10/11/2009
LE POIDS DU SIECLE
Appliquons au siècle ces quelques lignes de Charles Baudelaire, on verra qu'elles ont aussi été écrites pour lui...
" Je sais que l'amant passionné du beau style s'expose à la haine des multitudes. Mais aucun respect humain, aucune fausse pudeur, aucune coalition, aucun suffrage universel ne me contraindront à parler le patois incomparable de ce siècle, ni à confondre l'encre avec la vertu.
... Malgré les secours que quelques cuistres célèbres ont apportés à la sottise naturelle de l'homme, je n'aurais jamais cru que notre patrie put marcher avec une telle vélocité dans la voie du "progrès". Ce monde a acquis une épaisseur de vulgarité qui donne au mépris de l'homme spirituel la violence d'une passion.
... J'ai eu l'imprudence de lire ce matin quelques feuilles publiques; soudain, une indolence, du poids de vingt atmosphères, s'est abattue sur moi, et je me suis arrêté devant l'épouvantable inutilité d'expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit..."
Charles Baudelaire, introduction aux Fleurs du Mal.
09:06 Publié dans Bons Mots | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : baudelaire, progrès, vulgarité
Commentaires
En relisant ces phrases immortelles, il me revient un mot de Cioran :
"Serf, ce peuple, bâtissait des cathédrales ; émancipé, il ne construit que des horreurs."
Écrit par : Boreas | 14/11/2009
Les commentaires sont fermés.