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DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE

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Tintin le Lotus Bleu

Un mauvais vent à l’odeur de soufre, sorti des naseaux du dragon chinois, souffle sur l’occident apportant avec lui la calamité d’un virus incertain et que l’on dit très contagieux, du moins c'est ce que prétendent les Diafoirus aux ordres. Voire. En ces temps déraisonnables les nautoniers du déluge pandémique se sont, comme autant de Tartarins impuissants, ligués pour le combattre. Pendant ce temps, comme dans la belle chanson de François Néry, les Dieux assis sur les nuages avancent les pions de l’Histoire…


Drôle d’histoire que celle d’un virus controversé autant qu’ inattendu ( ?) sorti de l’ombre, couronné de malédiction ! Est-ce un pion blanc, est-ce un pion noir ? Pion blanc pour la canaille aux commandes, assurément, puisqu’il la dédouane en quelque sorte de devoir s’expliquer sur la gestion catastrophique du pays, pion noir pour son troupeau qui, demeuré taillable et corvéable à merci passe à la tonte et derechef y repassera fatalement, tant qu’il lui restera du poil sur l’échine. Conséquences obligent !

Ne nous y trompons pas, ce virus tombe à point qui met un terme aux manifestations de rues, cloue le bec une fois pour toutes aux récalcitrants, permet la surveillance accrue du citoyen et sa soumission sans piaffer aux oukases gouvernementales.

Peut-être n’avons-nous encore rien vu… peut-être n’est-ce là qu’une mise en bouche et que le plat de résistance que nous préparent les avant-gardes de Big Brother, sera bien autrement lourd à digérer !

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Logo québécois

Le lavage de cerveau, c’est vieux comme le monde ; mais le matraquage médiatique aidant ça devient carrément redoutable ! Assénés en boucle par les désinformations continues que nous déversent les ondes, les mots d’ordre des bateleurs de foire n’en finissent pas d’abêtir le si vulnérable troupeau qui en redemande et redemande encore tant il a peur du loup…

Car enfin, c’est bien de peur qu’il s’agit, d’une peur noire, et la peur entretenue, celle qui remonte du fond des âges, quotidiennement arrosée, est une arme redoutable surtout quand on a désappris qu’un jour ou l’autre il nous faudrait mourir. Cette peur, qui voit dans l’altérité la menace, est de taille à monter les gens les uns contre les autres : tel porte le masque, tel autre le refuse, apparaissant dès lors comme un criminel en puissance aux yeux du premier qui rumine à son endroit des pensées assassines. Le gouvernement, évidemment, saisit l’aubaine entre autre, de détourner l’opprobre dont ne manquerait pas de l’accabler une opinion demeurée libre d’actes et de pensées. Dès lors, diviser l’opinion sur des croyances, des rumeurs, des vérités invérifiables permet au système de se refaire à bon compte une santé et de rebondir en assénant l’injure réitérée de « complotistes » à tous ceux qui, chercheurs de vérité ou sceptiques, doutent un tant soit peu de la doxa officielle …

On voit par là comment, passé maître en procédé d’inversion accusatoire, le pouvoir se protège d’avance de toute critique susceptible de remettre en cause sa légitimité et son aptitude à conduire la nation. Car c’est bien lui, à y regarder de près, le complotiste ou comploteur en vérité et ses comparses du nouvel ordre mondial, qui brouillent les pistes, mélangent tout, informent, désinforment, déforment à dessein, faisant en sorte que les citoyens, perdant leurs billes, marchent à l’aveugle de vérités en contre vérités d’informations la plupart du temps invérifiables. Dès lors, comment s’étonner qu’un certain nombre d’entre eux ne voient en tout et partout que complots ? Qui voudrait les y pousser ne ferait pas mieux !

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Pierre Bruegel Parabole des Aveugles

Et d’ailleurs qu’est ce qu’un complot sinon une « résolution concertée secrètement et pour un but le plus souvent coupable. » ? C’est Littré qui le dit, qui ne se trompe jamais comme le notait Céline. Considérant les faits et méfaits de nos gouvernants qui s’abritent derrières des lois iniques votées à la sauvette, et plus largement des gouvernants de nos voisins, on voit combien cette définition s’applique sans faux plis à leur conduite. Les grands dévoreurs de libertés publiques, toujours plus gloutonnement prédateurs, qui pondent quasi journellement les lois liberticides à seules fins de museler la dissidence sont autant de pantins articulés à distance par les néoconservateurs de l’ordre mondial.

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(CP, Focusnatura)

Lissés comme des polynômes, visqueux comme des stylommatophores et sans épaisseur, ils sont difficiles à saisir par quelque bout qu’on les prenne et d’autant plus qu’ils se cramponnent à leurs sièges comme les poux sur la tête d’un galeux.

On aurait pu croire que cette affaire pseudo pandémique était de nature à les faire sauter à commencer par le premier d’entre eux ; les bévues succédant aux bévues, on aurait pu croire… c’était sans compter sur la soumission de l’opinion publique.

La Boétie déjà avait tout compris qui fit paraître en 1576 son « Discours de la Servitude Volontaire ». On y trouve exposées les raisons de la soumission des individus aux tyrans qui les mènent à leur guise comme ils l’entendent. L’auteur en conclut que les peuples s’asservissent volontairement en raison d’une logique d’intérêts d’ordre pyramidal (qui nous rappelle quelque chose !). Pour faire simple : le souverain tyrannise des courtisans qui tyrannisent à leur tour des exécuteurs de basses œuvres lesquels tyrannisent des sujets ….

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Rien n’a changé, nous y sommes : les présidents tyrannisent les ministres qui tyrannisent les députés tyrannisant à leur tour les sous fifres de l’administration laquelle tyrannise les citoyens. CQFD.

Et cette tyrannie, en raison de la « soft idéologie » thalassocratique contemporaine s’articule en complaisances réciproques.

Ainsi n’ y a-t-il jamais de servitude que volontaire, c’est une habitude, laquelle n’est comme chacun sait qu’une seconde nature : présentement celle des esclaves que sont devenus les peuples soumis au confort intellectuel qui les dispense de toute prise de décision et conséquemment de toute responsabilité.

Ça n’est donc pas demain, en dépit des velléités courageuses de quelques uns (et je pense ici aux Gilets Jaunes canal historique et non pas aux écolos gauchos antifas supplétifs du pouvoir, qui les ont mangés), que les dominés qui ne sont au fond que des dominos, secoueront leurs puces !

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501ème Régiment de chars de combat

Ça n’est pas demain, non plus, que le 501 ème RCC appuyé par le 12ème Régiment de Cuirassiers marchera, par une nuit de pleine lune, sur la capitale pour coffrer en leurs palais de stucs et assemblées de pacotille les pantins décadents qui mènent le pays à la ruine et son peuple à l’abattoir.

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12ème RC Dauphin Cavalerie

Je n’en dirai pas davantage sur ce rêve que j’aimerais pouvoir, pourtant, qualifier de prémonitoire…

Pour dire où nous en sommes rendus on a vu, depuis que le dit méchant virus a tiré sur la chevillette, décidé à manger autant de chaperons rouges ou plutôt de grand’mères qu’il en pourrait; on a vu dis-je, des comportements invraisemblables, aux champs comme à la ville : des gens passer leur pain à la javel diluée (mais oui !) ; faire chauffer (pour ne pas dire cuire !) leur courriers et journaux avant d’en user ; installer des pédiluves devant leur porte ; karchériser, après chaque usage pneumatiques et voitures ; désinfecter systématiquement leurs vêtements… et j’en passe !

