mars. Je voulus encore regarder au-dehors, voir alentour : je ne vis plus rien. Je crus un instant le monde perdu. Je jetai mes yeux en avant comme des mains, dans le vide. Rien ne s’approchait plus, rien ne s’éloignait plus de moi. Les distances, exténuées, se chevauchaient ; elles ne jalonnaient plus l’espace de leurs petits rayons clignotants. Tout semblait épuisé, éteint et je fus pris de peur. Mais presque aussitôt, je fis une autre découverte. Cessant de mendier aux passants le soleil, je me retournai d’un coup et je le vis de nouveau : il éclatait là dans ma tête, dans ma poitrine, paisible, fidèle. Il avait gardé intacte sa flamme joyeuse ; montant de moi, sa chaleur venait battre contre mon front. Je le reconnus, soudain amusé : je le cherchais au-dehors quand il m’attendait chez moi.

Il était là. Mais il n’était pas seul. Les maisons et leurs petits personnages l’avaient suivi. Je vis aussi la tour Eiffel et ses pattes tendues du haut du ciel, l’eau de la Seine et ses traînées d’ombres brillantes, les petits ânes que j’aimais sous leurs housses, mes jouets, les boucles des filles, les chemins de mes souvenirs… Tout était là, venu je ne savais d’où. On ne m’avait rien dit de ce rendez-vous de l’univers chez moi : je tombai, ravi, au milieu d’une conversation surprenante. Je vis la bonté de Dieu et que jamais rien, sur son ordre, ne nous quitte.

Lumière.jpg

Rien n’avait disparu : je fus émerveillé. Tout était devenu seulement plus vague autour de moi, plus mobile, plus vaste. Les maisons, les autos, les pelouses ne montaient plus la garde avec leur décevante fixité et leur entêtement de mort. Les rues couraient, petites rivières clapotantes de bruits croisés, vers des plages de soleil ouvertes comme des lacs mouvants. Une voiture sifflait contre moi, insecte noir armé de sa cuirasse, puis scintillait dans l’ombre d’un écho fuyant, allait se fondre dans une tache de silence. L’ombre des sons bâtissait pour moi des cubes de feuillages, des flaques de terre blanche, jetait des bras aux angles des rues. Des figures jamais vues, aux formes bizarres, se postaient partout à l’improviste, me coupaient le chemin, m’accompagnaient un moment, se cachaient derrière de nouvelles venues, se distribuaient selon les lois d’une perspective issue du mariage des sons, des odeurs, des mouvements, des vibrations de la lumière. Les objets n’étaient plus pour moi immobiles, terminés. Ils n’en finissaient plus d’exister, de paraître et de disparaître, de se battre ou de se mêler, de s’échanger et de se plaire. Les objets n’en finissaient plus d’être vivants. Nul fouillis pourtant, nulle confusion et nulle tristesse ; mais une agilité soudain, une liberté et comme une enfance des choses. Ainsi s’annonçait mon nouvel univers, étrangement parent de l’univers des poètes, comme une danse aux gestes pleins de sens, aux figures improvisées sans fin et pourtant nécessaire.

Danse rythmée par mon sang et mes rêves, danse vivante ordonnée selon mes désirs… » (page 14)

 

« Au-dehors, c’était désormais le vide ; au-dedans, toute une forêt de lumière.

Je dus regarder longtemps avant de m’accoutumer à cette lumière sans ombre. Puis l’habitude me vint et, avec elle, des rencontres déconcertantes. Je ne savais pas encore (et ce fut une lente découverte jamais achevée) que notre vie intérieure est une « vie », notre monde intérieur un « monde » en effet. Je commençais une expérience que seuls peut-être les sages font — les sages et les poètes. Mais à moi, elle était imposée ; je m’y voyais jeté d’un seul coup, à huit ans, ébloui. Une chance m’était donnée que je n’ai plus cessé de bénir et, en même temps, une responsabilité, un devoir que mon existence entière ne suffira sans doute pas à remplir. Le monde extérieur existe ; le monde intérieur existe. » (Page 23)

 

Pyrénées.jpg

 

« Le soir, tous bruits éteints, tous soucis refermés, ajournés, j’essayais de lire en moi. Je pratiquais toujours mes exercices de mémoire et ceux, plus difficiles encore, d’attention. Je voulais avancer à l’intérieur de moi-même ; mais parfois j’étais déçu. (…)

L’idée me vint, un soir, de m’oublier. Je n’allais plus chercher en moi-même. Je fis un étrange mouvement de tous mes sens et surtout de mon attention : il fallait ne plus regarder. « Ce n’est pas moi qui compte ! Autour de moi, il y a tous les spectacles ! » Je ne vis rien, si l’on veut. Il se produisit un vide très court, très lumineux mais sans images, un bonheur absolument ouvert. Je ne vis rien, et je vis tout. Une paix que je n’avais jamais connue, jamais espérée même m’entoura. Je me couchai quelques instants plus tard : « Que vient-il de se passer ? » Et cette réponse, aussitôt : « Les mondes spirituels existent. L’invisible pourrait être vu. Ce que je vois chaque jour dans le monde n’est qu’une enveloppe morte, et comme un dépôt de poussière. Ce qui a un sens, c’est justement ce que je ne sais pas encore. (…) Je suis tout petit, mais pour cette seule raison que je ne sais m’occuper que de moi. Et cette phrase : « La mort est un commencement ! » (page 254)

 

Christ.jpg