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08/06/2012

RETOUR A VEZELAY

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On vient à Vézelay, sur la « colline éternelle », pour voir la merveille architecturale et le site exceptionnel où s’acheminèrent tant de pèlerins.

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Comme eux, on monte à la basilique Sainte Marie Madeleine par une rue pentue toute droite qui prend naissance entre deux hauts piliers de facture classique. Dans sa partie haute, cette voie se divise en deux branches dont l’une débouche sur l’esplanade de l’abbatiale et dont l’autre, par des ruelles empierrées, contourne l’édifice qu’on aborde en traversant les terrasses du rempart.

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Sainte Marie Madeleine, sur son empilement de calcaires oolithiques déposés sur le lias, coiffe la colline en couronne de gloire. Devant elle, comme devant Chartres, Bourges, Amiens ou Reims, le cœur s’ouvre.

C’est à la faveur de la première croisade prêchée sur les lieux en 1096 par Urbain II qu’est décidée la construction de l’abbaye. Consacrée en 1104, elle est achevée en 1215.

Ayant souffert des guerres de religion, de la Révolution française et du manque d’entretien, la basilique fera l’objet de travaux de restauration dirigés par Viollet le Duc en 1840.

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La basilique de Vézelay abrite des reliques de Sainte Madeleine apportées en 882 de Saint Maximin de la Baume par le moine Badilon. Madeleine devient officiellement sainte patronne de l’abbaye en 1050, par bulle pontificale. Dès lors, ce lieu sacré qui vit prêcher trois croisades, ne cessera d’être visité par les pèlerins.

Célèbre par son saint édifice, Vézelay l’est aussi par les personnalités qui y virent le jour, y demeurèrent ou y décédèrent.

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Et parmi les premiers, le disciple de Calvin Théodore de Bèze, né en 1519 au 55 de la rue Saint Etienne.

Autre enfant de Vézelay, le Général d’Empire Borne Desfournaux (1767-1849).

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Maison de Georges Bataille

L’écrivain Georges Bataille habita la maison qu’on voit 3 place du Grand Puits. Romain Rolland y est mort en 1944 au 18 de la rue Saint Etienne.

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Maurice Clavel et Jules Roy —ce dernier décédé en 2000— sont tous deux enterrés à Vézelay. Enfin Serge Gainsbourg choisit le lieu, plus exactement au pied de la colline à Saint Père de Vézelay, pour vivre 6 mois à l’Espérance, chez Marc Meneau, peu de temps avant son décès survenu le 2 mars 1991.

Découvrir ou redécouvrir Vézelay, c’est avant tout être attentif à ce qui rend l’endroit singulier, pour ne pas dire unique. Tout y est resté ou à peu près en l’état de ce que le lieu était à la fin du XIXe siècle.

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Vieille auberge ayant gardé tout son caractère

C’est-à-dire à l’abri des dégradations majeures. Pas des mineures hélas ! Et pourtant, ici comme au mont Saint Michel, à Cordes ou à Saint-Cirq-Lapopie, on aurait pu s’attendre à ce qu’aucune faute ou erreur d’appréciation n’ait été commise. Il n’en est rien et c’est d’autant plus regrettable que colline et basilique ont été inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco en 1979.

Ces fautes, il faut les voir dans les détails que l’œil averti, plutôt que celui du touriste, saisira immédiatement.

Et d’abord à commencer par la rue principale, pavée en 1775 et qu’on a bitumée depuis pour des raisons, sans doute, de commodité ( !). Ensuite, par les traitements infligés à nombre des maisons qui bordent la rue et dont la plupart ont été dépouillées de leurs enduits anciens à la chaux. Enfin, par la façon dont beaucoup de boutiques ont été rénovées sans tenir compte de leur facture initiale. Ce qui est vrai pour ces boutiques, l’est aussi pour nombre de menuiseries dont ni les proportions, ni le dessin d’origine n’ont été respectés. Quant à leur coloration, on chercherait vainement le gris zinc ou gris plomb qu’on aurait aimé retrouver sur elles.

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Il faut, si l’on veut gommer ces fautes, passer par les ruelles adjacentes et les petites cours dérobées au regard où l’on aura toutes les chances de retrouver l’ambiance de la « vieille province ».