On a vu des gendarmes devenus collecteurs d’impôts saigner de quelques centaines d’euros de pauvres types désobéissants pour quelques kilomètres supplémentaires non-autorisés, des sauf-conduits mal renseignés ou une baguette de pain achetée sans autres provisions, ou encore et plus souvent une désobéissance (ô bien timide et combien légitime) au déconfinement imposé par des confinis (le jeu de mot est facile mais comment l’éviter ?).

On a vu des « intellectuels » bien pensants suggérer, pour ne pas dire encourager la délation tout en prônant l'obéissance inconditionnelle aux consignes journellement réitérées …

Sans doute verra-t-on pire si rien n’arrête l’audace de la bêtise et de la malfaisance acoquinées qui n’ont qu’un seul but : réifier l’individu et si possible, définitivement.

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A voir défiler mes contemporains masqués de préservatifs buco-nasals, l’air traqué, hagard ou soupçonneux selon, marquant l’arrêt quand celui de devant s’arrête et redémarrant quand il redémarre, suivant les couloirs balisés comme le font moutons et vaches prisonniers des barrières qui les emprisonnent, soumis et fiers de porter leurs marques de soumission qui n’est que le prélude de celle de la Bête, laquelle sera indélébile, j’ai tout lieu de craindre que la reconquête que d’aucuns espèrent prochaine ne se transforme en esclavage généralisé.

J’aimerais bien me tromper…

 

« Tu trembles carcasse, mais tu tremblerais bien davantage si tu savais où je vais te mener. » (Turenne)

 

« Sainte Jehanne, revenez-nous !

Vous supplions à deux genoux !

Sainte Jehanne, priez pour nous !

La France a tant besoin de vous !... »

(Pierre Dudan, Politique d’abord)

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Vaucouleurs; statue équestre d'Halbout du Tanney

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23/05/2020 | Lien permanent

11 NOVEMBRE... 105 ans après l'hécatombe...

105 ans après l’hécatombe, l’Abattoir Général fume toujours… De part le monde, les mêmes bouchers saignent à blanc le même troupeau pour les mêmes raisons. Faute d’avoir été comprise, la leçon n’a toujours pas été retenue…

 

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Devant la crue de la Garonne " Que d'eau, que d'eau  !" constatait impuissant, le président Mac-Mahon. Parodiant ce dernier, "Que de sang, que de sang !" s'exclament, hypocrites, les fauteurs de guerre.

 

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« La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. » Paul Valéry

 

"Après un siècle de propagande, de mensonges et de lavage de cerveau à propos de la Première Guerre mondiale, la dissonance cognitive nous met bien trop mal à l’aise pour supporter cette vérité que c’est un petit groupe socialement privilégié de prétendus patriotes de race anglaise, financé par de puissants industriels et financiers britanniques et américains, qui a provoqué la Première Guerre mondiale. La détermination de cette Élite secrète londonienne à détruire l’Allemagne pour asseoir son contrôle sur le monde fut ultimement responsable de la mort d’honorables jeunes hommes, qui furent trahis et sacrifiés dans un massacre aussi sanglant qu’inutile, dédié à l’avancement d’une cause déshonorante. Dans les villages, villes et capitales du monde entier, des dizaines de milliers de monuments aux morts témoignent aujourd’hui de ce grand mensonge – de cette trahison – qui veut qu’ils soient morts pour « la plus grande gloire de Dieu » et pour que « nous soyons libres ». Ce mensonge les enchaîne à un mythe. Leur souvenir s’étire en une répétition de vains appels auxquels on procède pour dissimuler le véritable but de cette guerre. Ils ne méritent pas moins que la vérité, et nous leur devons de ne pas manquer à ce devoir là."  Les origines secrètes de la Première Guerre mondiale, Gerry Docherty & Jim MacGregor.

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« Nous marchions sur une terre calcinée, bouleversée, puante, semée de débris de fils de fer, de pieux brisés, de vêtements hachés et sanglants, de paquets de chair humaine… » Maurice Genevoix, Les Eparges

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"La grande différence entre les hommes et les rats, c’est que ces derniers ne se battent jamais que volontairement et par goût, tandis que je n’ai rencontré aucun homme qui fit la guerre pour son plaisir. Chacun d’eux paraissait céder à la nécessité, aussi bien parmi les agresseurs que chez les autres. Il faut donc supposer que ceux qui veulent la guerre ne sont pas ceux qui la font. Le chef d’œuvre de l’organisation consiste alors à faire accomplir par la collectivité ce à quoi chacun de ses membres en particulier répugne le plus."  Pierre Chaine, Les Mémoires d'un rat.

 

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« C’est des hommes et d’eux seulement qu’il faut avoir peur, toujours.

Combien de temps faudrait-il qu’il dure leur délire, pour qu’ils s’arrêtent épuisés enfin, ces monstres ? Combien de temps un accès comme celui-ci peut-il bien durer ? Des mois ? Des années ? Combien ? Peut-être jusqu’à la mort de tout le monde, de tous les fous ? Jusqu’au dernier ?... »  Louis Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit.

 

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« La grande défaite, en tout, c’est d’oublier, et surtout ce qui vous a fait crever, et de crever sans comprendre jamais jusqu’à quel point les hommes sont vaches. Quand on sera au bord du trou faudra pas faire les malins nous autres, mais faudra pas oublier non plus, faudra raconter tout sans changer un mot, de ce qu’on a vu de plus vicieux chez les hommes et puis poser sa chique et puis descendre. Ça suffit comme boulot pour une vie tout entière. » Louis Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit.

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L'EMPRISE

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Tout pouvoir est despotique. Le plus obscur d’entre eux, la démocratie, à l’observer de près, constitue peut-être le fleuron des totalitarismes. Et cela, seuls les anarchistes semblent l’avoir compris. Ils ont bien vu que la caractéristique des gouvernements des démocraties parlementaires résidait dans leur esprit de système et la dérive de leurs institutions. Leur « meilleur des mondes » ne sera jamais qu’un enfer pavé de bonnes intentions et assurément l’un des plus répressifs.

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Souvenons-nous des démocrates de 89 ! Et des démocraties dites populaires de la fin du XXe siècle, donc ! Comment qu’elles prirent racines les mignonnes! Comment qu’elles furent arrosées de sang frais jusqu’à saturation ! Ah ! les salopes ! Ces pourvoyeuses de profiteurs et tyranniques assassins qui sablaient le champagne en toge prétexte sur les cadavres de la plèbe !

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Grands démocrates...

A considérer le siècle commençant, monstre ruminant la fin des nations qu’il n’en finit pas d’avaler, à considérer plus particulièrement l’Europe occidentale et les USA ce « modèle » de société avancée et de civilisation, leurs politiciens véreux et leurs épigones tous plus malfaisants et corrompus les uns que les autre, on est en droit de se demander si le suffrage dit « universel » dont ils tirent légitimité est encore le meilleur système pour parer au pire ! Rien n’est moins sûr… En laissant croire au peuple (quel peuple ?) qu’on lui donne le choix, qu’en lui permettant de s’exprimer par les urnes il reste en définitive le seul décideur, on le berne, on bafoue le contrat social et il se retrouve en définitive gros-Jean comme devant. Le curieux dans cette affaire c’est qu’il en redemande, le peuple ! Ah ! il n’est pas mûr, certainement, pour taper un bon coup du poing sur la table ! pour dire « Ça suffit ! tirons la chasse ! ».

