Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/02/2014

HISTOIRES D'OS

 

CPK.jpg

Saviez-vous que le crâne de Descartes mort à Stockholm le 11 février 1650, après avoir reposé pendant 16 ans en terre suédoise, fut subtilisé par quelque amateur éclairé lors de l’exhumation devant que les restes de ses ossements, remisés dans une boîte en cuivre ne prennent le chemin de sa patrie ?... qu’enfin récupéré par le savant Berzélius il fut expédié à son confrère Cuvier en vue de redonner à l’illustre philosophe son intégrité physique ? Bref, comme nous l’explique excellemment Clémentine Portier-Kaltenbach, « la tête de mort venue de Suède », après avoir transité de mains en mains qui toutes  la paraphèrent de leur patronyme, ne retrouva jamais sa charpente puisqu’elle finit par atterrir  au milieu de la collection anatomique du Jardin des Plantes où elle fut exposée en 1878 aux côtés de celles de Lacenaire et de Cartouche !

Descartes.jpg

Que devint ensuite ce crâne ? Eh bien, l’enquête menée par l’auteur de ces « Morceaux choisis de l’Histoire de France » qui se lisent comme un roman policier nous assure qu’il se trouve à l’heure qu’il est au Musée de l’Homme où il repose à l’abri des malfrats dans une armoire blindée depuis 1937…

Richelieu.jpg

Richelieu sur son lit de mort. Tableau de Philippe de Champaigne

Saviez-vous que la tête embaumée de Richelieu repose toujours dans son cénotaphe dans le chœur de la chapelle de la Sorbonne ?

Que le crâne de Charlotte Corday, après avoir appartenu un temps au prince Radzivill décédé en 1976, se trouverait à l’heure actuelle entre les mains de l’un de ses descendants ?

Corday.jpg

 

Que celui de Georges Cadoudal, la « forte tête » ne fut jamais retrouvé et fut remplacé sur son squelette armaturé de fil de fer par celui d’un anonyme microcéphale ?

Cadoudal.jpg

 

C’est un curieux texte et bien intéressant que celui de Madame Portier-Kaltenbach, écrit avec verve et talent, qui font qu’ en le lisant on ne s’ennuie jamais. On s’y amuse même et l’on sourira à la façon qu’a l’auteur d’accommoder la sauce de ce brouet « d’illustres abattis ». L’ouvrage en effet, découpé en art de boucherie, nous sert en entrée les « pièces nobles », puis il s’attarde sur un « second choix » qu’il fait suivre des « bas morceaux ». C’est, somme toute une table assez bien garnie qui ne laisse pas sur sa faim !

Quelquefois, bien sûr, la légende y côtoie l’ Histoire et bien malin celui qui saurait discerner le vrai du vraisemblable. Cela n’enlève rien au propos, et la part du rêve y trouve son compte. Qui pourra jamais dire si Robespierre et certains de ses collègues ont prélevé ou non quelques brins de moustache et de barbe à la dépouille de Henri IV lors de son exhumation ?

H4.jpg

 

Et l’aventure, la vraie, du cerveau du prince de Bénévent, la saura-t-on jamais ? Voici ce qu’en rapporte dans « Choses vues » Victor Hugo cité par l’auteur :

« Eh bien, avant-hier 17 mai 1838, cet homme est mort. Des médecins sont venus et ont embaumé le cadavre. Pour cela, à la manière des Egyptiens, ils ont retiré les entrailles du ventre et le cerveau du crâne. La chose faite, après avoir transformé le prince de Talleyrand en momie et cloué cette momie dans une bière tapissée de satin blanc, ils se sont retirés, laissant sur une table la cervelle, cette cervelle qui avait pensé tant de choses, inspiré tant d’hommes, construit tant d’édifices, conduit deux révolutions, trompé vingt rois, contenu le monde. Les médecins partis, un valet est entré, il a vu ce qu’ils avaient laissé : Tiens ! Ils ont oublié cela. Qu’en faire ? Il s’est souvenu qu’il y avait un égout dans la rue, il y est allé, et a jeté le cerveau dans cet égout. Finis Rerum. »

 

