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04/03/2011

4 MARS 1429

 

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On s’accorde à reconnaître que c’est le 4 mars, aux alentours de midi que Jeanne d’Arc et son escorte arrivèrent à Chinon après avoir quitté au matin l’Isle Bouchard, couvrant ainsi la onzième et dernière étape de sa longue chevauchée de 509 kilomètres.

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Quelques historiens tiennent pour le 6 mars la date de cette arrivée. Quoi qu’il en soit, ce n’est que le troisième jour qu’elle sera reçue par celui qu’elle appelle alors le « Dauphin ». En attendant, elle loge au pied de la forteresse chez une hôtesse que certains auteurs veulent voir comme étant l’épouse ou la fille de Roger de la Barre.

De son logis, où elle partage son temps en recueillement et en conversation avec ses hôtes et ses compagnons, et de l’église Saint Maurice, où elle se rend pour prier, elle peut voir la masse de la forteresse qui s’étant tout en longueur, forte de ses trois châteaux : à l’est le fort Saint-Georges, à l’ouest le château du Coudray, et au milieu, pris entre les deux, le logis du Roi dit château du milieu, que Charles affectionne particulièrement. C’est là qu’elle sera reçue…

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Mais en attendant l’audience tarde, La Pucelle s’impatiente. C’est que le Roi est craintif et soupçonneux à l’extrême. Sa nature inquiète, facilement influençable, subit les pressions de La Trémoille et de Regnault de Chartres qui en tiennent tous deux pour la négociation avec Bourgogne et voient d’un mauvais œil l’intruse venue des marches de Lorraine contrecarrer leur plan.

Le Roi hésite, et avant de la recevoir, il décide de la faire entendre par des conseillers et la fait interroger dans l’hôtellerie où elle s’est installée.

Simon Charles, Maître des Requêtes de la Chambre des Comptes du Roi, rapporte ce que Jean de Metz, présent à l’interrogatoire lui a confié. On sait ainsi que la Pucelle, d’abord, ne voulut rien dire de sa mission s’en remettant à la volonté qui était la sienne de n’en référer qu’au seul Roi. Sous l’insistance de ses interlocuteurs elle confie  toutefois qu’elle a reçu double mandat de la part du Roi des Cieux, savoir :

-      lever le siège d’Orléans ;

-      conduire le Dauphin à Reims pour le couronnement et le sacre.

Ce que confirmera le pli dont est porteur Jean de Metz et qu’il doit remettre au Roi de la part du Capitaine de Vaucouleurs.

On sait combien Jeanne attachait d’importance au soutien de Robert de Baudricourt et qu’elle n’eût de cesse de quitter la place par la Porte de France qu’après avoir reçu de lui des lettres  de recommandation.

Ces lettres, les gentilshommes de son escorte ne furent autorisés à les produire que le deuxième où le troisième jours de son arrivée. Faut-il voir dans ce retard la pression des conseillers – et particulièrement de La Trémoille- peu enclins à la recevoir ? C’est possible et même probable ; c’est en tout cas l’avis de plusieurs historiens.

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Aussi n’est-ce qu’après avoir reçu ce message confirmant les dires de Jeanne, que le futur Roi Charles VII, prit enfin la décision de lui accorder l’audience qu’elle demandait et qui allait changer le cours de l’Histoire.

C’est à « haute heure », c’est à dire à la tombée du soir, aux alentours de sept heure le 6 mars, que la Pucelle, toute vêtue de noir « pourpoint et chausses attachées, robe courte de gros gris noir » (rapport du greffier de la Rochelle), les cheveux noirs coupés à l’écuelle (contrairement à ce que rapportent de nombreuses images), ferme et résolue, gravit la venelle pentue qui monte au château...

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Illustration Boutet de Monvel

 

Commentaires

comment conciliez-vous un départ de Vaucouleurs vers le 13 février, avec une arrivée le 4 mars ?

Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que le Dauphin se méfiait et hésitait à la recevoir ?

Écrit par : Belikian | 30/09/2012

Vous avez raison de souligner l'incohérence existant entre ces deux dates, car si les auteurs ne s'accordent pas quant au départ et à l'arrivée de Jeanne, ils s'accordent sur la durée de 11 jours de sa chevauchée de Vaucouleurs à Chinon. Si l'on retient le 4 mars comme arrivée de la Pucelle à Chinon il faut admettre un départ de Vaucouleurs le 22 février (c'est la position, entre autres historiens d'Henri Debout, de Régine Pernoud et Marie Véronique Clin, de Maurice Vachon qui a étudiée en la détaillant la chevauchée de Jeanne). Ce n'est pas celle d'Olivier Bouzy, de Colette Beaune, et surtout du colonel de Liocourt qui dans ses deux volumes magistraux consacrés à la Mission de Jeanne d'Arc explique que le départ eut lieu le "...13 février qui était le dimanche des Bures..." et il poursuit: " Le greffier de la Rochelle dit que Jeanne est arrivée à Chinon le 23 février. L'intervalle de temps compris entre le 13 et le 23 février étant justement de onze jours, il y a concordance complète entre ces deux dates." Sans doute aurai-je dû, je vous l'accorde, m'aligner sur ces dernières positions plutôt que sur les premières ! et par conséquent fixer le départ au 13 et l'arrivée au 23.
Concernant le caractère inquiet et méfiant du dauphin, les auteurs qui l'ont étudié rapportent tous ce trait marqué de caractère. N'oublions pas qu'il fit interroger Jeanne dans l'hôtellerie même où elle s'arrêta et qu'il ne se décida à l'auditionner qu'après avoir reçu l'assurance par un messager de Baudricourt qu'il ne s'agissait pas d'une aventurière ou, comme le note Colette Beaune: " D'une inconnue qui pourrait avoir des intentions douteuses ou être déséquilibrée". N'oublions pas non plus, qu'après l'avoir rencontrée, il l'envoya pour examen auprès de docteurs à Poitiers tout en consultant, dans le même temps des spécialistes de façon à ne laisser subsister aucun doute dans son esprit.

Écrit par : agaric | 01/10/2012

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