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18/05/2011

18 MAI 1887

 

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Anniversaire  de la naissance de l’écrivain allemand Ernst WIECHERT, qui vit le jour Le 18 mai 1887 en Prusse orientale dans la région de Sensburg. Ce fils de forestiers élevé au milieu des bois et des marais dans le respect de la religion de ses pères, a puisé la matière de son œuvre au contact des humbles et de la nature qu’il a observé dans le recueillement et la méditation où le portait son tempérament. Ses interrogations sur la vie et sur la mort, sur la force du destin, sur le mal et la rédemption, et la façon dont ils les arrange, font de son œuvre une matière de vitrail où les thèmes sont répétés sans jamais lasser le lecteur. On s’y attarde volontiers, parce qu’on y trouve le calme et la paix semblables à ceux qui vous accueillent quand on pousse la porte d’un sanctuaire ou d’une cathédrale.

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Lire Wiechert –dont les ouvrages malheureusement ne sont plus édités- c’est un peu comme « entrer » dans l’œuvre de Schubert ; on n’est plus tout à fait le même quand on en sort. Voici quelques extraits tirés successivement de la SERVANTE du PASSEUR (1932), des ENFANTS JEROMINE (1945), de LA VIE SIMPLE (1939) et de MISSA SINE NOMINE (1950)…

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« Là, ses pensées furent coupées net. Dans l’entrebâillement de la porte branlante, se tenait la chose grise, impalpable, la chose sans visage, qui n’était qu’une forme fumeuse. Un corps aux épaules d’ombre penché sur l’eau et qui tâtonnait, ramant contre le flot avec des bras invisibles. Une fois sur le seuil, l’un des bras s’éleva et fit un geste vague, mais qui, de quelque manière, demandait – un semblant de signe, mais qui lentement et comme dissous, oublié, se perdit. Un glaçon pénétra par la porte, guère plus large que la main, heurta l’échelle, tourna sur lui-même et glissa dans la chambre. Il glissa au travers de la chose grise, la coupa en deux, juste au-dessus des épaules et l’emporta, de sorte qu’on ne vit plus que l’eau où nageaient de petites bulles blanches.

Jürgen ramena son bras. Il pensait avoir compris que l’ombre réclamait quelque chose, mais Jürgen ne voulait pas. Il ne voulait pas acheter son repos en donnant ce que Martha avait porté dans son sein. Il resta encore un instant assis sur l’échelle. Comme toujours après ces apparitions, il avait les genoux brisés et une main glacée lui pesait sur le cœur. Toutes ses pensées sombrèrent. Un froid humide le transperça jusqu’aux moelles, comme le brouillard d’automne sur le fleuve, la nuit. Un enfant l’aurait poussé à bas de son siège, qu’il ne se serait pas défendu. Seul le glaçon nageait toujours devant ses yeux, et sa tranche bleuâtre qui avait coupé l’Ombre ».

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« Il prit doucement dans sa main le sein de la jeune fille et se pencha encore une fois sur elle. “ La mort n’existe pas, Marguerite ; tu m’entends ? La mort n’existe pas. “

Elle le regarda incertaine, puis elle sourit avec un mélange d’humilité et de sagesse. “ Tu penses donc toujours, Jons ?“ demanda-t-elle. “Il ne faut pas penser quand tu es dans mes bras.“

Quel été ce fut, et comment était-il possible qu’il tuât des milliers et des milliers d’hommes tandis qu’ici les nuages blancs passaient sur le fleuve et que la nuit les orages lointains projetaient leur lumière bleue sur le visage de la jeune fille ? Que les hommes fussent tués parce que quelques-uns d’entre eux le voulaient, ce n’était pas le sens de la vie. Et ce n’était pas non plus le sens de la mort. Son sens était qu’elle apparût quand l’astre était au zénith, et que le mince croissant sombre entamait doucement sa lumière. Elle venait pour accomplir et non pour détruire. Elle n’était qu’un simple moissonneur, avec une simple faucille, et seuls les hommes l’avaient multipliée par dix, par mille. Elle était devenue un valet, et comme tous les valets elle ne connaissait pas de mesure. Ils l’avaient dépouillée de son caractère sacré et il était vain de la louer maintenant et de lui tresser des couronnes. Son pas était devenu aussi familier que celui du facteur dans la rue, et ils plaisantaient à son propos, comme si elle avait été l’un des leurs ».