Pour s’arroger le droit de balayer, et définitivement devant sa porte les scories de la sociale démocratie (ou de la démocratie sociale comme on voudra) et du libéralisme débridé, il faut en vouloir, se dire qu’on est encore un homme, qu’on n’attend pas l’aumône pour s’offrir une paire de couilles. Mais voilà, il est retourné, le peuple, à une forme de servitude pire qu’en les temps anciens —je veux dire de féodalité— où il restait aux croquants assez de ressort, c’est-à-dire de courage, pour emmancher les faux et les couteaux de pressoir histoire d’en découdre avec l’affameur...

L’asservissement contemporain est autrement pernicieux, bien plus insidieux que l’ancien, en cela qu’il est « volontaire ». Par conséquent, force est d’admettre aujourd’hui que le peuple s’est aliéné dans une servitude volontaire. Alors évidemment, dans ces cas-là, c’est miracle s’il se décide à secouer ses puces ! et s’il se trouve encore quelqu’un d’assez libre et courageux pour l’inciter à le faire !

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L'Opérateur céphalique

Mais de quel peuple s’agit-il au fait ? Peut-on légitimement, aujourd’hui parler de « peuple » ? Non. Et pourquoi ? Parce que les émules du Père Lustucru, comme autant d’habiles opérateurs céphaliques, en lui martelant la tête sur l’enclume de la société marchande l’ont décervelé. Ils ont transformé à coup de matraquage réitéré ce peuple, ce tiers-état naguère respectable, en masses non plus laborieuses mais « consuméristes ». Il ne faut donc, en toute objectivité, plus parler de peuple, mais de masses consuméristes. Tout comme à l’évidence il ne faut plus parler de « salaire » mais de « pouvoir d’achat ». C’est le système du gavage de l’oie.

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Ça marche tant qu’il y a de la graine, autrement dit tant que le troupeau peut remplir les cadies et les réservoirs. Ça peut très vite s’enrayer à supposer qu’il y ait une paille dans l’engrenage, disons, de la chaîne alimentaire…

A ce propos, et puisque tout tourne autour des « biens » de consommation (lesquels soit dit en passant sont le plus souvent des maux), observons comment le « système » (peut-on le nommer autrement ?) a su verrouiller l’aliénation en inversant le signifiant chez le lampiste taillable et corvéable qu’il gouverne et conduit à l’abattoir.

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Métropolis, Fritz Lang

Personne mieux que Georges Orwell n’a su exprimer la situation qui est à présent la nôtre, aussi bien qu’il ne l’a fait dans son chef d’œuvre « 1984 », en s’appuyant sur la « novlangue ». C’est une arme redoutable la novlangue ! Qui réussit sans peine à nous faire prendre St Ouen pour Cythère ou les vessies pour les lanternes pour peu qu’on s’y laisse prendre. En ces temps de grande obscurité, elle fonctionne à merveille la novlangue. On notera à ce propos qu’entre elle et le langage châtré de la « political correctness » c’est pacte de larrons en foire. Servi par la mentalité « bisounours » qui le brosse dans le sens du poil, il semble que le système ait encore de beaux jours devant lui !

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La mentalité bisournours en effet, d’une façon générale, et a priori, dans le coupable veut voir la victime. On connaît la musique ! Et en allant jusqu’au bout, c’est la victime qui devient coupable, tout comme le laid devient beau chez le Bobo. La victime, n’était-elle pas, par sa seule présence sur les lieux du drame une provocation ? un « appel au viol » ? N’a-t-elle point incité inconsciemment, certes, au passage à l’acte d’un « agresseur » victime d’un monde déboussolé ? D’un innocent égaré par l’exigence d’une jouissance immédiate, que la faiblesse seule et le conditionnement social poussèrent dans le moment à la satisfaction de sens sans cesse harcelés ?

Cette bisounourserie bling-bling, chez laquelle l’inversion des valeurs est de règle, n’est qu’une des variantes du snobisme intellectuel cher aux Bobos. Elle se montre aux vernissages de la jet society comme sur les plateaux de télévision, dans les festivals et les réceptions plus ou moins mondaines à seules fins de lécher les pompes du système. Elle y parvient. Et au point où nous en sommes rendus, il n’est pas sûr qu’elle ne finisse par reléguer dans les soupentes du Louvre, toutes les œuvres majeures pour les remplacer par les divagations et les impostures de lard contemporain qui, comme chacun sait, rapporte gros à ses maquignons. C’est la même chose en politique, avec toutefois un temps d’avance pour les marchands du temple. Cet état d’esprit néo-conservateur prépare le melting-pot universel où tout le monde sera beau métissé et gentil. Il entend régir —et régira si rien ne l’arrête— le « village mondial », en travelling, sur fond branché de parc d’attraction.

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L'Amérique d'aujourd'hui: NEOCON...

 

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... et celle d'hier: VIEUX SAGE (Chief White Man, Kiowa Apache)

 

Au fond de mon âme, comme dans la chanson de Serge Lama, j’entends monter le son du tam-tam…

Et puisqu’il est question de chanson, il me souvient d’une, pas si lointaine, de François Béranger : « Tranche de vie ». Ça commençait comme ça, prometteur :

« Je suis né dans un p’tit village

Qu’a un nom pas du tout commun,

Bien sûr entouré de bocage

C’est le village de Saint Martin… »

Chanson populaire comme on n’en entend plus guère par chanteur populaire parce que « du peuple », comme on n’en voit plus guère. Mais hélas, en dépit de ses talents, François Béranger comme beaucoup de gens de talents d’ailleurs, croyait aux « Droits de l’homme » et à « l’Internationale »… encore des histoires ! Et dans un sens, ces purs là aussi ont leur part de responsabilité dans la débâcle, car ç’en est une et sérieuse qui s’annonce sur fond de guerre de religion.

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Le village mondial ne s’appellera jamais Saint-Martin… dommage.

On en recausera, si on a l’occasion…

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Lu sur le Web :

Inversion des valeurs : lettre d'une mère à une autre mère, après le journal télévisé de RTP1 (Portugal). (Info ou intox ? Se non è vero è ben trovato ! )

 

 Chère madame,

J'ai vu votre protestation énergique devant les caméras de télévision contre le transfert de votre fils de la prison de Porto à la prison de Lisbonne. Je vous ai entendue vous plaindre de la distance qui vous sépare désormais de votre fils et des difficultés que vous avez à vous déplacer pour lui rendre visite. J'ai aussi vu toute la couverture médiatique faite par les journalistes et reporters sur les autres mères dans le même cas que vous et qui sont défendues par divers organismes pour la défense des droits de l'homme, etc.

Moi aussi je suis une mère et je peux comprendre vos protestations et votre mécontentement. Je veux me joindre à votre combat car, comme vous le verrez, il y a aussi une grande distance qui me sépare de mon fils. Je travaille mais gagne peu et j'ai les même difficultés financières pour le visiter. Avec beaucoup de sacrifices, je ne peux lui rendre visite que le dimanche car je travaille tous les jours de la semaine et aussi le samedi et j'ai également d'autres obligations familiales avec mes autres enfants.

