14/12/2009
LES VIEILLES
Elles ont des yeux terribles
Les vieilles
Qui traversent les landes
Sous le ciel.
Elles portent sur leur dos
Des fagots
Qu'elles ont coupé dans les brandes.
Elles ont,
Quand on s'approche d'elles,
Cette odeur de varech
Bien reconnaissable
Et d'étable.
Elles font,
Quand elles marchent,
Flic-floc
Sur le sable des grèves
Dont l'algue crève
Sous leurs bottes.
Qui dira où elles vont
Sous le ciel sale ?
Qui dira où les poussent les rafales ?
Dérivent-elles vers leurs masures,
Ou les murs des cimetières,
Ou les calvaires
Aux blessures altières ?
Elles vont,
La main crispée sur leur bâton noueux
S'enfoncer dans la nuit
Et faire crisser le mâchefer des chemins creux.
Et les ténèbres les mangeront
Sur un cri,
De chouette ou de hiboux
Dans les buis...
Crédit photo: Emmanuel ARMAND
10:01 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vieilles, hiboux, brandes
26/11/2009
FENRIR
Le loup de fer a croqué le soleil
Un vilain jour.
Il est sorti, pas de velours,
De la forêt métallique
Avec sa suite
Et s'est campé dans la clairière,
Toute une nuit, tranquille et fier,
Auréolé de brume
Et de lumière de lune.
Il a couru quarante tours
Entre les troncs d'aluminium
Avant d'atteindre un jour
La grande ville des hommes
Alors,
Il s'est assis sur le rocher de pénitence
Qui tout en haut de la montagne
S'avance,
Bien au-dessus des fins clochers
Et du fourmillement des toits et des fumées.
Il s'est assis, le loup de fer,
Dessus sa patte repliée.
Il a compté les cheminées
Et les toitures des usines
Et les machines,
Et sur un signe,
Il a lancé toute sa horde et ses petits
Dans la vallée.
11:13 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : loup, soleil, machines
20/11/2009
LES CORBEAUX
Les corbeaux que novembre amène avec lui
Défilent en colonie,
Là-haut.
Leurs redingotes mal boutonnées
N'enveloppent qu'à moitié
Leurs corps flétris.
Et le vent souffle là-dedans
Et les transperce infiniment
Et les meurtrit.
Et cela va, et vient, lutte, bataille et crie
Dans la tourmente
Et se démembre
Et se déhanche.
Quand leur nuage noir
A la tombée du soir
Soudainement
S'abat en tournoyant dessus les champs
Jusqu'à ce qu'ils s'égayent
Pour la relève,
C'est pour chercher
La semence des blés
Comme ils faisaient naguère ripaille
Des yeux des morts sur les champs de bataille.
D'autres viendront
Qui les suivront,
A leur heure,
Car les corbeaux sont les grands nettoyeurs
Qui jamais ne se lassent,
Du temps qui passe.
11:23 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corbeaux, redingotes, morts