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Les sols en sont encore pavés, les menuiseries sont anciennes et leur couleur est toujours la même. Ce qui nous semble aujourd’hui insolite et qui était d’usage hier tire l’œil, comme les poulies des lucarnes ou celle du puits, la vieille horloge, les grilles et les rambardes.

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Mais on y fera d’autres découvertes pour peu qu’on soit attentif, ainsi, des soupiraux ou des entrées de cave nous surprendront par ce qu’ils recèlent, telle cette colonne au chapiteau à crochets soutenant des voûtes d’arêtes. Il arrive que ces caves soient inondées. Certaines ont peut-être été utilisées comme citernes.

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La ruelle qui passe devant la maison de Jules Roy et qui prend naissance devant celle de Georges Bataille débouche sur l’esplanade de la basilique et les terrasses ombragées qui surplombent la campagne  avallonnaise.

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La muraille ceinture la colline sur près de deux kilomètres ; épaisse de deux mètres, elle peut atteindre dix mètres en son plus haut.  En contournant la basilique par le sud la vue est surprenante sur l’unique tour qui s’élève au dessus de l’immense vaisseau de pierre.

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Une frise de modillons aux têtes grimaçantes orne l’entablement du narthex. Dès qu’on pénètre à l’intérieur du saint lieu, on est surpris par la beauté du narthex et du tympan de son portail.

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Sitôt après l’avoir passé c’est l’apothéose, l’immense nef tout illuminée de clarté diffusée par les hautes verrières, et puis ce chœur, tout au fond, qui resplendit comme l’étamine à l’extrémité de sa tige.

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Les imagiers du Moyen Age ont inscrit leurs messages dans les sculptures des chapiteaux, tel ce christ en sa mandorle qui maîtrise l’émotion et les passions, et les tailleurs de pierre ont laissé leurs marques au sol, sur le carreau impeccable aux tonalités chaudes.

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Et puis il y a le mystère de la crypte, dans laquelle il faut descendre pour voir comment la basilique est assise solidement sur le rocher qui cache dans son sein, en une châsse d’or, la relique apportée de Provence par le moine Badilon… du moins, c’est ce que rapporte la légende.

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On ne quitte pas Vézelay sans se retourner, et si l’on veut goûter la beauté du paysage, on descendra par la route d’Asquin, un beau village, un parmi ceux qu’à semé à ses pieds la « colline éternelle » sur cette vieille terre de France tout empreinte de sérénité.

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13/12/2011

RETOUR A BEAUNE

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A Beaune est associé le nom des remarquables hospices de l’Hôtel Dieu et celui de leurs prestigieux vignobles. C’est aux libéralités de Nicolas Rolin et de son épouse Guigone de Salins qu’on doit ce patrimoine hospitalier remarquable classé monument historique en 1862. Nicolas Rolin (1376-1462), chancelier du Duc de Bourgogne Philippe le Bon, fit édifier l’Hôtel Dieu au XVe siècle en 1443, à seules fins d’y soigner les pauvres et les indigents. En janvier 1452, l’hôpital reçoit son premier malade et ne cessera d’en recevoir jusqu’au XXe siècle, confiés aux bons soins des Sœurs Hospitalières de Beaune (ordre fondé en 1459).

Les hospices regroupent plusieurs bâtiments édifiés autour de trois cours sur d’importantes caves dans lesquelles sont entreposés les grands crus de leurs 60 hectares de vignes (côtes de Beaune et côtes de Nuits). C’est en effet grâce à la vigne que cet établissement de charité a pu fonctionner sans interruption pendant 500 ans ; c’est grâce à elle qu’il a pu être entretenu et restauré. C’est toujours grâce à elle qu’il peut assurer aux 400 000 visiteurs qui se pressent chaque année à ses portes un accueil et une visite de qualité.

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L’architecture de cet ensemble bâti exceptionnel est demeurée telle —ou à peu près— de ce qu’elle était à l’achèvement de sa construction. Les tuiles plates vernissées, aux couleurs rouge, brune, verte et jaune, typiques de la tradition bourguignonne, couvrent toujours une partie de ses toits. Simplement, et on le comprendra, ce ne sont plus celles d’origine, elles ont été remplacées entre 1902 et 1907 par l’architecte Sauvageot. La grande salle, et la flèche qui la couronne sont restées fidèles à l’ardoise, dans la tradition flamande.

