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02/10/2010

AUX JEUNES LOUPS

 

Nous l'aimions bien Jean Claude ANNOUX, il était né le 15 mai 1939 à Beauvais; il nous a quitté le 2 octobre 2004 à Martigues...

Restent ses "Jeunes Loups" qui lui valurent le prix de l'Académie Charles Cros en 1965; écoutons-les avec attention.

 



01/01/2010

JOUR DE L'AN

 

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En souvenir d'Aristide BRUANT, le « Chansonnier populaire » natif de Courtenay, saluons le jour de l'an à sa manière, elle vaut bien tout ce que cachent d'hypocrisie les formules consacrées qu'on débite à l'occasion.

Moi, ça m'emmerde l'jour de l'an :

C'est des giri's, c'est des magnières,

On dirait qu'on est des rosières

Qui va embrasser sa maman.

 

C'en est des fricassées d'museau :

Du p'tit môme à la trisaïeule,

Les gén'rations s'lichent la gueule ...

En d'dans ça s'dit : Crève donc Chameau !

 

Su' l'boulevard on n'est pas chez soi :

Y a' cor' pus d'monde que les dimanches,

Autour d'un tas d' baraques en planches,

Des magnières de niche oùsqu'on voit :

 

Des poupées, des singes, des marrons

Glacés, des questions nouvelles,

Des dragées, des porichinelles,

J'te vas en fout', moi, des bonbons !

 

Tas d'prop' à rien, tas d'saligauds,

Avec vos mômes, avec vos grues,

Vous m'barrez l'trottoir et les rues,

J'peux pas ramasser mes mégots !

 

C'est qu'il a du mal, el' trottoir,

Pour caler les jou' à son monde :

J'peux pus compter su' ma gironde,

On me l'a ramassée l'aut'soir.

 

Et faudrait qu' j'ay' el' cœur content ?

Ah ! Nom de Dieu ! C'est rien de l'dire :

J'étais ben pus chouette sous l'empire...

Ca m'emmerdait pas l'jour de l'an !

 

A la comparer à celle du Président de la République, je me dis que la « manière » Bruant a le mérite, elle, de ne rien promettre, de ne rien enrober, de ne rien dissimuler ; de dire tout de go et bien haut ce qu'elle pense sans fioritures ni paillettes, noblesse oblige... Ah ! quelque chose est pourri au royaume de France et tous les vœux du monde, je le crains bien, n'y pourront rien changer... Consolons nous donc, en attendant, en écoutant Bruant l'aristocrate de la chanson des rues, et à défaut de son « Jour de l'An », savourons cette voix qui vient de loin nous interpréter « Nini Peau d'Chien »..



Tu nous manques, Aristide ; comme Béraud, tu avais la langue « bien pendue » et tu portais le verbe haut ; tu ne coupais pas les cheveux en quatre et n'y allais pas par quatre chemins lorsqu'il s'agissait de combattre les corruptions et les iniquités. Quand la mort t'emporta, le 12 février 1924, les « gueux », perdirent avec toi leur chantre et leur ambassadeur ; saluons avec Jeanne Landre, ta biographe, celui qui, sans « avoir fait dans l'Histoire figure de redresseur de torts... aura déchiré le voile qui nous isolait des maudits, et il est bien qu'un poète ait eu ce courage. »

Orientation de lectures :

Aristide BRUANT : Dans la Rue

Jeanne LANDRE : Aristide Bruant

 

 

 

 

13:24 Publié dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bruant, landre, béraud

27/12/2009

CHANSON de MARGARET

 

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Pierre MAC ORLAN doit peut-être son goût de « l'Aventure » aux chansons populaires qui marquèrent sa jeunesse. S'il s'y est exercé avec talent, c'est sans doute, comme il nous l'explique dans son recueil des « Chansons pour accordéon » paru à la NRF en 1953, parce que la chanson est le moyen privilégié de transmettre à la postérité ce que recèlent de tendresse ou de violence les âmes.

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«  L'idée d'écrire des chansons ne m'est pas venue récemment. Dans presque tous mes livres, j'ai introduit une chanson sentimentale, qui me paraissait résumer très clairement des situations romanesques un peu usées par leur fréquence. La chanson est le meilleur moyen d'exprimer  cette sentimentalité quotidienne de l'âge des souvenirs de la rue et de leurs conséquences. »

La « Chanson de Margaret », qui appartient aux « Chansons de charme pour situations difficiles », a été composée par Mac Orlan en souvenir du Havre, « ...ville méthodiquement concassée. » qu'on pouvait prendre, avant qu'elle n'eut à subir les bombardements, pour un «... faubourg de la vie britannique ». Et si l'auteur fait allusion à Tampico c'est assurément comme il nous le dit pour le pétrole mais aussi peut-être, parce que ce nom sonne à l'oreille comme un mot magique martelé par le destin. C'est, dirons ceux qui sont attentifs au langage des oiseaux, parce que dans Tampico il y a « temps » et qu'il y a « tant pis ». Tampico, un nom qui pèse son poids de mystère comme Valparaiso, Istanbul, Caracas ou Vladivostok...

« N'allez pas croire que je nourrisse une hostilité particulière à l'égard de Tampico ; mais je n'aime pas l'odeur du pétrole. Si l'on part du principe que l'aventure est à Tampico, on ne peut  qu'aboutir à cette conclusion que j'ai déjà donnée. Un ingénieur qui embarque avec un bon contrat dans sa poche pour faire son métier dans une compagnie pétrolifère ne considère pas Tampico comme une image de l'aventure. Par contre, une personne de mœurs légères, qui exerce sa profession dans un café chantant du Havre, ira vers cette ville que son imagination revêt de couleurs merveilleuses comme Jason partait pour la conquête de la Toison d'Or. »

« On ne gagne rien de bon à rôder autour des derricks, quand on n'a pas de nombreuses actions dans une compagnie pétrolifère. Margaret, en se rendant à Tampico, fut victime de cette dangereuse illusion qui associe l'or à l'odeur du pétrole. »

Ecoutons la « Chanson de Margaret, créée par Germaine MONTERO sur une musique de V. Marceau ; en voici le premier couplet :

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« C'est rue de la Criqu' que j'ai fait mes classes ;

Au Havre dans un « star » tenu par Chloé.

C'est à Tampico qu'au fond d'une impasse

J'ai trouvé un sens à ma destiné'.

On dit que l'argent c'est bien inodore.

Le pétrole est là pour vous démentir

Car à Tampico quand ça s'évapore

Le passé revient qui vous fait vomir. »