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16/02/2011

BULLETIN CELINIEN

Bulletin célinien N° 327

 

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Consacré pour l’essentiel aux réactions entraînées par la décision du Ministre de la Culture de retirer le nom de Céline du recueil des célébrations nationales 2011, ce numéro de février reprend un très beau texte de Jean DUTOURD écrit en 1972, à l’occasion de la mort de Lucien Rebatet. On y trouvera également la suite de l’étude de Laurie VIALA (Illustrer le texte célinien, III), ainsi qu’un calendrier dressé par l’éditorialiste pointant les principaux refus de toutes les tentatives visant à rendre hommage à l’écrivain.

2011, n’en déplaise à certains sera l’année Céline par excellence et tous les commémorés, soyons en sûr, ne seront pas de taille à y porter ombrage. Saluons pour commencer l’initiative de France Culture qui diffuse cette semaine, tous les soirs à 20 heures, quelques unes des interviews peu connues. C’est toujours un plaisir de les redécouvrir et c’en est un assurément de les entendre pour la première fois.

Comme le note Marc LAUDELOUT dans son éditorial, à présent que 10.000 exemplaires du premier tirage du recueil sont passés au pilon : « La morale républicaine est sauve et Serge Klarsfeld dit son « soulagement »…

On l’a compris, le maître chanteur –qui n’en est pas à son coup d’essai - a été entendu et deux fois plutôt qu’une par ses thuriféraires qui, quelle que soit leur place au plus haut niveau de l’Etat, ne sont à les regarder de près que ses sous-fifres ou, comme aurait dit elle-même la bête noire de monsieur Klarsfeld : des petits « à la manière de… ».

On imagine la réaction d’Henri GODARD (lequel avait rédigé le texte sur Céline) devant l’attitude du ministre ! Voilà de quoi vous débarrasser une fois pour toutes de vos illusions ! On consultera à ce propos la note de la page 9 du bulletin : « Monsieur Klarsfeld a le bras plus long que moi. »

On lira successivement les points de vue de Philippe BILGER, avocat général près la cour d’appel de Paris, et celui de Jérôme LEROY, écrivain et journaliste.

Nous retiendrons la conclusion du premier : « Ce serait une seconde mort de Louis-Ferdinand Céline (…) L’humanité dans sa totalité serait privée de lumières décisives sur elle-même si un ressentiment collectif, plus d’un siècle après sa naissance, parvenait à nous persuader que la morale du grand écrivain est plus importante que son œuvre.

Pour ma part je continuerai à lire avec passion Céline et même s’il avait été aussi un « parfait salaud », ce ne serait pas à d’autres qu’à moi d’en décider et d’en tirer les conséquences. »

Le second, qui observe que « les grands céliniens ont réglé ce problème des pamphlets quand ils veulent montrer la portée de cette œuvre majeure qui reçoit aujourd’hui les postillons d’indignés qui n’ont décidément que ça à faire. Ils prennent tout, dans sa globalité, ils n’éludent pas. » en profite au passage pour donner une leçon de grammaire à Monsieur Delanoë, lequel, encore une fois, a manqué l’occasion de se taire.

On lira enfin le point de vue de Pierre ASSOULINE, romancier, journaliste et critique littéraire qui, après avoir appris la décision du ministre, juge que « la volte-face est indigne et injustifiable. On saura désormais à quelle aune il convient de mesurer les prochaines décisions du ministre de la Culture. En attendant, son art consommé de la langue de bois lui permettra certainement d’expliquer comment son désaveu n’a en rien bafoué l’indépendance des historiens, conservateurs et universitaires membres du Haut Comité chargé de préparer les célébrations nationales. »

