Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/04/2011

BULLETIN CELINIEN

Bulletin célinien n° 329

 

bul.jpg

Les amateurs de Céline seront agréablement surpris d’apprendre la publication par les Editions du Lérot, en un seul volume, des ouvrages de Jean-Pierre DAUPHIN : « Bibliographie des articles en langue française consacrés  à Céline ». La nouvelle édition, revue et augmentée, qui regroupe les périodes 1914-1944 et 1945-1961, forte de 470 pages s’intitule : « Bibliographie des articles de presse & des études en langue française consacrés à L-F Céline, 1914-1961 » On peut se la procurer par l’intermédiaire du Bulletin (BP 70, Gare centrale, B 1000 Bruxelles) ou directement chez l’éditeur (Du Lérot, éditeur, Les Usines Réunies, 16140 Tusson). Dans son éditorial, Marc LAUDELOUT souligne l’intérêt de ce « travail titanesque » qui couronne les efforts d’années de recherches.

En quatrième page, dans une note intitulée « Céline sur papier glacé », l’éditorialiste présente le dernier numéro hors série du Figaro Magazine « Céline, une saison en enfer ». On en conviendra, cette publication est une réussite autant par la teneur des articles que par leur accompagnement  iconographique. Photographies connues et moins connues ainsi que dessins, souvent tirés en pleine page qui l’illustrent à merveille, sont à la hauteur de la maquette de couverture. Nous attendons le hors-série de Télérama de juin 2011 en espérant qu’il aura la qualité de celui du Figaro.

figaro.jpg

 

Dans une chronologie sur vingt années, courrant de 1967 à 1987, Marc Laudelout rappelle –et ce n’est que justice- ce que la recherche célinienne doit à l’universitaire Jean-Pierre Dauphin, organisateur du premier colloque international consacré à Céline à Oxford en 1975, et co-fondateur avec Henri Godard et Philippe Alméras de la Société d’Etudes céliniennes en 1976. On lui doit de nombreuses publications et études dont les 8 Cahiers Céline parus chez Gallimard entre 1976 et 1988. Jean-Pierre Dauphin est à l’origine de la création de la Bibliothèque Louis-Ferdinand Céline (BLFC) à l’Université Paris VII centre Jussieu.

Ce numéro d’avril rend hommage, sous la plume de Jean-Paul ANGELELLI à Jean José Marchand décédé à Paris le 8 mars dernier. Né en 1920, J.J. Marchand publia l’autobiographie de la première partie de sa vie au Rocher en 2001, sous le titre : »Le Rêveur ». Cet admirateur de l’œuvre de Drieu, de Willy de Spens, de Lucien Rebatet fut, comme le rappelle J.P Angelelli dans sa note, « un grand homme de télévision dans les années 60-70 comme en témoignent ces extraordinaires ‘Archives du XXe siècle » : des entretiens filmés avec cent cinquante personnalités, dont Morand, Montherland,, Lévi-Strauss, Caillois. Il y a un Monnerot, hélas resté innédit… ».

Ceux qui voudront approcher de plus près J.J. Marchand consulteront son blog qui court sur une année (août 2009-août 2010) et témoigne d’une grande érudition littéraire : Journal de lectures de Jean josé Marchand (http://jean-jose-marchand.over-blog.com).

La troisième partie de « Céline sur tous les fronts » de Marc Laudelout annonce une biographie de Céline par Henri Godard à paraître prochainement chez Gallimard. Dans le même temps paraîtra aux éditions Pierre-Guillaume de Roux une version corrigée et augmentée du « Céline. Entre haines et passion » de Philippe Alméras, paru initialement chez Laffont. Signalons également, à paraître aux éditions Michel de Maule, le recueil de souvenirs de Marouschka Dodelé qui fut élève des cours de danse de Lucette Almanzor : « Une enfance chez Louis-Ferdinand Céline ».

alliot.gif

 

Aux éditions Robert Laffont, collection « Bouquins », vient de sortir le gros ouvrage de David Alliot « D’un Céline l’Autre », préfacé par François Gibault. Près de 1200 pages de témoignages dispersés jusqu’alors dans des livres ou des revues, regroupés dans cette somme, nous apportent  à travers cette publication, le regard des contemporains de l’écrivain.

