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30/11/2020

NOUS Y SOMMES...

 

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Pour comprendre le communisme, ses outrages et sa capacité de nuisance, il faut avoir lu non seulement Soljénitsyne mais aussi la trilogie incontournable de Thierry Wolton, Sociologie du Communisme de Jules Monnerot, le gros ouvrage de Stéphane Courtois et co-auteurs (le Livre Noir du Communisme), et particulièrement le dernier paru, « l’Effroyable Vérité », synthèse due à la plume sans concessions du professeur Bruno Riondel.

Comparée à une machine, cette idéologie perverse, quant au résultat, vaut le concasseur, le broyeur, le marteau pilon ou le hachoir de charcutier. Ceux d’ailleurs qui en leur temps ont esquissé la figure du monstre, Céline (Mea Culpa), Béraud (Ce que j’ai vu à Moscou) ou Albert Londres dans ses reportages, ne s’y sont pas trompés ! A quoi on ajoutera tous les autres, et ils ne manquent pas, qui en ont dénoncé les crimes et l’hypocrisie institutionnalisée, de Kravtchenko à Zinoviev.

Et pourtant, pourtant, en dépit de toutes les preuves, passées et présentes qui chargent d’un poids himalayen le matérialisme athée, il se trouve encore des émules et des prosélytes de la machine à tuer les peuples. Comprenne qui pourra…

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Il faut lire l’ouvrage de Bruno RIONDEL pour deux raisons. La première pour comprendre le siècle ; la seconde, qui explique la première, pour voir comment communisme et capitalisme sauvage marchent main dans la main, qui ne sont en réalité qu’un même corps portant le double visage de Janus. De ce point de vue, la Chine en offre l’exemple parfait.

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Les caméras à reconnaissance faciale identifient chaque visage selon son modèle mathématique, qui compte près de 500 millions de chiffres. [CAPA production]

 

Voici un extrait de l’Effroyable réalité exposant assez bien comment fonctionne, à coups de gros argent, ce que la dissidence appelle à juste titre « le Système » qui nous conduit, si rien ne vient casser ses engrenages, au meilleur des mondes promis par Haldous Huxley :

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DU COMMUNISME AU MONDIALISME

 … Le mondialisme n’est finalement pas autre chose que la mise en place du communisme suivant d’autres voies plus subtiles que celles qui furent utilisées autrefois, en URSS et ailleurs, par les marxistes-léninistes. L’écrivain britannique H.G. Wells, penseur socialiste de premier plan et théoricien de l’Etat-monde qui proposait de réserver le droit de vote aux personnes très qualifiées, écrivait, en 1940, dans le Nouvel Ordre mondial, que « nous devons réaliser qu’une fédération politique sans une collectivisation économique concomitante est vouée à l’échec », c’est pourquoi, ajoutait l’écrivain,  « une révolution profonde, non seulement politique, mais aussi sociale, plus profonde encore que celle entreprise par les communiste en Russie » doit être désormais mise en œuvre au niveau planétaire. Ainsi, concluait-il, « la révolution cosmopolite pour un collectivisme mondial qui est la seule alternative au chaos et à la dégénérescence de l’humanité doit aller bien plus loin que la révolution russe ; elle se doit d’être plus minutieuse et mieux conçue, et son accomplissement requiert un objectif bien plus héroïque et inébranlable ». Tout était dit et tout se réalise sous nos yeux, de nos jours, suivant les objectifs définis autrefois dans les milieux mondialistes dont Wells était l’une des figures de proue. « Communisme » et « mondialisme » ne sont donc en fait que des concepts interchangeables pour désigner un unique projet collectiviste mondial qui est mis en œuvre, depuis plusieurs générations, par le biais d’une même méthode d’action matérialiste dialectique que l’ingénierie sociale, experte dans la création de fronts sociaux multiples, utilise magistralement dans le but de transformer révolutionnairement le monde.