Talleyrand.jpg

On regrettera sans doute, avec Madame Portier-Kaltenbach de ne plus l’avoir sous la main ce cerveau,  ne serait-ce que pour savoir, dit-elle, « s’il aurait été plus ou moins lourd que celui de Marilyn Monroe ou s’il aurait montré une particularité quelconque, comme celui d’Enstein qui avait pour caractéristique d’être par son volume inférieur de 10% à la moyenne et de ne pas présenter de scissure de Sylvius… »

Voilà pour l’un des plus illustres cerveaux. Les cœurs n'échappent pas plus que le reste à la convoitise;  les plus vernis restent enchâssés dans leurs reliquaires de vermeil pendus aux voûtes des chapelles ou remisés dans le secret de quelques piliers. Il en est de moins gâtés, bien que « vernis » tout de même puisque broyés pour donner cette précieuse « mumie » fort prisée des peintres… Ainsi finirent les cœurs de Louis XIII, du Roi-Soleil et de Madame de Montpensier : sous forme de badigeon « mixés et étalés sur une toile »…

 

Roi soleil.jpg

Quant aux pérégrinations et destinées des dents, des peaux et des cheveux,  façonnés par d’habiles artisans, vendus, mis aux enchères et conservés sous la formes de reliques je vous laisse les découvrir dans ces « Histoires d’os » dont je vous recommande la lecture ; il vous en coûtera 8 euros et vous ne vous ennuierez pas !

 

Clémentine PORTIER-KALTENBACH : « Histoires d’os et autres illustres abattis », ouvrage dédié à Françoise Gellain, épouse Legros… Seule défunte des catacombes identifiée par une plaque funéraire.

(Editions Fayard, collection PLURIEL, 2012)

 

A consulter également, dans le même blog : Retour à Rochefort.

A voir au Musée de l’Ecole de Médecine de Paris, la curieuse table en marqueterie d’organes humains offerte à l’empereur Napoléon III.

Consulter le lien suivant au sujet du crâne de Descartes. 

20/02/2012

LA FONTAINE DE SANG

 

agneaux.jpg

A la faveur d’une affaire qui n’en est pas une —l’information faite récemment par la « fille de son père » sur l’abattage rituel en Ile de France— j’en profite pour dire combien me répugne ce type de pratiques, ceux qui les mettent en œuvre, et par extension toute la chaîne de distribution halal et casher. On observera que je suis sur le chapitre, moins réducteur que « la fille de son père » qui me semble-t-il, ne visait que la tradition halal, on se demande pourquoi.

saignee mouton.jpg

Tradition ? parlons en. Au sujet de l’abattage halal notamment, où est-il prescrit dans le Coran qu’il faille égorger d’une oreille à l’autre les animaux de boucherie pour les consommer ? Ce ne sont que pratiques d’usage, dues à une interprétation abusive du texte qui font aujourd’hui force de loi. Il n’en va pas de même de l’abattage casher qui relève, lui, d’un code scrupuleusement appliqué au risque d’offenser son dieu jaloux. N’importe, l’un comme l’autre ne sont rien moins que l’expression d’une barbarie à visage humain appliquée sans restriction à nos frères les animaux dans d’intolérables conditions de souffrance. Il faut, sur le sujet, rappeler que les victimes ne sont pas anesthésiées et que leur mort, si brève soit-elle, leur inflige des douleurs qu’on a du mal à imaginer et que seuls parmi les humains, ceux rescapés d’une tentative d’égorgement (s’il s’en trouve) pourraient être en mesure d’apprécier.

saignée vaches.jpg

Trop d’animaux sont abattus chaque année en France (plus d’un milliard cent millions !), beaucoup trop et dans des conditions épouvantables de transport, d’attente, de promiscuité et d’abattage. Jamais autant de fontaines de sang n’ont abreuvé et enrichi ceux qui pataugent dedans :  éleveurs,  intermédiaires, distributeurs, enfin toute la clique des maquignons. C’est l’un des marchés les plus lucratifs et cela, uniquement à cause de la demande —orchestrée par une publicité sans foi ni loi— de consommateurs acéphales, abrutis jusqu’à l’os, qui creusent leurs tombes avec leurs fourchettes carnassières, et dont je ne vais pas plaindre la disparition souvent prématurée qui somme toute, n’est que justice.

carcasse.jpg

Disparition prématurée, parce que les méfaits d’une alimentation journellement carnée sont connus et archi connus qui profitent en premier lieu au vorace bisness médico-pharmaceutique  en engendrant surcharge pondérale, infarctus, cancers etc… Ces pratiques carnassières témoignent, comme beaucoup d’autres, d’un irrespect total de la vie en général et des animaux en particulier. Si chacun réduisait sa consommation de viande de boucherie ne serait-ce qu’à un jour par semaine, on épargnerait le monstrueux gâchis programmé par le réseau qui en tire bénéfice, dans le même temps qu’on y gagnerait en espérance de vie.