 

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« Il est des années dont on ne saurait rien mentionner, rien relever. Elles sont comme les barreaux d’une palissade et il faut attendre de nouveau un moment jusqu’à ce que revienne un des piquets de chêne qui tient l’ensemble et lui donne de l’allure. Mais nous ne connaissons pas de palissade qui ne soit constituée que de piquets, pas de vie, dont chaque jour vaille d’être mentionné ou relevé. Ce seraient alors une puissante palissade et une puissante vie.

Le destin est chiche de grandes années. Un gamin tenant une baguette à la main court le long d’une palissade. La baguette passe sur les barreaux et cliquette d’un son monotone jusqu’à ce qu’arrive un des piquets. Alors cela rend un son distinct, sourd. Ainsi en va-t-il de nos années, le long desquelles court le destin. Elles cliquettent un peu jusqu’à ce que revienne une année cruciale. Il ne faut pas les dédaigner, la vie sait bien pourquoi elles sont là ; mais il ne faut pas en parler. Les vies silencieuses sont comme des pierres. Elles croissent dans les profondeurs et personne ne sait rien d’elles. Mais un jour c’est d’elles que sont construites les grandes cathédrales ».

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« Je m’imagine toujours qu’il viendra un moment, où les hommes découvriront tout d’un coup qu’il leur manque quelque chose et que cela se trouve derrière eux et non point en avant. Qu’il pourrait venir un moment, dans leur vie, où ils délaisseraient les short stories ou les bestsellers, pour chercher à se rappeler la strophe d’un cantique appris dans leur enfance. Qu’ils arrêteront un jour leur appareil de T.S.F. et que, dans l’inquiétant silence qui surviendra alors, ils resteront médusés sur leurs sièges, fantômes délaissés, et quand ils promèneront leurs regards autour d’eux ils ne découvriront que des fantômes comme eux, assis, eux aussi, devant leurs machines à bruit silencieuses. Un réfrigérateur ne vaut pas la jupe de soie noire de leur grand-mère, où tout petits ils allaient blottir leur visage, quand ils avaient peur.

“Or, la peur viendra, frère, elle est déjà là, on sent son souffle froid. Une immense peur de la terrible solitude réservée à l’espèce humaine, qui a détrôné la grand-mère et le bon Dieu, pour démolir les atomes et faire partir des fusées dans la lune.

“ Et quand cela se produira, frère, ils regarderont autour d’eux, égarés comme des fantômes, et peut-être iront-ils trouver ceux qui ont ramassé les vieilleries dans la poussière du chemin et les ont conservées “.

(…)  Car il n’y avait plus de vieille femme, assise à la tombée de la nuit au coin du feu, le fil de son rouet entre les doigts, pour leur conter les contes du temps jadis, dans lesquels la bonté et la vaillance étaient récompensées… (…) Car même pour les enfants, “Il était une fois…“ avait pris un autre sens. Il évoquait en somme la perte d’un bien et non celle d’un charme. Et il fallait longtemps pour faire renaître lentement et prudemment ce charme, devant leurs yeux clairs et critiques.

Et le baron estimait qu’il fallait s’y mettre de tout son cœur, pour que la lueur du trésor ne s’abîmât pas définitivement dans les profondeurs, si loin que ni l’œil ni l’oreille ne la reconnaîtraient plus, quand retentirait l’ “appel du temps“. Avec la lueur de ce trésor s’engloutirait aussi la dernière lueur d’un peuple. Le jour viendrait où artistes et enfants parleraient la même langue, cet effroyable langage des scaphandriers, qui ne touchaient plus les trésors engloutis que du bout du pied. Un langage sans vertu magique et sans mystère, la langue des hauts-parleurs et des fusées interplanétaires ».