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Au milieu de la cour principale revêtue de pavés s’ouvre la bouche monumentale d’un puits gothique.

Ici, tout mérite qu’on s’attarde à le détailler, à l’extérieur comme au-dedans. Mais le plus surprenant est assurément la grande salle de 50 mètres de long, 14 de large et 16 de hauteur dans laquelle deux suites de lits pouvaient accueillir un grand nombre de malades à raison de deux pour chaque couche accompagnée d’un mobilier sommaire composé d’un coffre et d’un chevet.

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C’est au gendre de Violet le Duc que l’on doit la reconstitution de ce mobilier, en 1875.

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Dépouillés de leur décor d’origine, les murs restent austères, mais la charpente en carène de navire aux poutres décorées est une splendeur.

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Caractéristiques de l’art médiéval, les engoulants mangent les têtes des entrais de section octogonale, chargés de sentences et de décors à l’ocre naturel et au bleu marial ; des têtes grotesques les accompagnent, ainsi que les imagiers du moyen âge se plaisaient à les faire.   A l’extrémité de cette salle, la chapelle décorée à l’origine par le triptyque de Rogier van der Weyden, abrite le tombeau de Guigone de Salins décédée en 1470.

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Partout, au sol comme après les murs, et jusque sur les solives des charpentes, on peut voir les décors voulus par Nicolas Rolin en hommage à son épouse, la seule dame de ses pensées : la tour, les clefs, l’oiseau, l’étoile et la devise « Seulle ». Tu es ma seule étoile…

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A plus haut sens, et notant que dans « Seulle » il y a « elle su », j’y verrais assez ce message à peine crypté : « Seulle, elle su libérer (la clef) par l’amour (l’étoile), l’âme (l’oiseau) du corps (la tour). L’oiseau se tient sur un rameau qui ressemble quelque peu aux vaisseaux d’un cœur. L’amour, la mort, l’a-mor unissent les époux ainsi que le confirme le monogramme aux initiales entrelacées.

De la grande salle, on passe à la salle Saint Hugues richement décorée mais aux dimensions plus modestes, destinée à accueillir les malades aisés. Ici, les muséographes ont mis en scène, dans une ambiance qui pouvait être celle de l’Hôtel Dieu au temps de son activité, le personnel hospitalier et ses malades.

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Accrochés aux murs de la salle Saint Nicolas, blanchis à la chaux sous un haut plafond au solivage à la française, on peut lire les sentences et recommandations à l’intention des moribonds, véritable « ars moriendi » en façon de consolation.

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Sous cette salle, et servant d’égout aux eaux usées coule la Bouzaise qui se montre au travers d’un vitrage ménagé dans le dallage.

La cuisine répond aux exigences du lieu. Et pour nourrir son grand nombre de patients sans compter le personnel de la communauté, la cheminée monumentale équipée de son tourne broche automatisé en 1698 est à la hauteur de ce qu’on devait en attendre, ainsi que le sont les fourneaux, leurs robinets à col de cygne, et la batterie des cuivres suspendus aux servantes au dessus des lourdes tables et des buffets.

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L’apothicairerie, qui sépare la cuisine de la salle Saint Nicolas, n’a rien à lui envier tant elle aligne de bocaux en verre ou en faïence dans ses placards vitrés.

 

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On aura remarqué, passant d’une salle à l’autre des détails témoignant d’un savoir faire artisanal maîtrisé : tel congé prismatique dans l’embrasure d’une fenêtre, tel linteau en accolade typique du XVe siècle au-dessus d’une porte, telle menuiserie passée à l’ocre rouge, tel décor peint, tels traitements de sols…

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Et bien sûr on s’attardera, quand enfin on l’aura en face de soi, à détailler le chef d’œuvre  de van der Weyden représentant sur les panneaux extérieurs de son triptyque les deux donateurs : Nicolas Rolin et Guigone de Salins.