Deux personnalités sont évoquées dans ce numéro, toutes deux, amis de Céline. La première par Antoinette Le Vigan, dite Tinou, qui fut aussi l’épouse de Robert Coquillaud (1900-1972) dit Le Vigan, dit La Vigue par Céline ; elle a confié ses souvenirs à Eric MAZET, qui les rapporte ici en 1987. On y apprend que Céline, « Jupiter », régnait en maître sur ses amis et plus loin : « Quand je demandais à Céline pourquoi il écrivait avec des mots si orduriers, il me répondait : « Le niveau français, c’est la boîte à ordure !... ».

vigan.gif


On y apprend également la brouille de Le Vigan avec Céline entre 1941 et 1942 suite à des propos rapportés à ce dernier par Arthur Pfannstiel, traducteur en allemand de Bagatelles, concernant une supposée dénonciation par Le Vigan aux occupants, de Céline et Mahé comme défaitistes… Pour en savoir plus sur Robert Le Vigan, on, ne manquera pas de se reporter aux biographies que lui ont consacré Hervé Le Boterf (Robert Le Vigan, le mal aimé du cinéma, paru en 1986 chez France-Empire) et Claude Beylie et André Bernard (Robert Le Vigan, désordre et génie, paru en 1996 chez Pygmalion)

Le portrait de la seconde personnalité, du à la plume d’Alain CAMPIOTTI, concerne l’anthropologue George Montandon (1879-1944) qui devint l’ami de Céline à la fin des années trente. Il y voit les sympathies de ce médecin aventurier pour le bolchevisme, doctrine dont Montandon traita dans un ouvrage de 1923 : « Deux ans chez Koltchak et chez lez bolcheviks ». Ce fils de riche industriel obtint ses diplômes de médecine en Suisse.

montandon.jpg

 

Passionné d’ethnologie, après des études en Angleterre et en Allemagne, il se rend en Abyssinie en 1910 où il exerce ses talents auprès du souverain, puis après la première guerre mondiale, il s’occupe du rapatriement de prisonniers austro-hongrois dispersés en Sibérie, alors que la guerre civile fait rage en Russie. Il y rencontrera des chefs bolcheviques tout en menant des études d’anthropologie locale, et dans la foulée, fréquentera les hordes du « Baron fou » von Ungern-Sternberg. Arrêté par la Tchéka, accusé d’espionnage, il finira par se tirer d’affaire et publiera son livre d’aventures chez les Bolcheviques ; récit picaresque qui n’est pas, comme le note Alain Campiotti, sans avoir quelques accents céliniens avant la lettre… Céline, qui a connu et lu Montandon s’en est inspiré pour ses pamphlets et le cite dans l’Ecole des cadavres.

Enfin nous n’omettrons pas d’évoquer la première partie de l’excellente étude qu’Agnès HAFEZ-ERGAUT consacre à « Casse-Pipe » au travers de son analyse : « Hommes, chevaux et guerre dans Casse-Pipe ». Non seulement elle donne envie de relire ce petit chef d’œuvre, mais elle donne aussi celle de s’attarder sur la misère et la grandeur oubliée de ces compagnons de tout temps des hommes que furent les chevaux, et dont on oublie -ou pire on ignore- que près d’un million deux cent mille de ceux appartenant à la seule armée française resta sur les champs de bataille.

cheval.jpg

 

C’est ce que rapporte une note de cette étude : « Il est dit que le chiffre officiel des chevaux morts (section vétérinaire de l’armée) serait gravé sur une plaque se trouvant dans une salle interditre au public du château de Saumur. Le texte en serait : « Aux 1.140.000 chevaux de l’armée française morts pendant la guerre mondiale 1914-1918. Le Musée du Cheval reconnaissant, 1923. ». Casse-Pipe, accompagné de riches appendices, constitue la première partie du troisième volume des romans de Céline édités dans la Pléiade.