Dire cela ne doit pas être interprété comme étant l’expression d’une perception complotiste de l’histoire faite de théories dont le simplisme le dispute au ridicule, à l’instar de ces thèses conspirationnistes selon lesquelles le monde serait contrôlé par des sociétés secrètes d’ « Illuminati » ou par des « Reptiliens » venus de lointaines galaxies (1). Le professeur qui écrit ces lignes connaît trop bien ce type de fadaises auxquelles certains de ses élèves naïfs adhèrent sans recul et qui doivent être vigoureusement dénoncées, mais il sait aussi que celles-ci sont parfois instrumentalisées pour délégitimer d’authentiques questions politiques qu’il n’est pas politiquement correct d’évoquer et brouiller ainsi le sain discernement populaire (2). C’est ainsi que les très sérieuses problématiques portant sur la politique d’emprise croissante d’une oligarchie mondialiste exerce toujours plus sur les peuples, par le biais des réseaux financiers, des médias, des associations et des think tanks divers et nombreux qu’elle contrôle et utilise pour servir sa quête avide de pouvoir, sont trop souvent délégitimées par des accusations imméritées de « conspirationnisme ». Pourtant, il n’y a là ni complot, ni conspiration, mais tout simplement la réalité pérenne d’une stratégie de mainmise économique et politique qu’une classe financière triomphante, désormais affairée à construire la nouvelle superstructure culturelle collective qui assurera sa domination durable et la préservation de ses intérêts propres, met patiemment en œuvre contre les souverainetés populaires et au mépris du fait démocratique qui leur est consbstanciel.

L’étude des liens étranges que cette puissante oligarchie financière entretenait, dès le début du XXe siècle, avec les réseaux communistes s’avère fondamentale pour comprendre la genèse d’un mondialisme contemporain fondamentalement révolutionnaire qui, aujourd’hui encore, inscrit son action subversive dans le prolongement des stratégies de déstabilisation mise en œuvre, au cours du siècle passé, par les révolutions pseudo-prolétariennes qui ont alors ensanglanté une partie de l’humanité. La question du financement de la révolution bolchevique par les milieux financiers qui ont ainsi curieusement permis à celle-ci de réussir et de survivre constitue l’un des nombreux angles morts d’une recherche historique universitaire contemporaine embourbée dans les sentiers battus que le conformisme idéologique de nature systémique qui la contrôle lui impose de suivre. En effet, dès 1917, la révolution russe fut financièrement aidée par des milieux économiques anglo-saxons qui, en échange de leur soutien, reçurent, de la part des dirigeants bolcheviques, des licences d’exploitation nombreuses pour valoriser le potentiel minier et industriel du nouvel Etat socialiste, à l’instar de la richissime famille Harriman à qui fut concédé un monopole sur le manganèse extrait des mines sibériennes dans lesquelles mouraient à la tâche les esclaves du goulag, tandis que, de leur côté, les Rockefeller signaient un contrat exclusif pour l’exploitation des gisements de pétrole du Caucase.

Dès avant le coup d’Etat d’octobre 1917, les plus hauts dirigeants de la banque germano-américaine Kuhn, Loeb & Co semblent avoir joué un rôle majeur pour permettre la réussite de celui-ci, Max Warburg ayant investi deux millions de roubles dans une maison d’édition créée par les bolcheviques pour diffuser leur propagande, tandis que Jacob Schiff, rapportait le New York Journal American, « passe pour avoir donné 20 000 000 de dollars à la révolution bolchevique », un investissement qui se révéla particulièrement juteux pour le banquier américain car, plus tard, les chefs communistes « ont déposé plus de 600 000 000 de roubles chez Kuhn and Loeb, la banque de Schiff (3) ».

_________________________

 

(1)Selon d’autres affirmations fantaisistes, l’homme n’aurait jamais marché sur la Lune et la Terre serait plate.

(2)En ingénierie sociale, ce type de méthode visant à créer chez les personnes des biais cognitifs (déviations de la pensée logique par rapport à la réalité) par diffusion, dans le réel, de discours faussés est appelée « infiltration cognitive ». Le discours absurde ainsi crée sert à discréditer, par amalgames, les analyses sérieuses qui, de leur côté, remettent en cause la validité de certains conditionnements politiques et médiatiques subis par les masses. Le terme de « complotisme » fut d’ailleurs créé dans les années 1960 par la CIA, dans le but de ridiculiser les révélations gênantes faites sur l’  « Etat profond » américain dont les réalités inconnues du grand public commençaient à filtrer.