 

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08/05/2011

AU TAUREAU DANS L'ARENE

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 Photographie Lucien Clergue

 

« A l’âge de huit ans, j’ai vu un type taquiner un tigre avec une barre de fer ; le tigre râlait terriblement. En m’éloignant, étourdi d’impuissance et fou de rage, j’ai murmuré : “ attends seulement, mon petit ange, tu verras, le jour viendra où je te jetterai ce salaud en pâture !“ Et je n’ai jamais douté que ce jour ne doive effectivement arriver – et je n’en doute point.» (Ladislav Klima : Ma confession philosophique.)

« La vraie compassion pour les animaux se reconnaît au fait qu’elle passe aux yeux de l’humanité en totalité pour le comble de l’exagération, du ridicule, de la folie, de la perversité (…) L’amour pour les animaux est chose bien plus tardive, plus subtile, plus sublime que celui que l’on voue aux humains ; celui-ci tire son origine du minable sentiment égoïste de solidarité ; celui-là est objectif, supra-égoïste, purement « éthique ». Evidemment, rien ne l’empêche de s’apparenter à un amour semblablement supra-égoïste et purement éthique pour les humains. Mais les deux ne pourraient se présenter simultanément et dans toute leur plénitude que dans l’âme d’êtres supra-animaux ; cette symbiose n’a été que partiellement réalisée par les héros de l’amour – Bouddha, Franciscus Seraphicus, Brezina… » (Ladislav Klima : Traités et Diktats.)

Il  me faut à présent parler des taureaux.

Pourquoi ? Parce qu’à l’heure où un président aficionado et son ministre de la culture s’arrogent le droit de classer « patrimoine culturel immatériel  national » la tauromachie, il me vient aux naseaux du taureau astral que je suis des envies de bouter dans l’arène ces tristes sires, à grands coups de cornes dans le train, histoire de leur faire goûter aux supplices raffinés infligés au roi des prairies. Parce qu’il faut le dire et le répéter, la tauromachie est odieuse tout autant que le sont les abattoirs. Elle l’est même davantage, puisqu’elle se réclame d’une « tradition culturelle » et d’un « art » qui, à le regarder de près, s’apparente assez bien à celui qu’un charcutier hystérique se prenant pour un maître de ballets déploierait à seule fin d’arranger ses viandes. Je crois, il me semble, que c’est à Giscard –grand carnassier devant l’Eternel- qu’on doit l’introduction des corridas avec mise à mort en France. La corrida n’a rien de national (du moins pas celle-là ! la pagaille politique oui !) ; la classer comme telle n’a par conséquent aucun sens. Le spectacle qu’elle offre est d’autant plus affligeant et révoltant, qu’elle accommode cette boucherie à la sauce festive.

Sous les flons-flons, au son des trompettes et des cris déchaînés d’une foule hystérique, torse bombé constellé de passementeries, et cul serré dans le satin, le bourreau, fier comme Artaban, entre en scène « en su traje de luz »…

Qu’on imagine deux secondes cet orgueilleux pantin dans un monde inversé où le taureau tiendrait le rôle du matador, comment qu’ il se mettrait à genoux, le charognard bipède, pour demander grâce ! Il n’est pas sûr d’ailleurs que le taureau daignerait seulement le considérer.

Pour se livrer à l’abattage rituel d’une victime innocente qu’on aura au préalable préparée de manière cruelle de façon à ne lui laisser guère de chance, il n’est point nécessaire d’avoir acquis ses lettres de noblesse sous la mitraille d’un champ de bataille !

Quelle gloire y a-t-il de s’attaquer à un taureau innocent sinon celle de prouver « qu’on a des couilles » et de faire se pâmer les belles ? Et l’animal, quelle chance a-t-il d’encorner le moustique agressif ?

