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13/02/2010

BULLETIN CELINIEN

Bulletin célinien n° 316

 

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Au travers d'une interview de Jacques TARDI par David ALLIOT, ce 316ème numéro rend hommage à l'unique et talentueux illustrateur de la trilogie Casse Pipe, Mort à Crédit et Voyage au Bout de la Nuit. L'entretien rapporté sur six pages du bulletin, nous apprend comment Tardi en est arrivé à concevoir son « œuvre célinienne ». Et parce qu'il s'agit d'une œuvre de haute volée, quel autre illustrateur, fors celui de Brindavoine, d'Adèle Blanc-Sec  et de Nestor Burma, eut été capable de rendre avec ce trait incisif qui tient de la fresque et de la gravure pariétale, l'atmosphère si particulière de l'épopée célinienne ? Il suffit d'ouvrir les éditions Futuropolis-Gallimard pour en juger : Tardi, Céline, c'est le talent au service du talent, tant le texte colle à l'image, et l'image au texte. S'il fallait ne retenir que trois vignettes du Voyage au Bout de la Nuit, je m'arrêterais à certain cheval et à son cavalier sortis de l'ombre, annonciateurs de l'apocalyptique guerre de 14, à la « chasse volante » des squelettes dans le ciel qu'on voit en milieu d'ouvrage, et à la vieille Henrouille, dans le visage de laquelle on retrouve certains caractères du portrait de  Céline par Tardi, en couverture du présent numéro.

J'ai pour ma part le regret -que beaucoup partageront sans doute avec moi- que l'auteur du Voyage, disparu trop tôt, n'ait eu le temps de découvrir les dessins de Tardi, certain qu'il ne les aurait pas désavoués, au même titre qu'il aurait sans doute apprécié les pages inoubliables de  « Putain de Guerre », bien placé qu'il aurait été pour en juger...

A la question posée par David Alliot de savoir si Tardi songeait à illustrer d'autres auteurs, voici sa réponse : « Après avoir travaillé de façon intensive sur les romans de Céline, tous les autres auteurs deviennent d'une fadeur épouvantable. C'est pourquoi je ne souhaite pas illustrer d'autres auteurs. » Comme quoi, lorsqu'on a atteint certains sommets, il est bien difficile d'en redescendre !

Dans ce même numéro de février, hommage est rendu par Marc LAUDELOUT à Jacques DEVAL, ami de Céline, dont Philippe ALMERAS nous dit dans son  « Dictionnaire » que l'un et l'autre firent connaissance après la sortie du Voyage et notamment à Los Angeles en 1934. Cette amitié, qu'un abondant courrier dont nous n'aurons sans doute jamais connaissance laisse penser qu'elle devait être sans failles, valut à Céline ces propos dans une lettre d'exil adressée à Milton HINDUS : « C'est un admirable cœur et un des plus subtils esprits que je connaisse (...) C'est l'esprit français en personne -hallucinant presque- il est inquiétant, monstrueux de vivacité spirituelle ».

Jacques Deval, homme de théâtre avait aussi des talents de cinéaste, et les lecteurs du bulletin seront surpris de voir Céline figurer dans la représentation de Tovaritch, comédie satirique filmée en 1935. A qui doit-on cette découverte ? à Alain VATESSE, enseignant et auteur dramatique ; c'est ce que nous explique Marc Laudelout dans son éditorial : il s'agit d'un « scoop » que vous découvrirez en cinq photos sur lesquelles vous reconnaîtrez facilement Céline.

A l'occasion de la sortie d'une biographie consacrée à Jean-Louis BORY, l'éditorialiste  nous dit en quelques mots, quel grand admirateur il fut de Céline et rappelle l'éloge qu'il fit de Nord, paru le 13 mai 1960, dans l'Express du 26 du même mois : « ... Ecriture en transes, ouragan des couleurs, Nord progresse encore, semble-t-il, sur la voie de la libération stylistique, vers l'expression immédiate du rendu émotif, l'exacte répercussion des vertiges. »

Enfin, on doit à Frédéric SAENEN, l'annonce d'une  biographie « toute tact en ondes », parue en Italie aux éditions Mursia, forte de 1160 pages, fruit du travail de bénédictin de Marina ALBERGHINI dont le talent se décline, nous dit l'auteur, « dans le sillage d'un animal fétiche auquel elle voue un véritable culte : le chat. »

Il nous reste à souhaiter qu'elle soit prochainement traduite en français...

