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22/02/2010

22 FEVRIER 1788

 

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22 février 1788, naissance à Dantzig d'Arthur SCHOPENHAUER

 

"Ce serait bien d'acheter des livres si l'on pouvait acheter le temps de les lire ; mais on confond le plus souvent l'achat des livres avec l'assimilation de leur contenu.

Demander que quelqu'un retienne tout ce qu'il a lu, c'est demander qu'il conserve en lui tout ce qu'il a mangé. Il a vécu physiquement de cette nourriture, intellectuellement de cette lecture, et est devenu par là ce qu'il est. Mais de même que le corps s 'assimile ce qui lui est similaire, chacun retient ce qui l'intéresse, c'est-à-dire ce qui convient à son système d'idées ou à ses objectifs. Des objectifs, chacun en a ; mais quelque chose qui ressemble à un système d'idées, bien peu de gens en possèdent. Aussi ne prennent-ils un intérêt objectif à rien, et voilà pourquoi, de leurs lectures, rien n'a pris racine ; ils ne retiennent rien."

Source: PARERGA & PARALIPOMENA, éditions Coda


 

16/02/2010

16 FEVRIER 1848

 

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Naissance à Trévières, Calvados, d'Octave MIRBEAU le 16 février 1848, et, la chose vaut d'être signalée puisqu'elle est peu commune, mort à Paris, le même jour de l'année 1917. Octave Mirbeau, dont Tolstoï disait qu'il était le plus grand représentant du génie français qu'il connaissait, a laissé une œuvre dérangeante autant par le tableau qu'elle dresse des penchants de la nature humaine que par le constat qu'elle fait de la société de son temps. On connaît le « Journal d'une femme de chambre » ou le « Jardin des supplices », qui lui ont fait une réputation qui sent le soufre ; on connaît moins les « Contes cruels », réédités récemment aux Belles Lettres à l'initiative de Pierre Michel et Jean-François Nivert.

Cet opulent volume de plus de 1200 pages renferme 150 contes regroupés en 6 chapitres : « L' universelle souffrance », « La férocité est le fond de la nature humaine », « La femme domine et torture l'homme », « L'écrasement de l'individu », « Des existences larvaires » et « Les mémoires de mon ami ».

On le voit, les thèmes de prédilection sont ceux d'un écorché vif, d'un « transis » qui ne se fait aucune illusion sur la nature humaine. Schopenhauer et Cioran, n'ont rien dit d'autre, sous d'autres formes ; et Céline, donc ? « Y a pas de bonheur dans ce monde... y a que des malheurs plus ou moins grands... ». Faut-il en déduire que Mirbeau fut un contempteur de la vie ? Assurément pas, lui dont l'anarchisme était sans doute plus proche de la définition qu'en donna Antonin Artaud : « L'anarchiste est l'amoureux fou de l'ordre, qui n'en supporte pas la parodie », que de celle d'un poseur de bombes...

Mirbeau est venu à la création littéraire par le journalisme. Une grande partie de ses contes et de ses articles furent publiés dans Le Gaulois, dans Gil Blas, l'Echo de Paris, Le Journal, L'Aurore, Le Figaro. D'aucuns, à l'instar de Sartre, virent en lui un pamphlétaire subversif irrécupérable. Et c'est peut être aussi par là qu'il plaît, précisément, par le fait qu'il ne fut pas « politiquement correct »...

Dans le sillage de Maupassant, natif comme lui de la terre normande, il conte la terre et les paysans, l'hiver et les saisons, les aspects familiers de la vie ponctuée des drames et des souffrances de la condition humaine, dans une fresque macabre où la mort rôde et se promène sur son petit monde qu'elle fait danser sans complaisance, à sa manière. Il ne faut pas s'étonner dès lors que sa lucidité l'ait conduit, sinon à un pessimisme morbide, du moins à une forme de désespoir qu'exprime la tristesse d'un « romantisme » tardif, en porte-à-faux sur l'existence vécue comme le drame quotidiennement renouvelé de la souffrance présente en tout et partout. C'était un homme tout empreint du « sentiment tragique de la vie », et d'une grande sensibilité.

Deux extraits, tirés du « Dernier voyage » et des « Mémoires pour un avocat », nous le montrent, sous sa plume tel qu'il dû être :

«  J'ai la tristesse invincible, l'incurable angoisse des départs. Même lorsque je vais vers des pays connus que j'aime, conduit par la promesse d'un repos ou par la joie d'une rencontre souhaitée, j'éprouve toujours au cœur comme un froid. Rien ne me donne l'idée de la mort, comme de partir... Les malles ouvertes comme des cercueils, la hâte que je vois dans les yeux des gens qui m'aident, le mystère que prend la sonnerie de la pendule, la majesté extraordinaire que revêtent les choses que je quitte, et tout ce par quoi je suis si violemment hors de moi, m'impressionne et me prédispose aux sensations les plus lugubres. »

« Je me sentais infiniment triste, plus triste encore que ce ciel, que cette terre, dont je résumais, dont je décuplais en moi, à cette heure angoissante de la fin du jour, l'immense tristesse et l'immense découragement. Et je songeais que pas une fleur, non plus, n'était demeurée dans les jardins de mon âme, et que, tous les jours, à toutes les minutes, à chaque pulsation de mes veines, à chaque battement de mon cœur, il se détachait, il tombait quelque chose de moi, de mes pensées, de mes amours, de mes espoirs, quelque chose de mort à jamais et qui jamais plus ne renaîtrait... »

 

Pour en savoir plus sur la vie de cet auteur, on consultera avec profit le lien suivant :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Octave_Mirbeau

 

 

 

14/02/2010

AU FIL DE L'EAU

 

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Réfléchis fréquemment à la rapidité avec laquelle passent les êtres et les événements ; la substance est, comme un fleuve, en écoulement permanent, les forces en perpétuel changement et les causes en mutations multiples ; presque rien n'est stable ; l'abîme infini du présent et du futur dans lequel tout s'évanouit est tout proche. Comment ne serait-il pas fou dans une telle situation de s'enorgueillir, de se tourmenter ou de se lamenter comme si quelque chose pouvait nous gêner pendant un certain temps et pour longtemps ?

MARC AURELE  23/V Pensées pour moi-même (traduction Frédérique Vervliet; éditions Arléa 2005)