Le taureau ne vient pas se balader comme ça, frai et dispo pour un petit tour de piste dans l’arène, à seule fin de recevoir tout au plus quelques égratignures avant que d’être expédié, ainsi dire en douceur, au paradis de ses congénères !  On l’y pousse et on l’y jette ainsi que Daniel dans la fosse aux lions, arrangé salement aux petits oignons par des sadiques qu’on aurait plaisir à jeter en pâture aux requins. Songer qu’en coulisse, entre autres raffinements, après l’avoir tenu quelque temps dans le noir absolu, on le « travaille » en lui bourrant les naseaux de coton hydrophile qu’on pousse aussi loin qu’on peut ; on lui met de la vaseline ou des liquides vésicants dans les yeux ; on le tabasse à coup de sac de sable ou de planche sur l’échine ; on lui entaille les cornes ; on lui enfonce des aiguilles dans les testicules…

Toutes les associations qui ont enquêté sur ce sujet, dont la Ligue antivivisectionniste de France qui s’occupe de la défense des animaux martyrs, expliquent que c’est à l’assassinat d’une bête moribonde qu’on se livre dans l’arène, une bête épuisée par les hémorragies internes et externes provoquées par la pique du picador et les banderilles.

Ce genre de divertissement qui le dispute aux abattages rituels des chaînes casher ou hallal donne une idée où nous en sommes rendus après des siècles de « civilisation » ! On voit par là combien l’homme est devenu sage ! On pourrait croire, si on était naïf, qu’il a changé depuis les cavernes ! Ah ! mais pas du tout ; il a gardé le goût du sang cet histrion et l’a poussé si fort, en raffinements qu’on n’imagine pas, qu’il en redemande à volonté. Qu’on réveille les combats de gladiateurs comme disait Céline, y aura du monde ! Et quelle différence y a-t-il, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, entre la corrida et un « snuff-movie » ? Les salopards, dans les deux cas, font le même boulot. Je vois pas  de différence entre ces voraces et ceux qui les encouragent.

Et pourtant, il existe des repentis. Je me souviens de la confession d’un matador, entendue un jour à la radio. Cet homme après avoir expédié son comptant de taureau, soudainement et, en quelque sorte touché par la Grâce, s’était jeté -comme Nietzsche au cou du cheval- aux pieds du taureau agonisant, son dernier taureau, en lui demandant pardon et en l’embrassant. Parce qu’il avait lu dans le regard suppliant de cet animal qui mourrait à douleur la question qu’il lui posait : « Que t’ai-je fait ? ». Ainsi avait-il mesuré par-là sa propre condition et sa détresse. Jamais plus cet homme n’était redescendu dans l’arène…

Je suis pas le seul à me révolter sur le sujet, que non ! Parcourez le net, signez les pétitions, osez regarder en face les terribles photos que montrent les sites spécialisés…  Et songez deux secondes qu’il se trouve à l’heure où je vous cause, en France, des petits trous de culs qui s’amusent au « torero » en esquintant des veaux, dans des écoles spécialisées, sous le regard complaisant de leurs salauds de géniteurs… Il se trouve aussi quelques femmes, hélas…

Languedoc, terre des troubadours et de la Chevalerie Amoureuse, quel besoin as-tu d’arroser ta terre du sang des taureaux ? Celui des Cathares, encore frais, te suffit-il pas ?

Je n’écrirai pas au ministre ni au président pour demander la grâce des taureaux, assuré qu’ils n’en on rien à foutre ; je leur souhaite simplement au jour du jugement, comme je le souhaite à tous les tortionnaires et autres aficionados, de s’éveiller dans le noir d’un toril devant que de se voir jeter sans ménagement au mitant d’une arène sanglante, sous les applaudissements de la gent bovine… Juste retour des choses…

«  Il y a toujours pour moi cet aspect bouleversant de l’animal qui ne possède rien, sauf la vie, que si souvent nous lui prenons. » (Marguerite Yourcenar : Souvenirs pieux.)

« Le véritable test moral de l’humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu’il échappe à notre regard) ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et c’est ici que s’est produite la faillite fondamentale de l’homme, si fondamentale que toutes les autres en découlent. » (Milan Kundera : L’Insoutenable légèreté de l’être.)

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Pour faire part de votre désapprobation au gouvernement, je vous invite à signer la pétition ICI.