Au cas où vous n'auriez pas encore compris, je suis la mère du jeune que votre fils a assassiné cruellement dans la station service où il travaillait de nuit pour pouvoir payer ses études et aider sa famille. J'irai lui rendre visite dimanche prochain. Pendant que vous prendrez votre fils dans vos bras et que vous l'embrasserez, moi je déposerai quelques fleurs sur sa modeste tombe dans le cimetière de la ville. Ah, j'oubliais. vous pouvez être rassurée, l'état se charge de me retirer une partie de mon maigre salaire pour payer le nouveau matelas de votre fils puisqu'il a brûlé les 2 précédents dans la prison où il purge sa peine pour le crime odieux qu'il a commis. Pour terminer, toujours comme mère, je demande à tout le monde de faire circuler mon courrier, si intime qu'il soit. nous parviendrons ainsi peut-être à arrêter cette inversion des valeurs humaines.

 

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01/12/2011 | Lien permanent

TOUS LES PETITS ANIMAUX

 

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« ... la vache m'a vraiment fait peur. Elle est arrivée si doucement jusqu'à la maison délabrée que je ne me suis aperçu de sa présence que quand elle a ronflé juste dans mon oreille. J'ai bondi, et, un instant, j'ai cru que j'allais pleurer, mais tout allait bien, la vache s'est enfuie. Je pense qu'elle a dû être plus effrayée que moi. En me rasseyant, je me suis mis à rire, et M. Summers a eu un sourire qui ressemblait à une ride, sans montrer ses dents. M. Summers ne riait jamais.

-      Tu sais ce que c'était, ça, mon garçon ? dit-il.

-   C'était une vache.

-      Il fit non de la tête.

-      Euh... un taureau ?

-      Non, non, mon garçon, pas un taureau.

-      Ça ne peut quand même pas être un veau, j'ai dit, parce que les veaux sont plus petits.

-      C'était la vie, mon garçon. La vie.

Ça s'embrouillait dans ma tête. Il me tardait que nous nous levions et que nous partions, comme ça je pourrais utiliser ma truelle toute neuve et me mettre au boulot, mais il fallait rester poli, alors j'ai demandé :

-      Vous voulez dire qu'elle était vivante ?

-      Je voulais dire que c'était LA VIE, mon garçon. La vie sous la forme d'une vache. Tu comprends ?

En fait non, je ne comprenais pas, et j'étais prêt à le lui dire, il ne faut pas mentir quand on a une conversation avec quelqu'un. Je devais avoir l'air d'être au bord des larmes parce que M. Summers m'a dit de ne pas m'en faire, qu'il allait m'apprendre et que j'aurais tout mon temps pour apprendre. »

Etrange livre que « Tous les petits animaux », unique ouvrage de Walker HAMILTON, fils de mineur, ancien pilote de la RAF, décédé prématurément à l'âge de 35 ans. Le roman fut porté à l'écran par Jeremy Thomas en 1998 avec John Hurt dans le rôle de M. Summers. L'action se déroule en Cornouailles et les deux protagonistes, Bobby Platt, trente et un an, demeuré simple d'esprit : « J'ai trente et un an. Je devrais être un homme, mais je me sens comme un petit garçon. » et Monsieur Summers, le « petit homme » auquel il est difficile de donner un âge, se rencontrent dans des circonstances propitiatoires qui feront de Bobby l'apprenti de M. Summers, lequel s'est donné pour mission de devoir enterrer tous les petits animaux écrasés sur la route.

Cette mission est une quête, celle de la vie, qu'il faut protéger et respecter même au-delà du trépas en enterrant les êtres. M. Summers s'est instauré fossoyeur des petits cadavres d'animaux victimes des automobilistes ; c'est un solitaire qui travaille à l'abri des regards et l'on sent bien vite que cet homme cache un secret qu'il ne livrera qu'au seul Bobby avant de mourir dans des circonstances tout aussi curieuses que celles qui lui firent rencontrer le garçon...

Bobby, persécuté par son odieux beau-père (le  « Gros « ), qui le séquestre afin de régner seul sur la succession de sa mère, réussi à s'enfuir et, à bord d'un camion qui le prend en stop, à gagner les Cornouailles. Le chauffeur -autre manière de « Gros »- écrase volontairement un lapin et trouve la mort dans l'accident... Pas tout de suite ! le temps que Bobby se remette du choc et que le « petit homme » paraisse... Bobby veut porter secours au routier quand il entend derrière lui une petite voix : « Laissez-le... Cet homme est mauvais. Il a tué le lapin ».

Tout est dit et partant, le récit se déroule dans la bonne action d'enterrer les créatures et celle de devoir punir les méchants. Cette simplicité de vue n'en est pas moins déroutante. Rappelons nous la remarque de Ferdinand dans le Voyage au bout de la nuit : «Ça serait pourtant pas si bête s'il y avait quelque chose pour distinguer les bons des méchants. »

Monsieur Summers, qui fait partie des bons en dépit de son « crime », ne savait assurément pas que sa mort lui arriverait par Bobby, peut être néanmoins le pressentait-il lorsqu'il le mit en demeure de ne jamais parler de lui : « ... ne dis jamais mon nom à personne. Une autre chose dont tu dois te souvenir. » Mais la vie est ainsi faite que la mort nous trouve là où elle doit nous cueillir sans que n'y puissions grand chose.

Bobby a du mal à suivre le petit homme qui souvent, s'esquive comme une ombre ; cependant il le retrouve toujours puisqu'il fait partie de son monde du dedans. Dans ses tribulations avec le monde du dehors, où qu'il aille, Bobby ne rencontre que l'hostilité des êtres ; ils relèvent tous de l'approximatif et représentent un danger réel. Le danger qui guette les simples, les innocents et les naïfs, qui se font facilement abuser.

Mais depuis la rencontre du petit homme, il semble que Bobby ait trouvé son chemin et que son « initiation » (enterrez les petits animaux) l'ait aidé à grandir et à trouver le sens de sa vie. Aussi, après la mort de Monsieur Summers, poursuivra-t-il le « travail » du vieil homme, parce qu'il faut bien que quelqu'un le fasse pour chasser les ombres de la nuit et faire en sorte que demain, de nouveau, se lève le soleil.

Ce récit est court, à peine cent trente pages, mais vaut d'être lu, parce qu'il est le reflet d'un monde ignoré du plus grand nombre, habité par ceux là seuls qui ont le cœur assez pur pour voir les choses apparemment futiles, avec gravité...

 

 

 

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22/05/2010 | Lien permanent

ORA PRO NOBIS

 

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Pierre-sur-Haute (Forez)

« Ora pro nobis » nous demandent les morts en ce jour qui leur appartient.

« Priez pour nous  et si vous ne savez pas le faire pensez à nous, rien qu’un peu, nous qui avons laissé quelques traces sur terre et des souvenirs dans vos cœurs ».

Alors « on » va les « visiter » les morts, ailleurs que dans la mémoire ou par le moyen de la photo posée dans le cadre doré sur le coin de la commode ou de la cheminée ; on va les voir chez eux, au cimetière,  c’est la coutume.

Là se retrouvent les cohortes des familles les bras chargés de chrysanthèmes, fleur d’origine orientale traditionnellement dévolue aux défunts. On s’est muni quelquefois de la balayette et de la truelle, d’un seau et d’une brosse en chiendent, histoire de nettoyer les salissures que 364 jours ont accumulées sur la chape des morts. Les prévoyants s’y sont pris la veille, enfin, s’ils sont du pays. S’ils ont avalé 250 kilomètres et un bon repas, c’est une autre affaire ! Ils parent au plus urgent, composent avec la patine du temps qu’ils font disparaître sous l’alignement des pots de fleurs artificielles, des céramiques et des plaques souvenir et, bien sûr, déposent l’incontournable chrysanthème . On est venu pour ça.