Parmi les nombreuses autres réactions, on retiendra celle d’Alain CORBIN : «… il y aura toujours quelqu’un pour dire qu’il est inadmissible de célébrer Thiers parce qu’il a écrasé la Commune, Turenne parce qu’il a ravagé le Palatinat et Rousseau parce qu’il a abandonné ses enfants. » ; celle d’Anne  KLING : «  … on en arrive tellement au stade de la caricature dans les exigences formulées et les empressements serviles à y répondre qu’il faut ça pour dessiller certains yeux qui n’avaient pas encore saisi l’ampleur de la chose. En ce sens, ces dérisoires polémiques, parfaitement à l’image d’un pouvoir lui-même minable, sont des plus utiles et nécessaires. » ; et celle de Philippe REGNIEZ, éditeur : « Quant à la commémoration elle-même, outre qu’en retirer Céline est de la censure pure et simple, elle ne nous fait ni chaud ni froid quand on regarde les personnages qui ont les faveurs du ministère de la culture, et les noms de ceux qui aujourd’hui reçoivent la légion d’honneur. Grâce à Dieu, l’œuvre de Céline se place à un autre niveau et c’est à ce niveau-là qu’il convient de savoir si les Français d’aujourd’hui méritent ou non Céline. »

Félicitons Marc Laudelout d’avoir repris dans son bulletin l’article que fit paraître Jean Dutourd en 1972 dans l’hebdomadaire Matulu. On y retrouve tout le talent de notre cher académicien et surtout son discernement en face de la conjuration des imbéciles. Remplaçons le nom de Rebatet par celui de Céline et on aura la réponse qu’il aurait pu faire aux zélés censeurs du système :

« … un artiste est essentiellement un homme qui se métamorphose. (…) Evidemment, il est impossible de faire comprendre cela aux terroristes de la vie littéraire française qui ont des catégories mentales de conseillers municipaux. Pour eux, un individu comme Rebatet doit être supprimé ou tout au moins réduit au silence pour diverses raisons : parce qu’il est un grand pécheur, parce qu’il a choisi le noir au lieu du blanc (crime métaphysique), parce qu’il est un ennemi politique, enfin parce que le talent est par nature antipathique. »

C’est à un éloge de Tardi que se livre Laurie Viala dans la troisième partie de son étude et elle a raison, parce que l’illustrateur de Céline non seulement connaît tous les coins et les recoins du Paris de la jeunesse de Ferdinand mais aussi parce qu’il a été vérifier sur place le décor des théâtres d’opération extérieurs à la capitale. Et puis, comme l’auteur du Voyage, Tardi, il faut le reconnaître, excelle dans l’allégorie, dans « l’hallucination que la réalité provoque », pour ne pas faire mentir André Gide.

 

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On retrouve les mêmes décors et scènes de rue dans les fantastiques aventures d’Adèle Blanc-Sec, la couleur en plus, car Tardi, au même titre qu’un dessinateur, est un coloriste. A tel point que son trait noir et blanc et ses à-plats  qui illustrent le texte célinien, renferment aussi de la couleur ; mais il a eut raison, il fallait la suggérer ici et ne point la montrer : Le sang comme la boue se suffisent à eux-mêmes.

En lisant les « Années d’opprobres » qui couvrent la troisième de couverture de ce numéro 327, on se pose la question de savoir quelle nouvelle offense, quelle nouvelle insulte sera faite à la mémoire du veilleur de la route des Gardes. Hélas, il n’est plus là pour mordre ! C’est bien dommage…

 

06/02/2011

6 FEVRIER 1967

 

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Marie-Louise MOURER, célèbre actrice française des années cinquante, connue sous son nom de scène de MARTINE CAROL, décède le 6 février 1967 à Monte-Carlo d'un arrêt cardiaque.

Cette actrice talentueuse joua dans plus de cinquante films tournés par des cinéastes de renom parmi lesquels on compte Henri Decoin, Gilles Grangier, Marcel Carné, André Cayatte, René Clair, Christian-Jaque qui fut son époux, Sacha Guitry, Jean Delannoy, Max Ophüls, Terence Young et Georges Lautner. Elle connut ses heures de gloire avec les meilleurs interprètes du temps jusqu'à l'apparition de la nouvelle star Brigitte Bardot.

On se souvient de Caroline Chérie qu'elle incarna avec brio.

On se souvient peut être moins du rôle remarquable qui fut le sien dans "La Pensionnaire" film qu'Alberto Lattuada tourna en 1953, dans un hôtel de luxe de la Riviera italienne. On y retrouve le grand acteur que fut Raf Vallone.