Les sites à consulter: CRAC Europe, Blog de Boules de poils, Blog de SOS animaux, Blog de souffrance. Video anti-corridas

On lira, sur certains de ces liens, l'indignation de quelques jeunes internautes révoltés par la façon dont sont traités les animaux sur cette terre; ils le disent avec leur coeur. C'est une note d'espoir dans ce monde de brutes...

18/04/2011

BULLETIN CELINIEN

Bulletin célinien n° 329

 

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Les amateurs de Céline seront agréablement surpris d’apprendre la publication par les Editions du Lérot, en un seul volume, des ouvrages de Jean-Pierre DAUPHIN : « Bibliographie des articles en langue française consacrés  à Céline ». La nouvelle édition, revue et augmentée, qui regroupe les périodes 1914-1944 et 1945-1961, forte de 470 pages s’intitule : « Bibliographie des articles de presse & des études en langue française consacrés à L-F Céline, 1914-1961 » On peut se la procurer par l’intermédiaire du Bulletin (BP 70, Gare centrale, B 1000 Bruxelles) ou directement chez l’éditeur (Du Lérot, éditeur, Les Usines Réunies, 16140 Tusson). Dans son éditorial, Marc LAUDELOUT souligne l’intérêt de ce « travail titanesque » qui couronne les efforts d’années de recherches.

En quatrième page, dans une note intitulée « Céline sur papier glacé », l’éditorialiste présente le dernier numéro hors série du Figaro Magazine « Céline, une saison en enfer ». On en conviendra, cette publication est une réussite autant par la teneur des articles que par leur accompagnement  iconographique. Photographies connues et moins connues ainsi que dessins, souvent tirés en pleine page qui l’illustrent à merveille, sont à la hauteur de la maquette de couverture. Nous attendons le hors-série de Télérama de juin 2011 en espérant qu’il aura la qualité de celui du Figaro.

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Dans une chronologie sur vingt années, courrant de 1967 à 1987, Marc Laudelout rappelle –et ce n’est que justice- ce que la recherche célinienne doit à l’universitaire Jean-Pierre Dauphin, organisateur du premier colloque international consacré à Céline à Oxford en 1975, et co-fondateur avec Henri Godard et Philippe Alméras de la Société d’Etudes céliniennes en 1976. On lui doit de nombreuses publications et études dont les 8 Cahiers Céline parus chez Gallimard entre 1976 et 1988. Jean-Pierre Dauphin est à l’origine de la création de la Bibliothèque Louis-Ferdinand Céline (BLFC) à l’Université Paris VII centre Jussieu.

Ce numéro d’avril rend hommage, sous la plume de Jean-Paul ANGELELLI à Jean José Marchand décédé à Paris le 8 mars dernier. Né en 1920, J.J. Marchand publia l’autobiographie de la première partie de sa vie au Rocher en 2001, sous le titre : »Le Rêveur ». Cet admirateur de l’œuvre de Drieu, de Willy de Spens, de Lucien Rebatet fut, comme le rappelle J.P Angelelli dans sa note, « un grand homme de télévision dans les années 60-70 comme en témoignent ces extraordinaires ‘Archives du XXe siècle » : des entretiens filmés avec cent cinquante personnalités, dont Morand, Montherland,, Lévi-Strauss, Caillois. Il y a un Monnerot, hélas resté innédit… ».

Ceux qui voudront approcher de plus près J.J. Marchand consulteront son blog qui court sur une année (août 2009-août 2010) et témoigne d’une grande érudition littéraire : Journal de lectures de Jean josé Marchand (http://jean-jose-marchand.over-blog.com).

La troisième partie de « Céline sur tous les fronts » de Marc Laudelout annonce une biographie de Céline par Henri Godard à paraître prochainement chez Gallimard. Dans le même temps paraîtra aux éditions Pierre-Guillaume de Roux une version corrigée et augmentée du « Céline. Entre haines et passion » de Philippe Alméras, paru initialement chez Laffont. Signalons également, à paraître aux éditions Michel de Maule, le recueil de souvenirs de Marouschka Dodelé qui fut élève des cours de danse de Lucette Almanzor : « Une enfance chez Louis-Ferdinand Céline ».