20/01/2010

BULLETIN CELINIEN

 

Bulletin célinien N° 315

 

P1040940Céline.jpg

 

 

Belle couverture où l'on voit Louis Destouches en grande tenue de cuirassier. Engagé volontaire au 12ème Régiment de cavalerie lourde de Rambouillet à l'automne 1912, il avait alors vingt ans au moment de la déclaration de la première guerre mondiale...

Après la récente parution de l'incontournable cinquième volume de la Pléiade (« Lettres »), rapidement épuisé, ce 315ème numéro du bulletin est l'occasion pour Marc Laudelout, de faire un tour d'horizon des réactions de la presse à la faveur de cet événement littéraire.

Car c'est bien de littérature qu'il s'agit, Céline ne nous déçoit pas ! Le ton y est et le talent aussi, naturellement... Et quoi qu'en pensent ses détracteurs pour des raisons diverses, Céline est à présent au Panthéon des lettres (il ne reste qu'un sixième volume pour qu'il y soit tout à fait) et il y a peu de chances qu'eux s'y trouvent un jour !... Attendons donc, avec Pierre Assouline, la publication de ce sixième volume, car celle de la correspondance, dit-il, « est un chevau-léger de l'ultime charge à venir du cuirassier Destouches. » Aussi sommes nous d'accord avec lui lorsqu'il ajoute :

« Il serait temps de s'aviser qu'un écrivain est un bloc. Rien à jeter. Ses lettres font œuvre comme le reste. Céline n'y échappe pas. L'épistolier en lui n'est pas seulement abondant : il est nombreux, multiple. »

Ce choix de lettres, qui a l'avantage d'être publié chronologiquement, permet au lecteur qui connaît l'œuvre de suivre à la trace la transposition que  fait l'auteur de son « histoire personnelle » dans ses romans ; c'est par là aussi qu'on mesure le talent. Qu'importe alors la part du réel, au regard de son double ? Notre vie même, dès l'instant qu'elle est couchée sur le vélin, n'est que fiction, et ce qu'on en dit, n'est point tant important que la façon dont on le dit ! Aussi, rendons grâce à Céline d'avoir beaucoup brodé...

Ajoutons qu'à la lecture de cette correspondance, on mesure, faut-il le rappeler, la grande culture d'un auteur nourri des classiques.

Hommage est rendu par F. Marchetti, dans ce numéro 315, à Bente Karild décédée en septembre 2009, pour laquelle Céline s'était pris d'affection lors de son exil danois. Grâce à F. Marchetti, qui l'a bien connue, les lecteurs du Bulletin ont pu apprécier les souvenirs, que Bente Karild à laissés sur l'écrivain et sur leur passions commune, la danse.

Dans ce même bulletin, Marc Laudelout rappelle quel regard portait Céline sur deux de ses contemporains, Alfred Fabre-Luce et Bernard Faÿ, ayant traversé comme lui ces  « années troubles », avec plus ou moins de zèle et de compromissions... Il évoque le critique averti que fut Lucien Rebatet en matière de septième art et signale la parution chez Pardès de « Quatre ans de cinéma », ouvrage de 406 pages auquel il a collaboré, puis il dresse un panorama de l'année  2009, « année célinienne », où parmi de nombreux événements, nous retiendrons particulièrement :

- la création en mai du blog « Le Petit célinien » dû à Matthias Gadret, et la parution chez Gallimard des « Lettres à Albert Paraz » (réédition revue et augmentée par Jean-Paul Louis) ;

- en juillet le « Dossier Céline » du Magazine des Livres ;

- en novembre bien sûr les « Lettres de Céline » dans la Pléiade ainsi que l'ouvrage de Véronique Robert-Chovin « Devenir Céline, lettres inédites 1912-1919 ;

- et en décembre la publication de « L'année Céline 2008.

Edmond Gaudin, fidèle abonné du Bulletin et admirateur de l'œuvre célinienne brosse en quelques pages un portrait de Céline tel qu'il le voit : « Outrancier ! Voilà comment je vois Céline. Dans ses propos, dans ses opinions, dans ses actes avec lui-même et avec les autres. Dans ses textes aussi... ». Convenons en, mais convenons aussi que l'outrance atteint à de ces hauteurs, lorsqu'elle est conduite avec brio, qui laisse loin derrière elle tous ces petits « à la manière de... » qui encombrent bien des rayonnages et bien des têtes de gondoles des épiceries littéraires contemporaines.