(3)New York Journal American, 3 février 1949. Dans un article publié par le Figaro, le 20 février 1932, François Coty, industriel et homme politique, écrivait qu’avant octobre 1917, « les subsides accordés aux nihilistes, par Jacob Schiff, n’étaient en aucun cas des actes de générosité isolés. Une véritable organisation terroriste russe avait ainsi été constituée aux Etats-Unis, à ses frais, et était chargée d’assassiner (en Russie) les ministres, les gouverneurs, les chefs de la police, etc. »

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Cet extrait du texte (pages 719 à 724) est tiré des « Problématiques » de la quatrième partie de l’ouvrage du professeur RIONDEL: "L'Effroyable Vérité", éditions l'Artilleur, 2020. 

Les crimes et atrocités décrits au travers des 500 premières pages, composent un musée international des horreurs qui pourrait être ubuesque s’il n’était, hélas bien réel. Tous les « grands démocrates » que furent Lénine, Trotsky, Staline, Mao, Pol-Pot et autres conducators, comptant la vie pour rien ont rivalisé en performances. Ces tyrans firent dans le colossal et ils y réussirent sommes toutes assez bien, à hauteur au bas mot de soixante cinq millions de victimes qui ne sont pas un détail de l’Histoire !

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Où allons-nous, si nous n’y sommes déjà ?

La manipulation des foules par les « maîtres du monde » atteignant des hauteurs dépassant celles exposées dans l’essai de Tchakhotine, ne laisse guère de place, via la télévision, Internet, et quasiment tous les médias à la réaction contre le Système. Réaction étouffée dans l’œuf avant même d’avoir vu le jour.

Pour ne prendre exemple que de la seule France, aucun recours, rien ne se lève à l’horizon sinon la parodie de l’opposition contrôlée. Le Malin bat les cartes au nez du badaud, et le badaud, hypnotisé, gobe le bonneteau.

 

En octobre 1917, les bolcheviks, prenant le pouvoir, ont saisi Petrograd, l’ont comme pendue à un crochet et l’ont écorchée de sa civilisation… relatait Albert Londres dans « La Russie des Soviets » (A. Londres Câbles & Reportages, éditions Arléa, 2007)

Eh bien aujourd’hui, en 2020, tout laisse présager que c'est par la tyrannie sanitaire internationale au pouvoir, qui déroule un tapis rouge au totalitarisme mondial, que les peuples écorchés vont perdre leurs civilisations. La tyrannie sanitaire est une lèpre, c’est la Mérule qui ronge le bois de la vie, nous y sommes… Nous en relèverons-nous ?

 

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« … J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres

Le bois retentissant sur le pavé des cours.

…/…

J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;

L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd. »

(Charles Baudelaire, Chant d’automne)

04/09/2010

LOIN DES FORÊTS ROUGES

 

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Ah ! il faut lire Claude DUNETON… et le relire ! Ses « Forêts rouges » nous enseignent, et comment, sur ce que fut l’URSS héritée du Petit Père des peuples ! Ce paradis auquel crurent tant et tant de « camarades » aujourd’hui sous les terreaux !

Déjà, Céline en 36 nous avait prévenu, qui ne mâchait pas ses mots dans « Mea-Culpa », retour direct d’URSS :

« Ce qui séduit dans le Communisme, l’immense avantage à vrai dire, c’est qu’il va nous démasquer l’Homme, enfin ! Le débarrasser des « excuses ». Voici des siècles qu’il nous berne, lui, ses instincts, ses souffrances, ses mirifiques intentions… Qu’il nous rend rêveur à plaisir… Impossible de savoir, ce cave, à quel point il peut nous mentir !... » et plus loin :

« Le Communisme matérialiste, c’est la Matière avant tout et quand il s’agit de matière c’est jamais le meilleur qui triomphe, c’est toujours le plus cynique, le plus rusé, le plus brutal. Regardez donc dans cette U.R.S.S. comme le pèze s’est vite requinqué ! Comme l’argent a retrouvé tout de suite sa tyrannie ! et au cube encore ! ».