 

 

 

11/02/2010

SALE NEIGE

 

 

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Oui, sale neige pour les JO de Vancouver ! ou plutôt sales JO pour la neige de Vancouver qu'on se voit contraint d'acheminer à grand renfort de bennes tractées, du haut des sommets jusqu'à destination de Cypress Moutain, pour le bonheur des compétiteurs et de leurs groupies... Compétiteurs et affairistes de tout crin, car le scandale de ces JO, comme d'ailleurs celui de ce qu'est devenu le « sport » en général, élevé au rang de religion par les médias aux ordres de la putainerie internationale des grands trafiquants de devises, n'est qu'une contribution supplémentaire au saccage institutionnalisé de la planète. Qui paiera l'outrancière facture de cette mascarade ? Le contribuable, comme d'habitude, demeuré taillable et corvéable à merci, et toujours aussi con... Force m'est de le dire, car enfin, il n'a rien compris celui qui ne voit pas ce que cache l'étalage de ces dispendieuses réjouissances, formidable business au terme duquel les vrais vainqueurs déjà assurés que sont les promoteurs, les grandes marques, les publicitaires et les commanditaires, s'en mettront plein les fouilles...

Ramener les jeux d'aujourd'hui à ce qu'ils étaient à l'origine serait une bonne façon d'assainir la discipline en lui rendant ses lettres de noblesse ! Et d'ailleurs, il n'y avait pas de jeux d'hiver, où la « glisse », devenue à présent prétexte du marketing des grandes marques, étale ses performances sur un plateau doré.

Où sont-ils passés les jeux de l'Antiquité, quand de vrais athlètes se disputaient la gloire qu'accorde l'effort, sans autre outils que leurs propres muscles et leur volonté ? Peut-être certains d'entre eux usaient-ils de subtils élixirs  tirés de la sève de quelques plantes « magiques », me direz-vous ? Le saura-t-on jamais ? Mais au regard des drogues actuelles qui pourrissent les stades, distillées par les laboratoires officiels ou clandestins, ce devaient être bagatelles...

La drogue n'est pas la seule à pourrir le stade, à déshonorer l'athlète, et à ramener l'exploit du corps et de la volonté aux performances d'un  tricheur de poker ; le fric, qui n'est que la drogue du corps social, avec elle, se taille la part du lion ! On voudrait bien savoir combien coûteront ces « jeux », en définitive ? Ils pourraient, selon certains indicateurs atteindrent, voire dépasser, la barre des 6 milliards, et la réalisation de leurs équipements, entraîner la destruction irréversible de milieux naturels et d'espèces rares, jusqu'alors préservés. Tout cela dans l'indifférence des organisateurs, aux portes d'une ville dont on sait qu'elle couve en son sein l'abcès d'une misère sociale et d'un proxénétisme dont la réputation n'est plus à faire...

Quant au choix du site, celui d'une station à 125 kilomètres de la mer, dans une région où il pleut d'avantage qu'il ne neige, il ne pouvait être assurément plus mal choisi. Les petits curieux chercheront, comme en toute chose plus ou moins suspecte, à savoir à qui profite le crime... Quoi qu'il en soit, si mère nature continue à bouder et ne veut pas collaborer, il faudra ajouter aux six milliards, la facture des norias assurant le transport de la neige, sachant qu'on ne paiera jamais, car elle n'a pas de prix, celle des 3,7 millions de tonnes des émissions de  CO2 générées par les transports et les activités pendant les 27 jours de célébration.

A l'heure où la planète crève,  où bêtes et gens, abandonnés à leur triste sort sous des latitudes défavorisées en subissent les conséquences, on reste rêveur devant tant d'irresponsabilités... rêveur et révolté par ce gaspillage, bien ciblé par Antoine Descendre, dont nous partageons l'opinion :

« L'omniprésence de commanditaires olympiques, tous plus immoraux les uns que les autres, symptomatise la commercialisation de chacune des sphères de nos vies. Alors que les opportunistes du monde entier (politiciens, promoteurs, entrepreneurs, firmes de communication, médias, financiers, multinationales, proxénètes, etc) se remplissent les poches avec les olympiques et que les médias nous abreuvent d'analyses sportives et d'entrevues toutes plus insignifiantes les unes que les autres, comment peut-on ne pas s'interroger à savoir combien de pistes de bobsleigh devront encore être construites de par le monde avant que nous prenions conscience des véritables besoins de cette planète ? »

 

 

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Brueghel d'Enfer, Parabole des Aveugles, 1630

 

 

08/02/2010

TERRES FROIDES

 

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Passons lentement sur les terres froides

Puisqu'il est dit qu'un jour nous y retournerons

Ne posons pas nos pieds sur les semailles

Elles seront le pain que nous mangerons

Il faut

Très tôt

Laisser des graines aux corbeaux

 

La terre est lourde et généreuse

Elle a

Quand on la creuse

L'odeur d'un soleil froid

 

Ne cognons pas du poing la pierre fatale

Qu'on roulera un jour sur nos tombeaux

Il faut

Très tôt

Pour avancer d'un pas nouveau dans les dédales

Apprendre à lire dans les étoiles

Où vont les moissons des batailles

Et la cendre noire des caveaux.