Quant aux abattages rituels en France, il suffit tout bonnement d’en interdire la pratique sur le territoire comme l’ont fait nos amis des Pays-Bas, sans oublier de faire la chasse aux tueries clandestines de moutons de l’Aïd-el-kébir auxquels il arrive qu’on fasse prendre un bain de leur propre sang dans les baignoires des banlieues. C’est un vœux pieux, hélas, qui n’a aucune chance d’être exaucé. D’abord, parce que la classe dirigeante sodomisée des sous-chiens rampants est aux ordres ; ensuite parce que ceux qui sont pendus aux tétines du veau (en l’occurrence de la vache) d’or ne sont pas prêts de les lâcher;  enfin parce qu’il n’y a pas de volonté populaire de mettre un terme à ce scandale qui comme beaucoup d’autres fait sourire les radios pourries du Système.

vaches.jpg

Las, las, las, « Animaux de tous les pays, unissez-vous ! »

« Et c’est ainsi qu’Allah est grand ! » aurait dit notre cher Vialatte et j’ajoute pour ma part « Yahvé  aussi ! », tant qu’à faire…

Et je vous livre à propos ce petit texte de Charles BAUDELAIRE extrait de « Mon cœur mis à nu » :

Baudelaire.jpg

«  Il est impossible de parcourir une gazette quelconque, de n’importe quel jour ou quel mois ou quelle année, sans trouver à chaque ligne les signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que l e s  v a n t e r i e s les plus surprenantes de probité, de bonté, de charité, et les affirmations les plus effrontées relatives au progrès et à la civilisation.

Tout journal, de la première ligne à la dernière, n’est qu’un tissu d’horreurs. Guerres, crimes, vols, impudicités, tortures, crimes des princes, crimes des nations, crimes des particuliers, une ivresse d’atrocité universelle.

Et c’est de ce dégoûtant apéritif que l’homme civilisé accompagne son repas de chaque matin. Tout, en ce monde, sue le crime : le journal, la muraille et le visage de l’homme.

Je ne comprends pas qu’une main pure puisse toucher un journal sans une convulsion de dégoût. »

 

15/12/2011

COMPLAINTE DE MARIE DES ANGES

coeur.jpg

Dans " La Glu" de Jean Richepin, on trouve un poème "cruel" tiré d'une vieille complainte appelée quelquefois: "Chanson de Marie des Anges".  Thérésa l'interpréta au  Chat Noir chez Rodolphe Salis, sur une musique de Gabriel Dupont, puis Yvette Guilbert la reprit.

Je l'ai découverte un soir, dans l'ambiance feutrée du cabaret du Lapin agile et depuis, ne l'ai pas oubliée...

La voici:

 

Y avait un' fois un pauv' gas,

Et lon lan laire,

Et lon lan la,

Y avait un' fois un pauv' gas,

Qu'aimait cell' qui n' l' aimait pas.

 

Ell' lui dit: Apport' moi d'main,

Et lon lan laire et............

Ell' lui dit: Apport' moi d' main,

L' coeur de ta mèr' pour mon chien !

 

Va chez sa mère et la tue,

Et lon lan laire et............

Va chez sa mère et la tue,

Lui prit l' coeur et s'en courut.

 

Comme il courait, il tomba,

Et lon lan laire et............

Comme il courait, il tomba,

Et par terre l'coeur roula.

 

Et pendant que l' coeur roulait,

Et lon lan laire et............

Et pendant que l' coeur roulait,

Entendit l' coeur qui parlait.

 

Et l' coeur disait en pleurant,

Et lon lan laire et............

Et l' coeur disait en pleurant:

T'es-tu fait mal, mon enfant ?

 

Curieusement, je l'ai retrouvée dans le répertoire de Fabrizio de André qui en a composé la musique, l'a augmentée de plusieurs couplets et l'a chantée sous le titre de "La ballade de l'amour aveugle".