Et du pognon, il y en avait en URSS  comme ailleurs, mais réservé aux nantis, aux zélés serviteurs  du  système !  Popu,  c’est la  trique qu’il avait droit lui,  juste la trique,   qui en vertu du vieil adage, veut qu’en  poignant vilain il vous oindra.  Ça, les apparatchiks, ils l’avaient excellemment pigé.  Et Céline aussi :

« Là-bas, l’Homme se tape du concombre. Il est battu sur toute la ligne, il regarde passer « Commissaire » dans sa Packard pas très neuve… Il travaille comme au régiment, un régiment pour la vie… La rue même faut pas qu’il abuse ! On connaît ça, ses petites manières ! Comment qu’on le vide à la crosse !... »

 

 

Et Henri Béraud, qu’écrivait-il donc, dix ans avant Mea-Culpa, en 25, dans « Ce que j’ai vu à Moscou, l’un de ses grands reportages ?

 

« Hommes et femmes vont, viennent, se dépassent, s’entre-croisent sans parler et sans rire. Le rire est mort à Moscou, et le silence est roi ; le bitume du trottoir entend tout ce qui ne doit pas être entendu. » C’est ainsi, quand Big Brother,veille... 

Et voici plus loin, pour éclairer si possible le prolétaire gaulois, de quoi lui donner à réfléchir :

«  Comment on vit à Moscou ? Vous voulez le savoir ? Eh bien voici :

-       Assez bien lorsqu’on a beaucoup d’argent ; fort mal lorsqu’on en a peu ; et, lorsqu’on n’en a point, on crève. Tous les vieux sont crevés, et tous les « bourjouis »  crèveront, car on leur refuse et le droit de travailler et la permission de quitter la Russie…

La Russie n’a donc pas réalisé la révolution sociale ? Il y aurait, à vous en croire, des camarades riches et des camarades pauvres ? Que racontent donc nos communistes ?...

Un séjour de quelques  semaines au pays soviétique montre clair comme le jour que tous les « petits bourgeois » ne sont pas en France ; de même que l’Etat populaire, la Chanaan ouvrière dont on fait admirer le mirage aux travailleurs de Puteaux ou de Saint-Denis, n’est plus, en réalité, qu’un régime capitaliste, fondé comme les autres sur l’inégalité parmi les hommes, sur la résignation des faibles, l’appui des forts et la complaisance des pouvoirs. Voilà la vérité. »

Pour terminer cet édifiant reportage, il rapporte cette histoire qui en dit long :

« A Kiew, M. Trotsky prononçait un discours. On donna ensuite la parole aux contradicteurs. Chose surprenante, il s’en trouva un, un seul, un ouvrier nommé Efimoff.

Ce travailleur parut à la tribune, une canne à la main :

-       Camarades, dit-il, vous voyez cette canne. Elle va raconter l’histoire de la Révolution russe. Avant la Révolution, le pays était gouverné par les aristocrates que vous représente la poignée de cette canne. Le fer que voici, c’étaient les forçats. Le milieu, c’était les ouvriers et les paysans.

Il se tut, retourna la canne :

-       La Révolution est faite, camarades. Les aristos sont en bas, les forçats sont en haut – et vous n’avez pas changé de place.

L’ouvrier Efimoff, de Kiew, fut passé par les armes dans la semaine qui suivit… »

 

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Claude Duneton, lui, dans « Loin des forêts rouges », part sur les traces de « Falconnet le sculpteur et sa belle-fille Marianne Collot l’étonnant prodige… »(1). C’est à la faveur de ce voyage qu’il nous fait découvrir Saint-Pétersbourg :

« L’été 1991, il faut dire, à Saint-Pétersbourg, le Léningrad à peine débaptisé, on se trouvait rudement dans la mélasse. Des mendiants partout revenus, comme rejaillis des temps anciens, des vieux branlants, affamés ; dans la débâcle ambiante, ils tâchaient de vendre une babiole dans la rue, pour quelques roubles, à faire pitié… ».