Devant le portail, on cause comme à la sortie de la messe ou du bistrot. Un an qu’on ne s ‘est pas vu, c’est pas rien ! Les petits ont grandi ; c’est l’occasion de demander des nouvelles de la santé en se félicitant d’être de ce côté plutôt que de l’autre, un malheur est si vite arrivé ! Les enfants trépignent… On se quitte après avoir échangé les banalités réconfortantes d’usage et chacun s’en retourne d’où il est venu ou en profite, au passage, pour visiter le voisinage.

Il y a ceux qui viennent honorer les morts le jour d’avant, histoire d’éviter des rencontres inopportunes ou, pour les plus pressés, de se débarrasser d’une corvée à laquelle ils sacrifient tout de même à cause du « qu’en dira-t-on ». Les discrets, les solitaires et les rêveurs s’y risquent les jours suivants, dans le sillage des visiteurs « près de leurs sous », qui ont acheté leur chrysanthème au rabais ou en solde, comme on voudra, enfin un de ceux dont les autres n’ont pas voulu…

Les romantiques s’y rendent à la tombée de la nuit. Les oublieux volontaires et les affranchis des préjugés moraux attachés au souvenir de ce qui ne les concerne plus, ne se déplacent pas du tout.

Dans l’épouvantable capharnaüm du bazar mortuaire contemporain et l’horreur de ses productions, la seule présence des chrysanthèmes aide à oublier, le temps de leur courte vie ce que sont devenus nos cimetières. L’ayant rappelé dans la note du 6 novembre 2009 ( voir Archives 11/2009), je n’ajouterai dans la présente que quelques photos pour mieux illustrer mon propos.

 

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Desges (Gévaudan)

 

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Aulnay (Saintonge)

 

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Grands Chézeaux (Marche)

On y comparera si l’on a quelque peu le goût sûr, la beauté sobre des tombes anciennes à la vulgarité outrecuidante des productions du siècle. Ayant atteint le degré zéro de la création artistique et artisanale, elles témoignent par leur prétention et leur laideur de la faillite de  « l’art » populaire attaché au royaume des morts ; elles en disent long sur l’irresponsabilité de ceux qui s’arrogent le droit, à seules fins d’en tirer bénéfice en les répandant, de corrompre ce qu’il reste encore d’authentique dans l’âme des humbles. Et ils le font d’autant plus facilement qu’ils exploitent l’émotion au travers de symboles qui parlent d’eux-mêmes le langage  de la douleur inconsolable d’une mère ou d’un époux.

 

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Très répandu partout hélàs !

A tout prendre, les charognards du bord des routes sont plus respectables que ces gens qui font métier d’exploiter la mort sous toutes ses formes et d’en vivre. Les charognards du bord des routes, eux, nettoient le terrain et ne laissent rien derrière; ceux des bazars funéraires, non contents de souiller l’enclos des morts de leurs productions ignobles, polluent les âmes et vident les bourses dans le même temps.

Rendons grâce aux chrysanthèmes qui ont la magie de nous faire oublier le temps éphémère de leur courte vie, que nos cimetières sont devenus des dépotoirs où l’on chasse de leurs tombes ceux qui pourtant les ont payées de leurs deniers, pour les remplacer par celles que nous condamnons. Faites en le constat vous-même et vous verrez combien de sépultures anciennes, frappées du sceau de l’infamie sont vouées à être détruites ! Comme les grands arbres de la forêt, destinés à être abattus, ou le bétail, les communes, plutôt que de les prendre à leur charge et de les entretenir sobrement, les ont marqué au fer rouge : « Sépulture réputée être à l’abandon faisant l’objet d’une procédure de reprise. S’adresser à la mairie ». C’est toute l’élégance de la formulation administrative pouvant se résumer en l’occurrence d’une façon plus triviale : « Ote-toi de là que je m’y mette ».

Aussi est ce à la Toussaint, la nuit tombée, qu’il faut aller surprendre « les grands cimetières sous la lune » ou les petits, qu’on appelait si bien dans le vieux temps « l’enclos des morts » ; ils y retrouvent leur majesté ancienne, celle d’un temps où les concessions étaient dites « perpétuelles » et où on pouvait y dormir en paix dans l’attente du grand réveil…

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Notre-Dame-de-Mons (Livradois)

 

 

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01/11/2010 | Lien permanent

BULLETIN CELINIEN

 

Bulletin célinien N° 315

 

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Belle couverture où l'on voit Louis Destouches en grande tenue de cuirassier. Engagé volontaire au 12ème Régiment de cavalerie lourde de Rambouillet à l'automne 1912, il avait alors vingt ans au moment de la déclaration de la première guerre mondiale...

Après la récente parution de l'incontournable cinquième volume de la Pléiade (« Lettres »), rapidement épuisé, ce 315ème numéro du bulletin est l'occasion pour Marc Laudelout, de faire un tour d'horizon des réactions de la presse à la faveur de cet événement littéraire.

Car c'est bien de littérature qu'il s'agit, Céline ne nous déçoit pas ! Le ton y est et le talent aussi, naturellement... Et quoi qu'en pensent ses détracteurs pour des raisons diverses, Céline est à présent au Panthéon des lettres (il ne reste qu'un sixième volume pour qu'il y soit tout à fait) et il y a peu de chances qu'eux s'y trouvent un jour !... Attendons donc, avec Pierre Assouline, la publication de ce sixième volume, car celle de la correspondance, dit-il, « est un chevau-léger de l'ultime charge à venir du cuirassier Destouches. » Aussi sommes nous d'accord avec lui lorsqu'il ajoute :

« Il serait temps de s'aviser qu'un écrivain est un bloc. Rien à jeter. Ses lettres font œuvre comme le reste. Céline n'y échappe pas. L'épistolier en lui n'est pas seulement abondant : il est nombreux, multiple. »

Ce choix de lettres, qui a l'avantage d'être publié chronologiquement, permet au lecteur qui connaît l'œuvre de suivre à la trace la transposition que  fait l'auteur de son « histoire personnelle » dans ses romans ; c'est par là aussi qu'on mesure le talent. Qu'importe alors la part du réel, au regard de son double ? Notre vie même, dès l'instant qu'elle est couchée sur le vélin, n'est que fiction, et ce qu'on en dit, n'est point tant important que la façon dont on le dit ! Aussi, rendons grâce à Céline d'avoir beaucoup brodé...

Ajoutons qu'à la lecture de cette correspondance, on mesure, faut-il le rappeler, la grande culture d'un auteur nourri des classiques.

Hommage est rendu par F. Marchetti, dans ce numéro 315, à Bente Karild décédée en septembre 2009, pour laquelle Céline s'était pris d'affection lors de son exil danois. Grâce à F. Marchetti, qui l'a bien connue, les lecteurs du Bulletin ont pu apprécier les souvenirs, que Bente Karild à laissés sur l'écrivain et sur leur passions commune, la danse.

