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25/05/2011

BULLETIN CELINIEN

Bulletin N° 330

 

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« Une étape est désormais franchie » nous annonce Marc LAUDELOUT dans son éditorial. En quoi est-elle franchie ? Par le fait explique-t-il qu’  « on » cherche à culpabiliser les lecteurs de Céline… « On », c’est le nouveau sérail des intellectuels bien-pensants et politiquement corrects qui encensent la presse aux ordres et ses critiques, en vouant aux gémonies tout ce qui ne ressortit pas de sa pensée unique. On comprend que l’œuvre de Céline n’y trouve pas sa place… On le comprend et après tout, pour ma part, je m’en félicite, et, comme aurait dit Ferdinand : « Je culpabilise rien du tout, nom de Dieu ! ». Et je gage que nous sommes un certain nombre à penser de même. Et puis, de vous à moi, les états d’âme de Monsieur Ferry, je m’en tape comme de l’an quarante ; à peu près autant que de ceux de ces érudits ou thésards « céliniens » qui n’en finissent pas d’ ergoter, de couper les cheveux en quatre, de s‘excuser, pour ainsi dire de toucher à la chose, de chercher quelle tournure de phrase pourra bien la laver plus blanc, l’œuvre maudite ! histoire par la même occasion de se dédouaner d’y avoir touché ! J’exagère à peine. Ce constat, et la fidélité de ses lecteurs toujours plus nombreux, voilà la seule consécration qui vaille ; le reste n’est que du vent.

Jean-Pierre DOCHE rend compte de l’adaptation donnée au théâtre de Sceaux du Voyage au bout de la nuit. En dépit du talent de Jean-François Balmer, c’est, nous dit-il, un «  raté ».  On l’imagine, parce qu’aussi doué soit-on pour la synthèse, vouloir rendre en un peu plus d’une heure cette fresque qu’on n’a jamais pu porter jusqu’alors à l’écran, c’est un peu comme de vouloir faire entrer la tour Effel en bouteille ! On y arrive, mais le résultat n’est pas à la hauteur !

Connaissez-vous Pol Neveux ? Moi pas. Toujours est-il que, siégeant au Goncourt, il fut l’un de ceux qui votèrent défavorablement pour Céline. Stéphane BALCEROWIAK nous l’explique dans son article consacré à une lettre de Ramon Fernandez à Pol Neveux. Et, surprise, on y voit celui-là favorable aux Loups de Mazeline… Or, on sait combien Ramon Fernandez admirait le Voyage et encore plus Mort à crédit ; peut- être faut-il voir dans cette attitude « l’affirmation d’un cynisme supérieur » plutôt que celle d’une trahison ? c’est du moins ainsi que le suggère Stéphane Balcerowiak.

Le même, signe « Revin vaut bien une thèse ». Revin, c’est en Ardenne, et le Docteur Destouches y aurait remplacé son confrère Boucher en juillet 1923, comme l’atteste une note retrouvée concernant une consultation pour accident du travail. Comme quoi il reste encore des surprises dans les fonds de cantine !

P.L. MOUDENC signe « Céline et le légionnaire », note dans laquelle il fait part de sa lecture de l’ouvrage récemment paru « Les Légions dangereuses » ( Ed. Jean Picollec 2010) dû à la plume d’Isabelle Marmier fille du Docteur Marmier engagé en 1941 dans la LVF. S’il y est souvent question de Céline, c’est que Marmier l’a bien connu, et qu’il a eu, sur lui, une influence certaine. Et P.L. Moudenc de conclure : « Un livre passionnant de bout en bout. N’eût-il qu’une seule vertu, ce serait de battre en brèche tous les stéréotypes. De montrer combien il est hasardeux, ou dérisoire, de désigner des justes et des coupables ».

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Autre parution à ne pas manquer certainement, celle du livre de Gérard Guégan : « Fontenoy ne reviendra plus » (Ed. Stock 2011). Frédéric SAENEN en donne un résumé dans ce numéro 330. Guégan, plus qu’un biographe est un écrivain ; et Frédéric Saenen explique pourquoi il fallait cette plume pour rendre vivant l’homme atypique, l’écorché vif que fut Jean Fontenoy, auteur oublié au destin tragique dont on trouvera quelques références bibliographiques ICI.

Alain AJAX revient sur l’épithète de « pur salaud » et l’attitude équivoque d’Henri Godard. On pourra ou non partager son point de vue mais la lecture de sa note n’est pas sans intérêt. En tout cas, elle a le mérite de s’interroger encore une fois sur la porté de ces petites phrases assassines qui ne sont pas toujours dites innocemment…

Deuxième et dernière partie de l’étude d’Agnès HAFEZ-ERGAUT sur « Hommes, chevaux et guerre dans Casse-Pipe », dont nous avons rendu compte dans la présentation du bulletin 329.