Tamara, à laquelle il loue quelques mètres carrés « Trois pièces et une cuisine : un luxe énorme ! », lui raconte sa jeunesse. Des années à relever les matelas contre les murs pour les rabattre, sitôt la nuit venue, au milieu de l’unique pièce traversée à tous moments par les voisins qui eux, vivaient aussi nombreux, derrière la cloison, dans le prolongement… A cinq là-dedans, c’est long, vivre ! les sacrifices quotidiens, l’intimité, la misère. Elle lui dit, sans s’apitoyer sur elle-même, les illusions qu’elle a perdues, Tamara…

Le petit Duneton, dans sa jeunesse, à l’orée des forêts du Limousin, n’est-ce pas, c’est autre chose qui l’angoissait, la peur de ne pas faire d’études, de s’étioler dans l’anonymat qui tout avale, de ne rien pouvoir saisir du vaste monde au-delà de l’horizon borné de son enclos :

« Quand j’avais treize ans j’ai pleuré, un soir, à la nuit tombante. J’ai pleuré à chaudes larmes parce que ma vie se cassait la gueule, déjà. Je venais soudain de voir mon existence entière devant moi… C’était le printemps et j’étais en train de donner à manger aux lapins, dehors, dans leur parc. J’ai compris, en une sorte d’éclair de lucidité, que je ne ferais aucune étude, donc que l’avenir était râpé pour moi. »

Alors le communisme, au fin fond de la Corrèze, qu’est-ce qu’on en attendait ?

« On attendait que ça vienne chez nous. « Un jour tu verras !... » On y mettait même de l’impatience.

Mon père s’en gobergeait d’avance des temps radieux du communisme accompli. Il disait que l’humanité ferait des choses surprenantes un jour, avec le triomphe de la classe ouvrière, comme en Russie.

… Ce sera Cocagne, tu verras !... Comme en Russie ! »

Combien de naïfs idéalistes se sont-ils faits piéger par cette illusion ?

Les vrais salauds, eux, qui avaient tout compris pendant ce temps, donnaient le change en approvisionnant leur compte en banque. Ce Maurice Thorez, par exemple, qui la portait haute et fièrement sa tête de tribun, dans les meetings, comme nombre de ses prosélytes, n’était, à y regarder de près qu’un bateleur de foire, et l’auteur ne lui trouve pas d’excuses :

« Thorez était une ordure, à y regarder en face. Si l’on appelle ordure un type qui ment effrontément, qui est prêt à faire assassiner ses frères à la ronde s’il le faut pour asseoir son pouvoir à lui, ses avantages, ses privilèges – qui bâtit son empire, qu’il appelle  « la bonne cause », sur la ruse, les faux semblants. Un type qui savait parfaitement que Staline était un tueur un point c’est marre, et qui profitait à fond du secret, qui avait vécu en prince, choyé comme un prince, en villégiature au bord de la Caspienne, je ne sais plus, dans un château avec sa famille, pendant toute l’Occupation en France, peinard lui, pas privé de caviar, ne pensant qu’à organiser sa rentrée d’acteur, repassant son rôle de sauveur, de fils du peuple intègre. »

Alors, le communisme, vu sous cet angle, forcément, on en revient…

Quand on le peut, parce que là-bas, au temps du Petit Père des peuples, on n'en revenait pas, on en crevait ! de faim, d’épuisement ou de déportation. Compter les morts -et l’auteur ne s’y risque pas- relèverait des travaux d’Hercule ! Certains cependant s’y sont attelés, qui en sont restés à des approximations… Il est vrai qu’à ces hauteurs, on n'en est pas à un mort près ! L’énorme contribution, notons le au passage, revenant aux Koulaks. C’est qu’il avait la technique pour s’en débarrasser sans frais, Joseph, des Koulaks ! rien qu’en leur serrant la ceinture et en les poussant à coups de pompes, vivantes charognes affamées, sur les chemins de l’immense plaine réquisitionnée capital d'état !

L’année 1933 particulièrement, fut tout ce qu'il y a de plus terrible, et Claudine Bascoulergues, qui l’a étudiée de près, citée par Claude Duneton, rapporte des cas de cannibalisme. D’ailleurs si on en veut la preuve et savoir à quoi s’en tenir, il suffit d’ouvrir l’ouvrage de Martin Monestier (Cannibales) pour voir des photos du temps des grandes famines montrant des paysans russes vendant des morceaux de leurs proches sur des étals…

Voilà où peuvent conduire les utopies, et quand la nature s’en mêle, histoire de donner un petit coup de pouce, ça tourne très vite Apocalypse. Les illusions des systèmes à tuer les peuples sont ainsi faites qu’au prétexte de vouloir changer l’homme -qui à y regarder de près, dès qu’il se sent un peu plus fortiche que le voisin, restera jamais qu’une carne- ne font qu’exacerber ses pulsions les plus destructrices. Dans sa grande majorité et sans faire dans le détail « L’homme, il est humain à peu près autant que la poule vole… », dixit Céline. L’auteur des Forêts rouges, célinien distingué, ne dit rien d’autre :

« Voilà la source de l’illusion- et la faiblesse du marxisme-, croire que l’homme » s’améliorait » au rythme de la bicyclette et du moteur à explosion. » Son grand père l’avait compris, homme de bon sens, pour lequel on lui sent une tendresse particulière.

