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16/10/2021

16 0CT0BRE 1793

Exécution place de la Révolution à Paris (actuelle place de la Concorde) le 16 octobre 1793 à 12H 15, de la Reine Marie-Antoinette.

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La Reine fut conduite à l’échafaud à l’issue d’un procès convenu qui dura deux jours et auquel ses deux défenseurs, Chauveau-Lagarde et Tronçon- Ducoudray, furent commis d’office.

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A 4H du matin, le 16 octobre, la sentence tombe : l’infortunée reine de France sera exécutée le jour-même.

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La Reine se prépare et vers onze heures, quitte la Conciergerie pour monter dans la charrette qui mettra une heure pour gagner le lieu du supplice. Les mains liées, la condamnée est placée face au peuple et non dans le sens de la marche, comme elle le souhaitait. L’abbé Girard, prêtre constitutionnel dont elle refusera les secours de la religion, est à ses côtés.

Arrivée devant l’échafaud, la Reine s’y précipite et parvenue au fait de l’échelle de meunier, tombe sur les peids du bourreau Sanson… C’est alors qu’elle a ses mots dont l’histoire s’est fait l’écho : « Monsieur, je vous demande pardon, je ne l’ai pas fait exprès. »

A 12H 15 précises sa tête tombe et selon la coutume, le bourreau ou l’un de ses aides s’en empare pour la montrer au peuple…

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Georges Lenôtre a bâti son ouvrage intitulé « La captivité et la mort de Marie-Antoinette » à partir des relations de témoins oculaires et de documents inédits. La lecture en est des plus intéressante. On y apprend, entre autre, comment fut découvert chez Robespierre après sa mort, dans une cache ménagée sous le lit, le testament de la Reine, ainsi que divers documents relatifs à sa captivité. On y apprend surtout quel fut le cheminement de cette précieuse relique échappée par miracle aux désastres du temps.

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En voici le texte, écrit le 16 octobre 1793 à 4H et demie du matin, et qui ne sera jamais parvenu à sa destinataire, Madame Elisabeth, puisqu’il sera subtilisé le jour-même.

 

 

ce 16 8bre à 4 h ½ du matin

C’est à vous, ma Sœur, que j’écris pour la dernière fois. Je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère ; comme lui innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la consience[sic] ne reproche rien, j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n’existois que pour eux, et vous, ma bonne et tendre Sœur : vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous ; dans quelle position je vous laisse ! J’ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille étoit séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevroit pas ma lettre je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra, recevez pour eux deux ici, ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins. Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer, que les principes, et l’exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle, en feront le bonheur ; que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a, elle doit toujours aider son frère pour les conseils que [rature] l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils à son tour, rende à sa sœur, tous les soins, les services que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu’ils prennent exemple de nous, combien dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolations, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. J’ai à vous parler d’une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant, doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère Sœur ; pensez à l’âge qu’il a, et combien il est facile de faire dire a[sic] un enfant ce qu’on veut, et même ce qu’il ne comprend pas, un jour viendra, j’espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurois voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais, outre qu’on ne me laissoit pas écrire, la marche en a été si rapide, que je n’en aurois réellement pas eu le tem.

Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée, n’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposeroit trop, si ils[sic] y entroient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que dans sa bonté il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtems pour qu’il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tout ceux que je connois, et à vous, ma Sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurois pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes [rature] et à tous mes frères et sœurs. J’avois des amis, l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant, qu’ils sachent, du moins, que jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre Sœur ; puisse cette lettre vous arriver ! pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants ; mon Dieu ! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu ! je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être, un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger.

Cette lettre, remise par la reine au concierge Bault, fut transmise à Fouquier-Tinville qui la parapha et la conserva quelque temps. C’est Courtois député de l’Aube et rapporteur de la Commission chargée d’examiner les papiers de Robespierre qui la récupéra et la tint secrète jusqu’au moment où il décida de s’en dessaisir en 1816.

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La Reine, quinze jours après sa décapitation fut inhumée par le fossoyeur Joly, dans un coin du cimetière de la Madeleine, non loin de son époux. Lenôtre, dans son ouvrage, donne le plan du quartier permettant de localiser l’emplacement des sépultures.

L’exhumation des corps aura lieu en Janvier 1815.

Le 21 du même mois, les restes de Louis XVI et de Marie-Antoinette furent solennellement portés dans le caveau des Bourbons en l’église de Saint-Denis.

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La chapelle expiatoire du square Louis XVI, rue d’Anjou, inaugurée en 1826, fut élevée sur ordre du roi Louis XVIII à l’endroit même où avaient été inhumés les corps…

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Qui se souvient aujourd'hui de la Reine, sinon ceux demeurés fidèles au Coeur du Roi ?

NON SOLUM IN MEMORIAM SED IN INTENTIONEM

02/09/2021

CELINE NE REPOSE PAS AU PANTHEON

Céline ne repose pas au Panthéon mais il est immortel, la preuve, on vient de retrouver les manuscrits volés dans son appartement du 4 de la rue Girardon après son départ le 17 juin 1944, direction Sigmaringen puis Copenhague à travers l’Allemagne en feu.