Terminons cette recension par l'annonce que fait Jean-Paul Louis de « l'Année Céline 2008 » ; on aura le plaisir d'y trouver « des lettres inédites qui, faute de place, n'ont pas pu être retenues dans le volume de Lettres qui vient de paraître chez Gallimard. »

On peut la commander au Bulletin célinien en adressant un chèque de 39 euros à l'ordre de marc Laudelout (Bulletin célinien, BP 70, B 1000 Bruxelles 22).

Bonne lecture !

 

 

 

17/11/2009

BULLETIN CELINIEN

Bulletin célinien N°313

 

 

P1040681A.jpg

 

 

 

Avec ce 313ème numéro du Bulletin Célinien (1), l'infatigable Marc Laudelout nous invite à écouter, ou à réécouter, une émission (2) conservée aux archives de l'Institut National de l'Audiovisuel : celle du 23 mars 1969, tirée du « Masque et la Plume », animée par Michel Polac. Quatre interlocuteurs de marque y font entendre leur voix : Alphonse Boudard, Jean-Louis Bory, Jean Guénot et François Nourissier. Jean Guénot, seul survivant, connaissait bien Céline et l'avait approché de près à Meudon où il lui rendit visite en compagnie de Jacques d'Arribehaude ; il en tirera les éléments d'un livre publié en 1984 : « Louis-Ferdinand Céline damné par l'écriture ». Ce qui frappe l'auditeur, à l'écoute de cette émission, « c'est la liberté de ton qui régnait alors sur les ondes et le fait que l'écrivain suscitait une admiration incontestée auprès des différents intervenants » dixit Marc Laudelout. Avec lui, on pourra se poser la question de savoir s'il en irait de même aujourd'hui, du moins à la télévision, saturée des séries que l'on sait qui se partagent l'écran avec le sport, les divertissements hallucinogènes et les productions culturelles (?) ô combien complaisantes aux nouveaux maîtres de la pensée.

On trouvera dans ce même numéro une mise au point de Jacques Francis Rolland (1922-2008) sur « l'affaire » Roger Vaillant. On sait en effet que ce dernier ce serait flatté de « faire la peau » à Céline. Rolland, qui faisait partie du même réseau de résistance que l'auteur de « La Loi », expose les raisons de ce phantasme qui, s'il était devenu réalité, nous aurait hélas privé d'un des plus grand nom de la littérature française. Heureusement, Vaillant qui se fit traiter par Céline de »béjaune, pucelet, débile attardé, taré »... devait avoir plus de gueule que de suite dans les idées !

Outre la publication des « Lettres à Joseph Garcin », la nouvelle collection « Céline & Cie » dirigée par Emile Brami, libraire et célinien averti, envisage de publier ou rééditer quatre titres par an. L'éditorialiste du Bulletin recense ces projets dans sa présentation.

Enfin on lira une critique due à la plume de Frédéric Saenen d' « Une Histoire Politique de la Littérature », de Stéphane Giocanti, sortie chez Flammarion. Elle est suivie de trois hommages rendus par Marc Laudelout à Pol Vandromme, Robert Denoël et Louis-Albert Zbinden.

La deuxième partie de l'étude du neuro-psychiatre  Michel Bergouignan clôt cette 313ème livraison ; il y analyse de manière subtile la nature complexe toute en finesse et raffinement de l'écrivain au travers de ce qu'il a mit de lui dans ses œuvres. Rappelons qu'il aimait se comparer à une chienne de traîneau, qu'il avait « la finesse d'une chienne de traîneau... qui prévient du danger ». Ce qui me fait songer à la réflexion de Chamfort qui en d'autres temps, ayant eu à souffrir lui même de persécutions écrivait :

 

« En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. »

 

(1)         « Le Bulletin Célinien » BP 70, B 1000, Bruxelles 22, Belgique.

(2)         www.ina.fr (taper »Louis-Ferdinand Céline » dans le moteur de recherche figurant sur le site)