On ne quittera pas ce récit lucide et salutaire, sans dire la beauté du style de l’auteur, son classicisme et sa concision. On n’oubliera pas des phrases comme celle ci :

« Les certitudes à l’eau, toutes les croyances à la dérive, au fil de la Neva qui coulait en grande majesté, large, vaste comme un bras de mer là-haut, devant l’Amirauté. Six ou sept fois la Seine à son plus beau… Quelque chose d’irréel descendait du ciel blanc dans cette fin du mois de juin, la saison des nuits claires. Ça ajoutait de la mollesse à tout, une absence de rythme, une longue résignation générale sans vrais matins et pas du tout de soirs. », qui renvoie à celle-là :

« Ce qui me touche dans ces Grands Nords, partout où baigne la Baltique, c’est qu’il règne cette magie du soleil filtrant, toujours, qui m’aspire, cette lumière suave qui sert de patience - une lumière d’euthanasie qui noie l’envie en attendant la mort. »

Et la dernière enfin, qui ferme l’ouvrage, en hommage à Céline :

« Le voyageur français autrefois disait : « Il n’échappe rien au temps… que quelques petits échos… de plus en plus sourds… de plus en plus rares… Quelle importance ? »

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En refermant ce livre, je n'ai pu m'empêcher de penser à Jasna, amie serbe, autre Tamara, autre Macha... Elle aussi s'en est allée, de désillusions en désillusions, dans son pays meurtri, démembré, vendu aux quatre vents maudit des narco-trafficants, de la finance internationale, des politiciens pourris et des agioteurs...

On descendait kneza Mihaila en direction de Kalemegdan... C'était en 2006, dans l'arrière saison. Nous venions de déjeuner d'un poisson de la Sava dans un bon restaurant; en marchant, je commentais à mon amie les façades art-déco et celles, plus austères, des années trente heureusement épargnées par les bombardements... Et puis, nous regardions les gens, pas vraiment tristes, ni vraiment gais non plus. Les vieux particulièrement ou ceux paraissant tels, me rappelaient ces descriptions que j'avais lues des pays de l'Est sous la botte; et sans doute parce qu'ils rasaient les murs plutôt que de tenir le milieu de la rue.

Elle m'enseigna, Jasna, sur le comportement de certains, qu'elle connaissait de réputation. Des gens mis décemment: pardessus élimé sans doute, mais propre; serviette en cuir ou sac en toile à la main. Celui-là, fouillant dans des poubelles ? Un ancien professeur... Cet autre, récupérant des légumes et des fruits avariés ? Un médecin à la retraite...

La retraite ? Quelle retraite ? Celle qu'on tire du peu qui vous reste et dont, au demeurant personne ne veut. Ces "vieux" sont les mêmes que ceux qu'évoquent Claude Duneton dans son livre:

"Certains tenaient contre eux dans leurs bras des ustensiles étranges -un outil de cuisine, un vieux jouet d'enfant, une couverture colorée, n'importe quoi -un morceau de rideau arraché quelque part, dans une intimité qui avait pu être douce. Plus un kopeck depuis des jours et des semaines, depuis qu'on ne leur versait plus leur pension. L'état banqueroute... Ça pourrait arriver n'importe où, attention ! Ça peut vous pendre au cul dans n'importe quel Eden de la planète, étranges hominiens gavés de confiance et d'Etats nounous..."