 

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Née à Saint-Mandé le 16 mai 1920, cette étoile à la course trop brève n'aura vécu que 47 ans après avoir donné le meilleur d'elle-même. Elle repose au cimetière de Cannes.

 

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On consultera le site dans lequel Christophe BOURACHOT lui rend hommage. 

 

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LE TRIOMPHE DES VANDALES

 

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« Ils entrèrent sous une des rues couvertes, entre le pavillon de la marée et le pavillon de la volaille. Florent levait les yeux, regardait la haute voûte, dont les boiseries intérieures luisaient, entre les dentelles noires des charpentes de fonte. Quand il déboucha dans la grande rue du milieu, il songea à quelque ville étrange, avec ses quartiers distincts, ses faubourgs, ses villages, ses promenades et ses routes, ses places et ses carrefours, mise tout entière sous un hangar, un jour de pluie, par quelque caprice gigantesque. L’ombre, sommeillant dans les creux des toitures, multipliait la forêt des piliers, élargissait à l’infini les nervures délicates, les galeries découpées, les persiennes transparentes ; et c’était, au-dessus de la ville, jusqu’au fond des ténèbres, toute une végétation, toute une floraison, monstrueux épanouissement de métal, dont les tiges qui montaient en fusée, les branches qui se tordaient et se nouaient, couvraient un monde avec les légèretés de feuillage d’une futaie séculaire. »


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C’est comme ça que j’ai découvert les halles dans les premières pages du « Ventre de Paris », ensuite, je suis allé les voir pour en saisir l’esprit, sur le fil, juste avant qu’elles ne soient démolies.

Emile Zola fit paraître son livre en 1873, trois ans après l’achèvement des pavillons Baltard (édifiés entre 1854 et 1870), et curieusement, cent ans avant la démolition de leurs derniers témoins, en 1973… Ces chefs d’œuvre du Second Empire, esquissés par la main même de Napoléon III, auront traversé leur siècle et trois ans ; et sur ce point, il y a fort à parier que c’est un record auquel ne saurait prétendre l’ignoble « forum » qui a pris leur place. Néanmoins, cette faute architecturale et urbaine qualifiée de « forum » (c’est un comble !) qui le dispute à la tour Montparnasse, à la Défense et à nombre d’autres réalisations ponctuelles intra-muros, confirme et précise s’il est besoin le triomphe des vandales et signe en même temps la faillite d’un siècle qui ne sait plus rien élever de durable et de grand en dehors des grands ouvrages de travaux publics. Nous sommes sur ce point, un certain nombre à partager cet avis, et c’est d’ailleurs pourquoi j’emprunte le titre de cette note à Anne PONS qui publia dans l’Express du 17 novembre 1994 un article sur le vandalisme architectural à la faveur de la reprise de l’ouvrage incontournable de Louis Réau : « Histoire du vandalisme » (Collection « Bouquins », éditions Robert Laffont).

 

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Cette somme difficile à trouver est épuisée. Elle était d’autant plus intéressante qu’elle avait été augmentée par Michel FLEURY d’une mise à jour couvrant le trentenaire 1960-1990, autrement dit, celui des grandes catastrophes ; entendez par là des grandes commandes de l’Etat, lesquelles ne sont en réalité rien d’autre que le « fait du prince ». Enfin « prince » est un bien grand mot pour ces présidents que nous supportâmes et dont on connaît la sensibilité, la culture et le goût sous la Ve République ! Il suffit de fouiller un peu : Pompidou, Mitterrand, Chirac ? Une trilogie de béotiens en matière architecturale, et leurs conseillers itou. Pernicieux trio qui aura sacrifié Paris au snobisme de la jet society et de ses épigones…

Les deux premiers, par ailleurs excellents érudits littéraires, auraient été mieux inspirés s’ils avaient écouté sur le chapitre de l’architecture les hommes de l’art ; c’est-à-dire des Beaux Arts, des palais et des monuments nationaux, les architectes du patrimoine et les historiens, plutôt que de s’en remettre à leur jugement personnel et à leur inspiration du moment. Ligotés par l’exigence de modernité à laquelle ils avaient souscrit tête baissée, il fallait qu’ils laissassent à n’importe quel prix derrière eux n’importe quoi.