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Et puisqu’on est à Beaune pourquoi ne pas le dire ? Comment, quittant ces lieux chargés d’histoire et respectés dans leur intégrité, ne pas être surpris, ou plutôt irrité, par l’affront fait à nombre de façades anciennes du patrimoine urbain ?

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On mesure, ici comme ailleurs, combien la protection des abords des monuments historiques n’a guère de sens, combien elle est inefficace ou inapplicable et on en tire la conclusion que les architectes des bâtiments de France soit n’ont aucun pouvoir, soit n’ont aucune culture, car s’ils en avaient, jamais ils n’auraient admis qu’on massacre les façades classiques en les dépouillant de leur enduit à la chaux d’origine, pour mettre à jour leur squelette, le plus souvent rejointoyé au ciment. A l’inverse, tel autre immeuble cuirassé de béton, qui laisse encore deviner par la seule moulure de sa corniche qu’il fut autrefois appareillé comme les autres en pierre de Bourgogne, se trouve défiguré par le procédé opposé à celui appliqué aux précédents.

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Il faut ajouter à sa dégradation le balcon filant et sa rambarde, les menuiseries, enfin, le décor dans son ensemble. Tout, ici, insulte le patrimoine authentique en dérogeant au vocabulaire de l’architecture traditionnelle de la vieille ville.

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En parcourant les rues de Beaune (qui devrait être bourg d’exception) on mesure le mal fait et on voit combien, ici comme ailleurs, ces erreurs, hélàs, sont répétées… Elles témoignent de la faillite architecturale et urbaine de notre temps qui ne s’inscrit plus dans la continuité en même temps qu’elles sont le résultat de l’ignorance professionnelle qui en dit long sur l’absence de formation sérieuse aux techniques de restauration des métiers du bâtiment. Et ne parlons pas des maîtres d’ouvrage qui la plupart du temps n’y entendent rien, ainsi d’ailleurs que des élus, sans parler des préposés de l’administration auxquels on n’en demandera pas tant ! Ces erreurs se voient malheureusement partout, dans les plus reculés des villages, dans les bourgs de caractère, comme au cœur des villes d’art et d’histoire…

Existe-t-il un remède à la sottise et à l’ignorance ? Je me suis posé la question en quittant Beaune précisément au moment où, levant la tête, j’ai lu ceci, au fronton de cette lucarne : « HUMILITE et VERTU »

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Elle en dit long, elle aussi, sur ce que notre monde a perdu et qu’il continue de perdre…

09/11/2011

DIJON AU FIL DES RUES

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La victoire ailée de la place de la République veille sur la ville aux cent clochers qui fut, jusqu’au XVe siècle, capitale de l’ancien duché de Bourgogne.

Aujourd’hui capitale régionale, Dijon, dont la renommée dans le domaine de la gastronomie comme dans celui des arts n’est plus à faire, a conservé suffisamment de témoins architecturaux des siècles passés pour qu’on ne doute pas qu’elle fut –et qu’elle demeure- l’une des cités la plus prestigieuse de France.

Pour découvrir une ville, rien ne vaut que de la traverser à pied, faute de quoi le regard, à trop embrasser et trop vite, se perd en conjectures sur ce qu’il faut en retenir. C’est qu’il balaye confusément sans voir, comme le font ces touristes promenés dans de petits trains. Les découvertes se méritent, et il convient de s’y préparer, comme un  traqueur  à l’affût. Et il ne faut pas craindre de revenir sur ses pas au risque de passer à côté de ce qui nous attendait : tel petit « détail » qui mérite qu’on s’y attarde et que peut-être, les plus proches des riverains n’ont jamais vu…

Dijon, comme toutes les villes qui ont une histoire, fourmille de ces trésors sur la piste desquels il faut savoir se placer.

Les monuments en font partie, mais eux sont tellement « évidents » qu’ils s’imposent d’eux-mêmes. Et pour peu qu’on passe à côté, ou qu’on n’ait pas le temps de les visiter, on se consolera en les retrouvant dans les pages des ouvrages d’art et d’histoire qui leur sont consacrés…

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L’église Notre-Dame marque le cœur de la vieille ville ; sa flèche élancée et ses quatre clochetons gouvernent les toits pentus revêtus de tuiles plates.