Et Jasna, elle, pendant ce temps, elle ronge son frein à Novi Beograd, comme tant d'autres, dans les collectifs bétonnés du communisme "à la Tito". Elle a fait des études Jasna, et même poussées, qui l'ont conduites à la direction d'un service à l'hôpital; elle touche pas le tiers d'un smicard de chez nous ou à peine ! c'est dire ! Ça ramène évidemment à des interrogations très terre à terre devant l'assiette ou la penderie. Ça pourrait donner des envies de meurtre, on comprendrait, et surtout, quand les arrogants mafieux juste sevrés, venus d'Albanie ou du Kosovo, vous toisent derrière leurs lunettes fumées, le coude sur la portière, aux volants de 4x4 Mercedes ou Porsche tout ce qu'il y a de plus luxueux...

On a les mêmes chez nous, d'accord; ça reste un mauvais décor tant qu'on n'en est pas tout à fait rendu, encore, à faire les poubelles. Ça pourrait venir et plus tôt qu'on croit ! Y a des signes qui trompent pas ! Il le sait bien l'auteur des Forêts rouges, et je crains fort, sur ce chapitre, qu'il ne soit prophète !...

 

 

(1) En 1766, sur la recommandation de Melchior Grimm et de Diderot, il est appelé à Saint-Pétersbourg par Catherine II de Russie pour travailler à la Statue équestre de Pierre le Grand de Russie, ouvrage gigantesque qui coûta 12 années de travail. (Wikipédia) 

 

 

01/01/2010

JOUR DE L'AN

 

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En souvenir d'Aristide BRUANT, le « Chansonnier populaire » natif de Courtenay, saluons le jour de l'an à sa manière, elle vaut bien tout ce que cachent d'hypocrisie les formules consacrées qu'on débite à l'occasion.

Moi, ça m'emmerde l'jour de l'an :

C'est des giri's, c'est des magnières,

On dirait qu'on est des rosières

Qui va embrasser sa maman.

 

C'en est des fricassées d'museau :

Du p'tit môme à la trisaïeule,

Les gén'rations s'lichent la gueule ...

En d'dans ça s'dit : Crève donc Chameau !

 

Su' l'boulevard on n'est pas chez soi :

Y a' cor' pus d'monde que les dimanches,

Autour d'un tas d' baraques en planches,

Des magnières de niche oùsqu'on voit :

 

Des poupées, des singes, des marrons

Glacés, des questions nouvelles,

Des dragées, des porichinelles,

J'te vas en fout', moi, des bonbons !

 

Tas d'prop' à rien, tas d'saligauds,

Avec vos mômes, avec vos grues,

Vous m'barrez l'trottoir et les rues,

J'peux pas ramasser mes mégots !

 

C'est qu'il a du mal, el' trottoir,

Pour caler les jou' à son monde :

J'peux pus compter su' ma gironde,

On me l'a ramassée l'aut'soir.

 

Et faudrait qu' j'ay' el' cœur content ?

Ah ! Nom de Dieu ! C'est rien de l'dire :

J'étais ben pus chouette sous l'empire...

Ca m'emmerdait pas l'jour de l'an !

 

A la comparer à celle du Président de la République, je me dis que la « manière » Bruant a le mérite, elle, de ne rien promettre, de ne rien enrober, de ne rien dissimuler ; de dire tout de go et bien haut ce qu'elle pense sans fioritures ni paillettes, noblesse oblige... Ah ! quelque chose est pourri au royaume de France et tous les vœux du monde, je le crains bien, n'y pourront rien changer... Consolons nous donc, en attendant, en écoutant Bruant l'aristocrate de la chanson des rues, et à défaut de son « Jour de l'An », savourons cette voix qui vient de loin nous interpréter « Nini Peau d'Chien »..



Tu nous manques, Aristide ; comme Béraud, tu avais la langue « bien pendue » et tu portais le verbe haut ; tu ne coupais pas les cheveux en quatre et n'y allais pas par quatre chemins lorsqu'il s'agissait de combattre les corruptions et les iniquités. Quand la mort t'emporta, le 12 février 1924, les « gueux », perdirent avec toi leur chantre et leur ambassadeur ; saluons avec Jeanne Landre, ta biographe, celui qui, sans « avoir fait dans l'Histoire figure de redresseur de torts... aura déchiré le voile qui nous isolait des maudits, et il est bien qu'un poète ait eu ce courage. »

Orientation de lectures :

Aristide BRUANT : Dans la Rue

Jeanne LANDRE : Aristide Bruant

 

 

 

 

13:24 Publié dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bruant, landre, béraud