 

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Autant ne rien dire du troisième qui, trouvant le forum à son goût (rien d’étonnant) exigea qu’on y ajoutât de surcroît les hideuses  « girolles » qu’on sait. Rappelons, pour ceux qui l’auraient oublié qu’il fut maire de Paris et que, comme tel, à la fin de son mandat, il fut accouché d’un successeur qui trace aujourd’hui dans son sillage et aurait mieux fait d’aller chercher ses lettres de noblesse dans un salon de coiffure, plutôt que de les attendre sur le premier fauteuil de la mairie de Paris ! Ce sont ces gens-là et leur prétentieuse clique qui effacent d’un caprice et sans états d’âme un ou plusieurs siècles d’histoire et de mémoire patrimoniale nationale. Ne l’oublions pas. Paradoxalement et dans le même temps, ce sont les mêmes qui s’attachent à l’anecdotique, au rafistolage, au « pittoresque » dont sont friands les bobos. Sous le prétexte de rendre la ville au piéton, ils la truffent d’artifices et de gadgets aussi coûteux qu’inutiles qui en complexifient à outrance le fonctionnement. Dérogeant aux règles de base de la composition urbaine et des proportions, ils introduisent des « objets phares » là où ils n’ont pas leur place et où il eut été préférable de composer dans la continuité. Ce que n’ignoraient pas les urbanistes, les architectes et les ingénieurs de la vieille école.

Quand on leur avance qu’il faut conserver l’âme et le caractère de la ville, ils nous rétorquent qu’on ne va pas se mettre à la transformer en musée ; mais ce sont eux précisément, qui s’y livrent à leur manière en nous le reprochant ! Ils en font un mauvais musée qu’il traitent à la façon de la conception qu’ils se font de la chose (et sur ce point, je ne puis que déplorer la « grande pitié » des musées de France et la transformation malheureuse de la plupart d’entre eux ; j’aurai, je pense l’occasion de l’évoquer dans une prochaine note).

Qu’une ville évolue, quoi de plus naturel ? Après tout, la « cité » se comporte comme un organisme vivant, comme un arbre qui perd ses branches ou un oiseau qui perd ses plumes pour en voir pousser de nouvelles. Mais la charpente demeure, c’est l’habit qui se renouvelle, et lui seul. Ce que, pour ma part, je reproche aux « vandales » qui sévissent depuis plus de quarante ans dans le domaine de la construction en général, c’est de bafouer les règles classiques de la composition. C’est de vouloir s’imposer par le gigantisme, le tape à l’œil, les prouesses que permet la technique, l’extraordinaire par ailleurs qualifié de « génial » ; c’est de surfer uniquement dans le sillage de « lard » contemporain en « métissant » la ville à leur façon, qui s’inscrit dans la logique du village people et du mélange des genres.

Autant qu’on puisse en juger à ne considérer que la seule capitale, les transformations qu’elle a connues au cours des siècles et les grands travaux qui souvent l’ont embellie, loin de l’affecter, en ont plutôt rehaussé le caractère.

 

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C’est si vrai que ce qu’on retient de Paris c’est avant tout ses monuments classiques, ses grands boulevards, ses places et ses perspectives. Cela s’est fait au fil des ans au détriment de l’habitat civil médiéval et autres sacrifices de constructions sans doute de caractère. Il est certain que le baron Haussmann, en taillant dans la densité du tissu urbain, a dû abattre plus d’un édifice de qualité… Mais à la différence de ce qu’on peut reprocher aujourd’hui à la Défense et à bien d’autres secteurs de « rénovation » où sévissent les promoteurs, c’est qu’Haussmann, lui, a conçu son projet dans la cohérence, dans l’harmonie et la continuité. Ce qu’a fait Auguste Perret de son côté en reconstruisant le Havre détruite par les bombardements. On ne peut pas dire la même chose du quartier Montparnasse, sacrifié au gigantisme d’une tour qui n’a rien à y faire, ou de la Défense, qu’il ne me viendrait même pas à l’idée de traverser à pied ! ou des nombreux îlots défigurés du XIVe arrondissement.