Marc Laudelout continue son tour de piste et livre sa quatrième note de « Céline sur tous les fronts » dans laquelle il donne des informations intéressantes sur les prochains événements parutions ou émissions traitant de Céline. Nous retiendrons « Céline pas mort » de Christophe Malavoy qui dans la foulée, prépare une pièce de théâtre et un long-métrage avec Jacques Dutronc dont on sait l’intérêt pour l’œuvre célinienne.

Enfin, et pour conclure, après le gros ouvrage de la collection Bouquins, David Alliot, livre  au Cavalier bleu un « Céline. Idées reçues sur un auteur sulfureux 

22/01/2011

L'AFFAIRE CELINE

 

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A parcourir le Web, depuis l’ « Affaire », vous savez laquelle, non pas Dreyfus, mais de la célébration de Céline, on rigole bien dans les chaumières comme aurait dit ce dernier ! A ceux qui s’interrogeraient encore, je conseille d’ouvrir le Blog du Petit célinien, une liste de liens les conduira à la plupart des réponses et commentaires sur la question.

Pour ma part, je me félicite de ce que ce « Haut Comité » de quoi au juste ? n’ait pas jugé opportun d’honorer Céline. C’est, bizarrement, en prenant cette décision, le plus bel hommage qu’il puisse lui rendre !

Que restera-t- il de tous ces beaux messieurs quand la Mort les aura cueillis plus ou moins gentiment ? Un vague souvenir sans doute pour les premiers du rang qui assurément, s’estompera avec les années. A contrario, il restera tout de Céline, sans ôter une virgule ni le moindre point d’interrogation. Alors, les commémorations, il peut les laisser à des encablures du rivage, il n’en a pas besoin dès l’instant où il est entré au Panthéon des Immortels tout seul, sans qu’on l’y pousse le 1e juillet 1961 comme y entrèrent en leur temps les plus illustres sages de l’Antiquité gréco-romaine. Voilà de quoi clouer le bec une fois pour toutes au troupeau de ses détracteurs dont les plus virulents ne peuvent pas admettre après tout qu’il ait eu du talent, qu’il ait été clairvoyant et qu’il tienne le haut du pavé des Lettres françaises, tout simplement. C’est une arête qui leur reste en travers du gosier ; évidemment, ça fait mal…

 

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Qu’on publie de nouveau les pamphlets (ou plutôt les satires), que leur lecteur et lui seul, se fasse une opinion en raison de sa sensibilité et de son goût pour l’outrance et la caricature. Qu’il y ajoute, s’il craint de les approcher sans armure, l’étude de Régis Tettamanzi (1). Qu’il pèse et soupèse – à la condition qu’il ait tout lu de Céline- le poids de ce qu’il faut retenir de l’œuvre, si tant est qu’il faille la peser ; il verra de quel côté penche la balance ! Si l’on se mettait, à sortir de l’ombre, tous ceux qui ont mal parlé de leur prochain où l’ont montré du doigt, la liste serait longue et à la considérer de près on aurait des surprises ! C’est une attitude humaine, trop humaine, parce que c’est toujours sur un autre visage de soi, en fin de compte, que l’on crache. Ceux qui l’ont compris savent à quoi s’en tenir sur l’offense, l’insulte et le mépris.

D’aucuns ont fait remarquer à juste titre que Céline se serait foutu de cette célébration et ils ont raison ; il s’en serait foutu comme à peu près Marcel Aymé s’était fichu de l’honneur qu’on lui fit un jour de lui octroyer certaine « Légion »… On connaît sa réponse ! Il me plait à moi de supposer quelle aurait été la réponse du maudit de la route des Gardes aux pontifes de ce « Haut Comité » s’il eût été vivant !

L’ « Honneur » est un plat qui ne se réchauffe pas et encore moins lorsqu’il est servi par de mauvais mitrons. Ainsi du Goncourt 1932, que quelques faux culs préférèrent octroyer à un Mazeline dont il ne reste qu’une peau de loup mitée, quand ce prix, qui consacrait un auteur, revenait de droit à celui du Voyage ; on réchauffa l’échec, non sans polémiques, avec un Renaudot qui ne lui laissa guère d’indigestion !

Pour en revenir à cette célébration, ce dont je suis sûr, c’est qu’elle ne mérite pas Céline. Et pour tout dire au risque de me répéter, je fais partie de ceux qui se félicitent qu’elle ne l’ait pas retenu. Quelle gloire en effet y a-t-il de se voir honorer par une République bananière et des chasseurs de primes dont les motivations ne sont pas toujours celles qu’on croit ?

Après tout, les vraies valeurs n’ont pas besoin qu’on les montre du doigt, qu’on les honore ni qu’on les commémore ; elle s’imposent d’elles-mêmes et c’est pour ça qu’elles gênent les médiocres. Elles sont de taille à faire fondre vingt années de banquise aurait dit Céline, c’est ainsi et, ajouterai-je, c’est tant mieux.





(1) Régis TETTAMANZI, Esthétique de l’outrance, Idéologique et stylistique dans les pamphlets de L.F. Céline, 2 volumes (Editions du Lérot, 16140