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Ces manuscrits, on n’y croyait plus jusqu’à ce que Le Monde nous apprenne leur restitution le 4 août dernier.

Quatre août ! drôle d’anniversaire, abolition des privilèges il ya 232 ans, abolition d’un secret littéraire et quel ! il y a 28 jours… Publiée à 17H 55 et mis à jour le 5 août à 5H31 dans la nuit, comme en 1789, cette nouvelle extraordinaire fit l’effet d’une bombe dans le monde des lettres ; quant au monde des céliniens, inutile de dire quel en fut l’accueil !

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Pourtant les radios obliques et les medias en général n’en firent guère echo contrairement au matraquage covidien ininterrompu.

Cette découverte inespérée doit beaucoup pour ne pas dire tout à Jean-Pierre Thibaudat mandaté par d’obscurs détenteurs entre les mains desquels ce trésor avait échu après la libération.

On lira avec intérêt la relation qu’il en donne dans Médiapart :  https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/060...

On avait donc bien volé les manuscrits de Céline. On les avait volés mais on les avait conservés. Imaginons deux secondes qu’on les ai laissés sur place, qu’en serait-il advenu dans la tourmente « libératrice » ? Comme le craignait leur auteur, ils auraient peut-être fini, partie dans le caniveau, partie dispersés aux quatre vents...

Après un itinéraire rocambolesque qui vaut celui relaté dans « Nord », le voilà donc devenu immortel ce mètre cube de manuscrits miraculeusement restitués.

Pour tous les céliniens, maintenant, le rêve est devenu réalité, j'attends pour ma part, entre autres la suite de "Casse-pipe" avec impatience !

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30/05/2020

IN MEMORIAM JOANNA PUELLA DEI

 

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(Monument de Bonsecours, oeuvre d'Ernest BARRIAS)

 

Rouen, 30 mai 1431 place du Vieux Marché, l'abominable s'accomplit...

Il y a de cela 589 ans.

Voici un extrait de l'ouvrage du RP Paul DONCOEUR " Le Mystère de la Passion de Jeanne d'Arc", suivi de la prière dite sur la tombe de Charles Péguy:

 

«  Dans le soufre, le charbon et l’huile, une torche nouvelle ajoute sa flamme, et au loin, par crainte du feu, passent les curieux en se signant.

Enfin l’estache s’effondre. Une nuée d’étincelles rejaillit du brasier. L’œuvre du feu est faite.

Dans les cendres qu’il remue, le bourreau Thirache trouve un cœur, lourd de sang, qu’il montre à Jean Fleury, secrétaire du Bailly.

Et, « nonobstant l’huile, le soufre, et le charbon qu’il avait appliqué contre les entrailles et cœur de ladite Jeanne, toutefois, il n’avait pu aucunement consumer ni rendre en cendres les breuilles ni le cœur ». De quoi à trente ans de là le malheureux se souviendra comme d’un miracle tout évident ».

Dans les rues, c’est une stupeur.

Le bourreau, comme fou, a couru rejoindre frère Ladvenu en son couvent, pleurant, suppliant une absolution :

- Jamais je n’aurai le pardon de Dieu, j’ai brûlé une sainte !

La place est un désert qu’emplit l’effroi.

Vers 4 heures l’aide du bourreau a démoli le socle de plâtre et ramassé dans un tombereau les cendres. Il a, dans une pelle, le cœur.

Qu’en faire ?

Le cardinal d’Angleterre a répondu de jeter tout cela à la Seine.

Vers 5 heure, du pont Mathilde, un sac est lancé et disparaît, roulé dans le courant.

Sonnaient les cloches des vêpres du Saint Sacrement.

Mysterium fidei

 

SUSCIPE SANCTE PATER

HANC IMMACULATAM

HOSTIAM

 

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(Oeuvre d'Ernest BARRIAS, à Bonsecours colline des aigles)

 

Jeanne, sœur tout aimée, pouvons-nous vous parler à genoux ?

Ils ont voulu que la poudre de « votre corps fût jetée par sacs en la rivière, afin que jamais sorcherie ou mauvaiseté on n’en put faire ou proposer ». Ils ont voulu qu’il n’y eût pas un coin de terre française où vos petits frères puissent venir s’agenouiller pour vous demander le courage ;

Sainte Jeanne, sœur tout aimée, cette poussière c’est dans nos cœurs qu’elle est tombée et repose.

Au pont Mathilde, les 30 mai, vos petites sœurs de Rouen jetteront chaque année des roses blanches pour en couvrir la Seine votre tombe.

Mais, tant que France sera, sachez que vos sœurs et vos frères cadets renouvelleront ce jour-là, le serment silencieux par lequel, avec vous, ils donneront leurs rêves de 20 ans, et s’il plaît à Dieu, pour la France, brève ou longue, leur vie.

Villeroy, le 5 septembre 1930

Sur la tombe de Péguy