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Aux éditions Robert Laffont, collection « Bouquins », vient de sortir le gros ouvrage de David Alliot « D’un Céline l’Autre », préfacé par François Gibault. Près de 1200 pages de témoignages dispersés jusqu’alors dans des livres ou des revues, regroupés dans cette somme, nous apportent  à travers cette publication, le regard des contemporains de l’écrivain.

Deux personnalités sont évoquées dans ce numéro, toutes deux, amis de Céline. La première par Antoinette Le Vigan, dite Tinou, qui fut aussi l’épouse de Robert Coquillaud (1900-1972) dit Le Vigan, dit La Vigue par Céline ; elle a confié ses souvenirs à Eric MAZET, qui les rapporte ici en 1987. On y apprend que Céline, « Jupiter », régnait en maître sur ses amis et plus loin : « Quand je demandais à Céline pourquoi il écrivait avec des mots si orduriers, il me répondait : « Le niveau français, c’est la boîte à ordure !... ».

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On y apprend également la brouille de Le Vigan avec Céline entre 1941 et 1942 suite à des propos rapportés à ce dernier par Arthur Pfannstiel, traducteur en allemand de Bagatelles, concernant une supposée dénonciation par Le Vigan aux occupants, de Céline et Mahé comme défaitistes… Pour en savoir plus sur Robert Le Vigan, on, ne manquera pas de se reporter aux biographies que lui ont consacré Hervé Le Boterf (Robert Le Vigan, le mal aimé du cinéma, paru en 1986 chez France-Empire) et Claude Beylie et André Bernard (Robert Le Vigan, désordre et génie, paru en 1996 chez Pygmalion)

Le portrait de la seconde personnalité, du à la plume d’Alain CAMPIOTTI, concerne l’anthropologue George Montandon (1879-1944) qui devint l’ami de Céline à la fin des années trente. Il y voit les sympathies de ce médecin aventurier pour le bolchevisme, doctrine dont Montandon traita dans un ouvrage de 1923 : « Deux ans chez Koltchak et chez lez bolcheviks ». Ce fils de riche industriel obtint ses diplômes de médecine en Suisse.

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Passionné d’ethnologie, après des études en Angleterre et en Allemagne, il se rend en Abyssinie en 1910 où il exerce ses talents auprès du souverain, puis après la première guerre mondiale, il s’occupe du rapatriement de prisonniers austro-hongrois dispersés en Sibérie, alors que la guerre civile fait rage en Russie. Il y rencontrera des chefs bolcheviques tout en menant des études d’anthropologie locale, et dans la foulée, fréquentera les hordes du « Baron fou » von Ungern-Sternberg. Arrêté par la Tchéka, accusé d’espionnage, il finira par se tirer d’affaire et publiera son livre d’aventures chez les Bolcheviques ; récit picaresque qui n’est pas, comme le note Alain Campiotti, sans avoir quelques accents céliniens avant la lettre… Céline, qui a connu et lu Montandon s’en est inspiré pour ses pamphlets et le cite dans l’Ecole des cadavres.

Enfin nous n’omettrons pas d’évoquer la première partie de l’excellente étude qu’Agnès HAFEZ-ERGAUT consacre à « Casse-Pipe » au travers de son analyse : « Hommes, chevaux et guerre dans Casse-Pipe ». Non seulement elle donne envie de relire ce petit chef d’œuvre, mais elle donne aussi celle de s’attarder sur la misère et la grandeur oubliée de ces compagnons de tout temps des hommes que furent les chevaux, et dont on oublie -ou pire on ignore- que près d’un million deux cent mille de ceux appartenant à la seule armée française resta sur les champs de bataille.

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C’est ce que rapporte une note de cette étude : « Il est dit que le chiffre officiel des chevaux morts (section vétérinaire de l’armée) serait gravé sur une plaque se trouvant dans une salle interditre au public du château de Saumur. Le texte en serait : « Aux 1.140.000 chevaux de l’armée française morts pendant la guerre mondiale 1914-1918. Le Musée du Cheval reconnaissant, 1923. ». Casse-Pipe, accompagné de riches appendices, constitue la première partie du troisième volume des romans de Céline édités dans la Pléiade.