Dans ce même bulletin, Marc Laudelout rappelle quel regard portait Céline sur deux de ses contemporains, Alfred Fabre-Luce et Bernard Faÿ, ayant traversé comme lui ces  « années troubles », avec plus ou moins de zèle et de compromissions... Il évoque le critique averti que fut Lucien Rebatet en matière de septième art et signale la parution chez Pardès de « Quatre ans de cinéma », ouvrage de 406 pages auquel il a collaboré, puis il dresse un panorama de l'année  2009, « année célinienne », où parmi de nombreux événements, nous retiendrons particulièrement :

- la création en mai du blog « Le Petit célinien » dû à Matthias Gadret, et la parution chez Gallimard des « Lettres à Albert Paraz » (réédition revue et augmentée par Jean-Paul Louis) ;

- en juillet le « Dossier Céline » du Magazine des Livres ;

- en novembre bien sûr les « Lettres de Céline » dans la Pléiade ainsi que l'ouvrage de Véronique Robert-Chovin « Devenir Céline, lettres inédites 1912-1919 ;

- et en décembre la publication de « L'année Céline 2008.

Edmond Gaudin, fidèle abonné du Bulletin et admirateur de l'œuvre célinienne brosse en quelques pages un portrait de Céline tel qu'il le voit : « Outrancier ! Voilà comment je vois Céline. Dans ses propos, dans ses opinions, dans ses actes avec lui-même et avec les autres. Dans ses textes aussi... ». Convenons en, mais convenons aussi que l'outrance atteint à de ces hauteurs, lorsqu'elle est conduite avec brio, qui laisse loin derrière elle tous ces petits « à la manière de... » qui encombrent bien des rayonnages et bien des têtes de gondoles des épiceries littéraires contemporaines.

Terminons cette recension par l'annonce que fait Jean-Paul Louis de « l'Année Céline 2008 » ; on aura le plaisir d'y trouver « des lettres inédites qui, faute de place, n'ont pas pu être retenues dans le volume de Lettres qui vient de paraître chez Gallimard. »

On peut la commander au Bulletin célinien en adressant un chèque de 39 euros à l'ordre de marc Laudelout (Bulletin célinien, BP 70, B 1000 Bruxelles 22).

Bonne lecture !

 

 

 

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VOTER, POUR QUOI FAIRE ?

 

J'écoutais l'autre jour sur je ne sais plus quelles ondes, un débat animé où il était question de suffrage universel et de droit de vote. Balançant entre  le choix que je pouvais faire de couper la radio ou celui de continuer à subir les oraisons jaculatoires de ces obséquieux bavards, j'optais pour le second, ne serait-ce que pour mesurer jusqu'à quelles argumentations spécieuses pouvait s'aventurer la bêtise humaine drapée des vertus du politiquement correct. Il en va généralement de ce genre de débat, comme de tout ce qu'on peut entendre en matière de pseudo consultation de la vox populi dans des émissions du type « le téléphone sonne » et autres invitations à commenter l'actualité. Notons au passage, que les personnages qui les animent sont généralement des passionnés du type sanguin actif primaire ; autrement dit, des serviteurs efficaces du système, verrouillés sur leur siège comme le cul collé au bostik.

Ces émissions -il faut se rendre à l'évidence- ne sont généralement que des prétextes qui s'ajoutent les uns aux autres pour faire croire à la liberté d'opinion, sur arrière-fond d'imposture démocratique. Il arrive -c'est rare mais il arrive parfois- qu'un « aventurier », passé on ne sait trop par quel miracle au travers des mailles du filet de la présélection officielle, parvienne à s'exprimer ne serait-ce que le temps de jeter de l'huile sur le feu ou, comme on dit parfois, un pavé dans la mare ! Faute de pouvoir l'occire pour ses propos délictueux de façon à lui clouer définitivement le bec, on le court-circuite au plus vite en se confondant d'excuses auprès des interlocuteurs ! Je vous laisse imaginer le cas où l'impétrant, par on ne sait quel coup de sang, en viendrait à effleurer des sujets tabous ! Il sait pas, le malheureux, à quoi il s'exposerait au pays des « droits de l'homme » !

Et justement puisqu'il s'agit de droit -et pour en venir à notre propos- remarquons que ce sacro-saint droit de vote n'est pas encore devenu tout à fait un devoir, c'est-à-dire une obligation, et c'est heureux ! Cependant nous n'en sommes pas loin, parce qu'au train où progresse le cambriolage des cerveaux, parions que d'ici peu, on poussera à coups de fourche aux urnes les derniers récalcitrants qui ne voudront s'y rendre de leur propre chef ; soyons sûr qu'il se trouvera toujours des volontaires, et de zélés, pour exécuter les ordres...

Les élus on le sait, ont toujours raison, on connaît la fable ; et par le pouvoir du gros argent et des clans, ils ont intérêt à faire croire au peuple qu'il est libre et qu'en fin de compte c'est lui qui décide, et qu'ils exercent le pouvoir en  son nom, plaisante galéjade si elle n'était tragique... Et c'est bien là son talon d'Achille, au peuple qui n'existe plus que dans le souvenir des derniers rebelles, les récalcitrants, les mauvais citoyens. Son tendon d'Achille, les politiciens véreux l'ont sectionné sans qu'il l'ai vu venir, le peuple, et ce géant s'est effondré sur ses illusions sans même ébranler le socle...

Entré en résistance faudra-t-il, retranché dans on ne sait quel camp, tirer les « dernières cartouches » avant que de succomber ?

J'ai pour ma part, depuis quelques lunes, compris que le vote dit « démocratique » était la farce par excellence des fonds de cantine républicains, parce que c'est un besoin vital pour la République, que de se rendre aux urnes... Observons que ce besoin, n'est-ce pas, n'est pas tellement éloigné de certains, vitaux également, que nous connaissons tous. Et cela se fait dans le secret des isoloirs... ou des toilettes selon. On méditera l'analogie qui en dit long...

Bref, penser que quelque chose de bon, puisse sortir un jour des urnes, c'est être bien naïf ou être bien sot. Le plus étonnant c'est que d'aucuns, qui n'appartiennent ni à l'une ni à l'autre des susdites catégories et qui savent que c'est du bluff comme au poker, enfin qui savent que les dés sont pipés, s'y rendent sans illusions mais s'y rendent tout de même... Il faudra m'expliquer par quel miracle la chose peut avoir lieu. Et pourtant il faut être aveugle et sourd pour ne pas voir et entendre à quels matraquages se livrent les candidats avant le jour « j » ; quelles promesses démagogiques ils sèment dans leurs sillons, qui ne germeront jamais ; quels lénifiants sourires de faux culs ils arborent sans honte à grands dépens de deniers publics. Oui, il faut être bien abusé pour continuer à jouer leur jeu et en traîner derrière soi des casseroles pour se retrouver gros-jean comme devant et derechef en attacher de nouvelles !  Comme si cela ne suffisait pas !

Les bateleurs de foire ont de beaux jours devant eux tant qu'ils tiendront l'opinion publique. Grands manipulateurs, ils savent qu'en jouant sur la corde sensible des émotions et en faisant miroiter des promesses qu'au reste ils ne tiendront pas puisqu'ils sont eux même les valets d'épiciers qui trafiquent dans la coulisse, ils emporteront la conviction des braves gens qui sont en la matière, sensibles aux beaux discours. Pour l'illustrer, il me souvient d'une sentence pythagoricienne qui disait à peu près ceci :

 

« Les hommes vains et futiles sont comme les vases vides, on les prend facilement par les oreilles... »

 

Alors que faire me direz-vous ? Mais faire la grève du vote, tout simplement vous répondrai-je, comme Octave Mirbeau le clamait déjà en 1888, navré par le système...