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A son pied, la rue de la chouette, plutôt ruelle que rue d’ailleurs, tire son nom du petit animal sculpté dans le congé d’un contrefort de l’une des chapelles de l’église.

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Affectionnée des dijonnais qui ne manquent pas de la gratifier d’une caresse au passage, l’icône, à ce qu’on rapporte, aurait le pouvoir d’exhausser les vœux. L’état d’usure de son plumage témoigne assez du nombre de mains qui se sont posées sur son aile !

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Ce jacquemart qui sonne les heures, rappelle qu’il y en eu ici comme ailleurs, d’heureuses et de terribles ; les voussures des portails de l’église Notre Dame orphelines de leurs statues matraquées par le vandalisme révolutionnaire de 1794 en savent quelque chose !

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Pour peu qu’on lève les yeux, on voit, aux linteaux des portes et des fenêtres, sur la rue ou dans des cours d’hôtels particuliers, des têtes sculptées qui n’ont rien à envier aux mascarons de Bordeaux.

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Les engoulants et autres figurines ouvragées dans les sablières des maisons à pans de bois disent assez bien l’art des charpentiers du moyen âge et de la renaissance.

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Les sculpteurs classiques et les tailleurs de pierres ont laissé dans les palais et les hôtels particuliers des chefs d’œuvres de finesse et de précision, telle cette frise en encorbellement sur arcade, ce monogramme ou cette console de balcon.

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La couleur est omni présente à Dijon qui a conservé de la tradition bourguignonne l’art de pavoiser ses rues. Elle a su se limiter à la rue et aux boutiques en n’affectant pas l’ordonnance architecturale des façades, comme on le voit bien souvent à l’heure actuelle dans les « rénovations » à la mode de trop de cœurs de ville. On ne dira jamais assez que c’est la matière même de la pierre de taille, la terre cuite de la tuile, l’oxydation du cuivre, la patine du zinc, les gris colorés des menuiseries qui assurent la beauté des monuments qu’ils habillent. C’est tellement vrai pour les menuiseries qu’elles doivent le plus souvent rester monochrome pour les fenêtres en accordant une autre valeur à la porte d’entrée.

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Remarquons combien le « gris zinc », partout présent en France, ou l’ « ocre jaune », était par excellence la couleur privilégiée  des palais comme des maisons les plus humbles.

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On comparera la tonalité de ces contrevents ajourés à la française avec celle du zinc patiné de cet ouvrage et on verra que c’est la même.

De même s’inspirera-t-on avec bonheur du vert de gris de ce clocher ou de ce dôme pour l’appliquer sur des ferronneries ou des menuiseries.

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Franchissons le seuil d’une église ou d’un palais et laissons nos yeux émerveillés se poser sur la beauté des œuvres sorties des mains d’artisans passés maîtres dans leur art. Voici la tour lanterne de Notre Dame et ses verrières au travers desquelles brillent les premiers éclats de l’étoile du matin.

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Voici le grand escalier du palais des états et ses degrés de pierre que foulèrent les princes.

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Voici, pratique assez peu courante pour qu’elle vaille d’être montrée, de faux vitraux dus au pinceau d’un artiste oublié…

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Traversons le marché couvert qui a su conserver son architecture de briques et de métal ainsi que l’a voulu l'entreprise Eiffel en 1868.

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On n’en finira pas d’arpenter les rues de Dijon sans se lasser. Du pavé aux faîtages, partout, on sera surpris par quelque chose de remarquable, voire d’insolite.

Remarquable comme cette grille à piques de hallebarde, ou ce fleuron habilement forgé ; ce coq en mosaïque ou cette enseigne en drapeau, meublée d’apothicaires.

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Insolite comme cette souche de cheminée en voie de dégradation qu’on a « chaussée » d’un filet bleu de cobalt au dessus duquel  trône le rouge brique des mitres de poterie.

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Insolite et surprenant comme ce nid béni des dieux, symbole de la vie qui sans cesse se renouvelle…

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...et s’en va, ainsi que le dit au passant ce crâne en médaillon maçonné dans le mur de l’église, gravé par une main anonyme depuis longtemps sous les terreaux.

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Il demeure, en quoi réside sa secrète beauté et nous passons, en quoi, sans doute, réside la nôtre…

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