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19/12/2009

BULLETIN CELINIEN

Bulletin Célinien N° 314

 

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Trois cent quatorzième livraison du « Bulletin célinien » et dernière de l'année. L'éditorialiste y présente le cinquième volume de la Pléiade consacrant l'œuvre de celui qui n'aura pas connu la joie de figurer de son vivant au rang des élus du « panthéon » de la littérature. Aurait-il imaginé seulement qu'une partie de sa volumineuse correspondance puisse un jour y trouver place ?  Etablie par Henri Godard et Jean-Paul Louis, l'édition de ce choix de lettres qui se suivent en raison de la chronologie, constitue un volumineux pavé de plus de 2000 pages. A le parcourir, on voit bien que l'écrivain n'a qu'une façon de s'exprimer et c'est ce qui fait la force de son style ; c'est ce que rapporte un critique du « Point » cité par Marc Laudelout à la faveur de sa présentation :

« L'épistolier est aussi saisissant, énorme, inventif, farouche que l'écrivain qu'on connaît. Il n'a pas deux écritures ni deux encres. »

Et c'est par là que les pamphlets (ou  satires) relèvent pleinement de leur auteur ; ils sont travaillés à la manière du reste, ce en quoi ils en font partie de l'oeuvre, quoi qu'on en pense. Cela étant, la probabilité pour qu'on les trouve un jour dans un sixième volume de la Pléiade équivaut à peu près, à celle qui consisterait à vouloir dénicher, mettons en dix secondes, une aiguille dans une botte de foin...

Dans ce même bulletin, présentation est faite par son auteur, Véronique Robert-Chovin, de l'ouvrage intitulé « Devenir Céline. Lettres inédites de Louis Destouches et de quelques autres, 1912-1919 », paru chez Gallimard en octobre 2009. Au travers de cette correspondance, qu'on ne trouve pas toute entière dans le cinquième volume de la Pléiade, le héros, dixit l'auteur « est comparable à certaines apparitions. Il n'est pas décrit, il apparaît, se dégage lentement de la nuit, se révèle à travers les voix de celles et ceux qui ont été là à ce moment, qui s'expriment en même temps que lui, que Céline peut s'animer et reprendre vie. » Véronique Robert-Chovin nous explique que cette correspondance lui a été remise par Lucette Destouches et nous fait part de son émotion lorsqu'elle ouvrit cette « boîte en carton un peu abîmée et poussiéreuse qui contenait un trésor. Toutes les lettres étaient là, réunies par correspondant dans de grandes enveloppes. » C'est assurément un pan, et non des moindres, de l'aventure célinienne qui nous manquait, tant il est vrai que tout se trame dès la jeunesse... Rappelons-nous Céline lui-même qui le savait bien, qui nous le dit dans « Guignol's Band » :

« On est parti dans la vie avec les conseils des parents. Ils n'ont pas tenu devant l'existence. On est tombé dans des salades qu'étaient plus affreuses l'une que l'autre. On est sorti comme on a pu de ces conflagrations funestes, plutôt de traviole, tout crabe baveux, à reculons, pattes en moins...

... On parle souvent des illusions qu'elles perdent la jeunesse. On l'a perdue sans illusions la jeunesse !... Encore des histoires !... »

Suit une note du Dr. Destouches, retrouvée par Henri Thyssens, sur « Une petite thérapeutique des acouphènes par le son et par transmission osseuse » parue en 1923, au temps ou Destouches n'était pas encore Céline. Pas grand-chose de commun avec ce que nous connaissons de ce dernier sauf peut-être, le rapprochement que s'amuse à faire Henri Thyssens de cette invention,  avec celles qui sortaient du cerveau prolifique d'Henry de Graffigny, le Courtial de Mort à crédit.

Nous retiendrons enfin, outre la fin de l'étude du Dr Bergougnan qui applique à Céline cette remarque de Laurence Durell, d'être « un homme torturé, au-delà de ce qu'il est humainement possible de supporter, par le manque de tendresse dans le monde. », deux lettres intéressantes d'admiratrices de l'œuvre et de l'homme. L'une adressée à Céline en 1949 par Lilika Nakos, romancière et journaliste grecque, l'autre, envoyée le 6 novembre 1984 à François Marchetti par Astrid Detlefsen, danoise attachée au service de Mikkelsen, avocat de Céline. Dans ce courrier où elle explique à François Marchetti qu'elle n'a rencontré qu 'une fois « le génial écrivain à l'esprit partagé : chevaleresque, souriant, vêtu d'un veston de velours bleu », Astrid Detlefsen nous fait part surtout des relations de sa sœur qui elle, avait rencontré Céline à plusieurs reprises ; il en ressort ce que nous savons déjà du comportement de Céline, généralement fait de délicatesse et de prévenance, avec les femmes qu'il appréciait.

Enfin, pour les amateurs et les bibliophiles, Claude Haenggli signale l'ouverture d'une librairie célinienne à Saint-Rémy de Provence, qu'on peut visiter au 4 de la rue Carnot. Contact Jean-Simon Mandeau (voyageauboutdelanuit@orange.fr)

 

LE BULLETIN CELINIEN, périodique mensuel, abonnement B.P.70, B 1000 Bruxelles 22. ( L'abonnement coûte 48 euros)

 

 

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