Oui, faire la grève de l'esbroufe et du truquage au risque de voir encore et pour longtemps régner les tartuffes et les escrocs portés au pouvoir par les cons qui généralement dans ces cas-là sont la majorité, et que c'est donc bien forcé qu'il gagnent comme disait Céline...

 

On consultera avec profit le lien suivant:

http://fr.wikisource.org/wiki/La_Grève_des_électeurs


 

 

 

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15/11/2009 | Lien permanent

GUERRES DES BOERS

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Le 27 février 1881 à Majuba Hill, près de Volksrust, en Afrique du Sud, 450 Boers, sous la direction de Nicolas Smit, défirent les 400 hommes du général Colley qui trouva la mort au cours de cette bataille alors que les trois-quarts de ses soldats furent tués ou capturés. Cet épisode sanglant entre la British Army et les colons hollandais qui comprenaient dans leurs rangs de nombreux français ou descendants de français, constitue ce qu’il est convenu d’appeler la première guerre des Boers connue également sous le nom de « Guerre du Transvaal » qui se déroula du 16 décembre 1880 au 23 mars 1881.

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Majuba Hill

Les origines de cette guerre sont dues à la suprématie que la couronne britannique entendait faire régner sur les mers en s’assurant la route des Indes qui passait par Le Cap, dans le même temps qu’elle entendait s’approprier les richesses du sous-sol sud- africain constituées par les diamants de Kimberley et les gisements aurifères du Transvaal. Elle voyait d’autre part d’un mauvais œil s’installer des colons portugais au Mozambique, des colons allemands dans ce qui sera la future Namibie, des belges au Congo et des français à Madagascar qu’elle regardait comme autant de concurrents menaçants.

C’est en 1648 qu’un bateau hollandais, le Harlem, s’échoua dans la baie de la Table, à la pointe sud occidentale de l’Afrique australe et c’est dans ces circonstances dramatiques que furent jetées les bases de la future ville du Cap qui va se développer à partir de 1652 quand mouillèrent les trois navires du commandant Van Riebeeck. Ces premiers occupants hollandais, qui découvrirent une  terre à peu près vierge de tous habitants, furent rejoints à la fin du XVIIe siècle par des huguenots français. Au siècle suivant, les Boers (cultivateurs), qui n’occupaient jusque-là que la côte, décidèrent, pour échapper aux limites territoriales imposées par la Compagnie des Indes Orientales de se déplacer vers l’intérieur des terres.

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On leur donna le nom de « Treckboers » (treck=déplacement). Après la main mise des Britanniques sur la colonie du Cap en 1806, des milliers de fermiers boers entamèrent la longue marche ou « Grand Treck » ( 1835-1840), jalonnée de tous les dangers.

Ces déplacements en chariots bâchés (qui ne sont pas sans évoquer ceux des puritains d’Amérique du Nord), constituent l’épopée d’hommes et de femmes courageux et déterminés trouvant leur motivation dans la lecture de l’ancien testament et assimilant leur sort et leur mission à l’exode des Hébreux fuyant Pharaon, pour gagner la terre promise…

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Au cours de ce long périple, les Boers durent affronter bien des tribus hostiles qui causèrent dans leurs rangs de nombreux morts. Les survivants, après des luttes contre les Zoulous, établirent la république de Natalia bientôt annexée par les Britanniques. Il faudra attendre 1852 et le traité de Sand River pour que ces derniers reconnaissent aux Boers la République d’Afrique du Sud (Transvaal) et en 1854 l’Etat libre d’Orange.

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La seconde guerre, verra s’opposer pendant trois ans (1899-1902) deux peuple blancs : les Anglais et les Boers auxquels se joindront des volontaires français sous le commandement du Colonel de Villebois-Mareuil tué au combat le 5 avril 1900.

Bien que très supérieurs en nombre, les soldats de sa Majesté connaissent quelques revers lorsqu’ils se heurtent aux fermiers propriétaires de leur terre et bons combattants, dont la lutte épique n’est pas sans rappeler celle des paysans poitevins de l’armée vendéenne, comme eux, symbole de la mobilisation de tout un peuple…

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C’est le Premier ministre de la Colonie du Cap, Cécil Rhodes, qui déclenche les hostilités en 1899., sa vision impériale et raciale s’opposant à celle du calviniste Paul Kruger, président de la république du Transvaal, hostile au projet britannique de fédération sud-africaine.

Le combattant Boer, comme le paysan vendéen, pouvait compter sur le soutien de tous les siens, femmes, enfants, vieillard. Armés de fusils Mauser 1895 achetés grâce au produit des mines d’or et de diamants, les Boers combattirent à un contre cinq puis un contre huit, des troupes organisées et elles aussi, bien armées. Au début du conflit, les fermiers prennent l’offensive et connaissent quelques succès. Mais bientôt ils doivent s’incliner devant l’ennemi sous les ordres d’un nouveau commandant en chef britannique, qui emporte Pretoria, capitale du Transvaal, en juin 1900. Les dieux de la guerre seront de nouveau favorables aux Boers qui la conduiront sous la forme de guérilla de partisans où s’illustreront De La Rey, Botha et De Wet, jusqu’à ce que les Anglais répliquent par la tactique de la « terre brulée » (qui n’est pas, encore une fois sans rappeler les « colonnes infernales » de Turreau en Vendée), dévastation du pays et déportation des populations en camps de concentration.

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Général Koos de La Rey

C’est à Kitchener que l’on doit l’invention de ces camps où, ainsi que l’explique Dominique Venner « Il entend parquer ses adversaires comme du bétail pour les capturer. L’idée est d’enserrer l’Afrique du Sud « utile » dans un maillage serré de barbelés et d’innombrables fortins (on en construira 8000), tandis que les voies ferrées sont parcourues par des trains blindés. Dans la pratique, le bétail se laissera rarement capturer. (…) Tandis que les fermes et les villages sont brûlés, les femmes et les enfants sont déportés, devenant des otages pour contraindre les combattants à déposer les armes. (…) Dysenterie, furonculose, pneumonie et bronchite fauchent les enfants par centaines dans l’indifférence des gardes. Les chiffres se passent de commentaires. 27 927 femmes et enfants meurent dans ces camps dont 22 074 enfants. »

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On voit par là combien les sujets de sa Majesté furent peu sensibles au sort des civils non-combattants. Pas plus qu’ils ne le furent à Dresde, en Irak ou dans les Balkans…

La paix sera conclue le 31 mai 1902 ; les deux républiques perdent par cet accord leur indépendance au terme d’une guerre qui aura fait 7000 morts du côté anglais et 33 000 dans les rangs des Boers. Elles perdent dans le même temps leur identité culturelle et leurs racines rurales. Et pour s’assurer  la suprématie du territoire et de son organisation, maîtriser les richesses naturelles et neutraliser les velléités de rébellion, les Anglais s’emploieront à faire venir des migrants en Afrique australe de manière à constituer un espace européen au sein duquel, désormais, les Afrikaners resteront minoritaires…

 

 


Orientations de lecture:

— Nouvelle Revue d'Histoire, Numéro 48, Mai-juin 2010.

— ßernard Lugan: "Histoire de l'Afrique du Sud", éditions Ellipses.