Ce qui m’étonne dans tout ça, c’est qu’il ne se soit pas trouvé davantage d’opposants à ces projets barbares destinés d’ailleurs aux nouveaux barbares que sont les grands racketteurs du siècle toutes espèces confondues.

Dans son article, Anne Pons, qui a dû lire attentivement Michel Fleury retient que la Ve République prend le relais du vandalisme antérieur : « Les principales villes françaises sont dépouillées de leur manteau de pierre au profit des HLM et des grandes surfaces. Le forum des halles confond par sa laideur les démolisseurs de l’œuvre de Baltard. »

Il était évident qu’il fallait libérer le cœur de Paris d’un marché qui n’y avait plus sa place ; cette décision, ne serait-ce qu’ en raison de la salubrité publique, s’imposait et il ne serait venu à personne l’idée de la contester. Fallait il pour autant s’acharner à démolir l’œuvre de Baltard ? Assurément pas ; d’abord parce qu’elle pouvait prétendre à juste titre à l’inscription ou au classement au titre des monuments historiques, ensuite parce qu’elle était l’un des plus prestigieux témoin de l’architecture de métal du Second Empire, enfin parce qu’elle avait le mérite d’exister toute traversée qu’elle était de courants d’air, et par conséquent, de pouvoir faire l’objet d’une réhabilitation.

 

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Faire ce choix qui malheureusement n’a pas été fait, aurait permis de garder au quartier son caractère et sa population. Qu’est-ce qui empêchait en effet de regrouper sous une partie des pavillons Baltard le marché aux fleurs ? Qu’est-ce qui empêchait de trouver sous les autres des espaces culturels ? ou d’en faire la vitrine permanente de la gastronomie française où brasseries et restaurants eussent proposés les produits des terroirs ? Non seulement on n’aurait pas défiguré comme on l’a fait le quartier Saint-Eustache, mais on eut à coup sûr fait l’économie des dispendieux aménagements que l’on sait, qui ne sont jamais qu’un fiasco que l’on envisage aujourd’hui de revisiter dans le même esprit ! Autrement dit : on persiste et signe…

 

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Il n’est d’ailleurs pas innocent (c’est le cas de le dire, pauvre fontaine !) que l’on ait édifié autour d’un trou, des structures incohérentes drainant chaque seconde dans l’antre de la Gorgone leur noria de con-sommateurs. Non, il n’est pas innocent que ce quartier historique soit devenu le dépotoir d’une société moribonde rendue à son terme, où des cars de police surveillent les derniers vestiges de ce qui reste des vieilles halles : ses colonies de rats qui tous, n’ont pas gagné Rungis…

Il s’est trouvé une ville toutefois, Nogent-sur-Marne, et c’est à son honneur, pour avoir sauvé en 1972 le pavillon numéro 8 sous lequel se tenait le marché aux œufs et à la volaille, et l’avoir reconstruit et adapté en 1976 à sa nouvelle destination d’espace culturel polyvalent.

 

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Dans l’esprit des pavillons Baltard, il reste encore dans quelques capitales régionales de magnifiques halles à structure métallique, édifiées à la même époque. On remarquera particulièrement celles de Limoges, restaurées dans les règles de l’art et sous lesquelles le marché quotidien continue tous les matins son activité.

 

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Bien entendu ce qui est vrai pour la transformation malheureuse de Paris, en dépit de quelques projets réussis, l’est aussi pour les autres villes tant le processus de dégradation s’est propagé à la vitesse d’une traînée de poudre. Nous en connaissons les causes qui toutes, expriment la métamorphose d’une société dépourvue de sens. S’il n’y a plus de grands projets dignes de ce nom c’est parce qu’il n’y a plus d’esprit pour les concevoir ni de volonté pour les porter ; n’élève pas qui veut l’Arc de Triomphe, les Invalides ou le Trocadéro.

Dans le jardin des Tuileries, où veillent les statues félines d'Auguste Caïn, je me surprends encore, toutes les fois que je leur rends visite à leur murmurer à l’oreille : « Réveillez- vous, mignonnes et chassez l’intrus… »

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A consulter: Baltard, les halles de Paris, 1853-1973, textes de Patrice de Moncan et Maxime Du Camp, les Editions du Mécène, 2010

 

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