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27/02/2012 | Lien permanent

IN MEMORIAM 11 NOVEMBRE...

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L’oncle Arsène, il faut le reconnaître, ne tirait pas avantage de savoir son fils dans la Gendarmerie, mais il le voyait toujours avec admiration dans son uniforme bleu et son harnachement de cuirs astiqués. De fait, il n’était pas sans en ressentir quelque fierté. Le jour de la noce que Valentin honora de sa tenue de cérémonie, Arsène accompagna le cortège jusqu’à l’église en jouant de l’accordéon, un diatonique décoré de nacre, rescapé des tranchées. Il en tira avec application des accords poussifs entrecoupés de quelques “couacs” sans conséquences. Il y alla, sur la fin, de la chanson de Craonne qui sentait un peu son déserteur et plaisait qu’à moitié au fils, mais mon oncle, il pouvait pas s’empêcher, c’était plus fort que lui. Il la joua d’une seule traite, pour ainsi dire, sans fausses notes ! C’est qu’il aurait pu le pousser tout seul l’accordéon, cet air là, tant il l’avait soufflé de fois après l’armistice... Parce-qu’-il en était revenu tout pantelant de 14, Arsène Bicéphale, le ventre ouvert mais vivant. Pas comme d’autres, beaucoup d’autres ! Ceux qu’ont servi d’engrais, pour la seule patrie, un million et des poussières, enfin, une bagatelle ! Quand on l’avait ramassé sur le plateau, après la charge, à tenir en paquet ses tripes dans ses mains comme le Roi Renaud retour de carnage, le capitaine lui avait dit dubitatif, en frisottant d’un côté sa moustache gominée: - Bicéphale, mon ami... euh, pour vous la guerre, c’est fini ! C’était somme toute, dans ces circonstances bien terribles une bonne nouvelle. Que s’il s’en tirait, ça confirmerait comme on dit qu’ “à quelque chose malheur est bon”. Un cadeau royal en somme que lui faisait le Ciel pour échapper à la boucherie... Le capitaine, en connaisseur, considérait: - Une belle blessure, la vache ! Pas une mutilation volontaire celle là ! Veinard va ! qu’il semblait dire le petit oeil égrillard du capitaine en se posant sur les entrailles fumantes du deuxième classe Bicéphale en ce petit matin frisquet où tout de même il se trouvait encore des oiseaux pour saluer le jour sous la mitraille ! Ça faisait cher le billet de retour mais enfin, encore une fois, on était vivant ! Et ça n’avait pas de prix. Il le comprit vite, mon oncle, en revenant chez lui après sa convalescence qui fut longue, à la façon de regard que lui jetèrent les voisins qui venaient eux de perdre leurs deux fils dans la bataille de la Marne. Qu’est-ce qu’il y pouvait, hein ? C’est pas sa mort à lui qui les leur aurait rendus, leurs fils ?... Allez leur expliquer ça pourtant. Et d’ailleurs, y avait rien à expliquer de la guerre. Il en parlait pas beaucoup l’oncle de la guerre, en dépit de mon insistance qui, toutes les fois, me faisait le questionner sur le sujet. Il avait même pas eut le temps de les voir de près les boches, Arsène. A peine il avait posé vaillamment le pied dans les labours à la reconquête du territoire qu’un schrapnel l’avait stoppé dans son élan glorieux et joliment découpé par le travers, comme on ouvre une boîte de conserves, à le déboyauter sur toute la largeur du ceinturon. Et tout ça de surcroît dans la boue, à buter sur les pauvres charognes des premières lignes, au milieu des barbelés, lesquels en avaient remis un petit coup au passage, pour pas être en reste et terminer hardiment la besogne ! Depuis ce jour, oncle Arsène portait une ceinture de flanelle pour le sangler et “tenir ses tripes”, comme il disait. Et depuis ce jour il marchait toujours un peu courbé, regardait attentivement où il posait le pied et parlait peu... même il était devenu presque sauvage comme si finalement, il avait vécu sa vie en raccourci... ou en accéléré, comme on veut et qu’elle se soit finie là-bas, sur le plateau, dans la fumée des illusions et l’odeur du sang. Le demeurant c’était plus que du rajouté, des restes qu’on termine le lendemain, comme le pot-au-feu, sans beaucoup d’appétit... Il avait plus goût à grand chose depuis cet équarrissage universel l’oncle Arsène, qu’à son accordéon, son diatonique et c’est à cause de ça qu’il avait quitté le bourg pour venir s’installer pas loin des ruines de Maulmont, avec sa femme qui était sourde, dans la petite maison des Autours au voisinage de laquelle, à ce qu’il disait, patrouillaient des loups comme les boches aux frontières. Et d’ailleurs l’oncle Arsène en vieillissant, ça je l’avais remarqué, il avait pris un peu lui-même la tête d’un loup. Depuis qu’il avait perdu presque toutes ses dents, à force de chiquer lui faisait comme d’un mufle hirsute attendu qu’il ne se rasait qu’occasionnellement. Il était malin le vieux, il jouait avec ça, c’était sa façon de se protéger des autres, mais quand je lui rendais visite, tout heureux qu’il était, il s’amusait avec moi dans le petit bois derrière la maison à jouer au loup, à souffler, à déformer son visage pour le rendre si possible plus terrifiant et plus proche de celui de la bête qui mangeait le monde, là-bas dans le Gévaudan. Ça lui rappelait sa jeunesse quand il courrait dans les ruines pour guetter la “Chasse Volante”. Et comme il avait été nourri de ces histoires d’âmes d’enfants morts avant leur baptême qui passent dans le ciel en gémissant et dont, à ce qu’il paraît, on entend battre les ailes, il me les racontait pareillement et j’ouvrais des yeux grands comme des soucoupes voulant voir moi aussi passer cette “chasse”. De fait on ne la voyait guère, comme on ne voyait pas d’avantage la Mesnie Hellequin ou la Chasse-Galerie. On l’entendait seulement gémir, quand le vent d’hiver hurlait dans les cimes et que le feu ronflait dans l’âtre. Encore fallait-il avoir l’oreille bien fine !  

 

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Dessin de Maurice Sand

 

    ( Texte extrait du chapitre XIII de "Le Temps revient" )

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12/11/2017 | Lien permanent

BULLETIN CELINIEN

Bulletin célinien N° 326

 

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C’est la photographie de Céline donnant lecture de son discours en hommage à Zola qui illustre la couverture du premier bulletin de l’ année 2011. Elle m’incite à vous livrer quelques extraits « prophétiques » de ce texte lu par son auteur le 1e octobre 1933 à Médan. Comme le rappellent les Cahiers de l’Herne, ces pages furent publiées en 1936 par Robert Denoël dans sa plaquette « Apologie de Mort à Crédit » :

« Quand nous serons devenus moraux tout à fait au sens où nos civilisations l’entendent et le désirent et bientôt l’exigeront, je crois que nous finirons par éclater tout à fait aussi de méchanceté. On ne nous aura laissé pour nous distraire que l’instinct de destruction. C’est lui qu’on cultive dès l’école et qu’on entretient tout au long de ce qu’on intitule encore : la vie. Neuf lignes de crimes, une d’ennui. Nous périrons tous en chœur, avec plaisir en somme, dans un monde que nous aurons mis cinquante siècles à barbeler de contraintes et d’angoisses.

… La rue des Hommes est à sens unique, la mort tient tous les cafés, c’est la belote « au sang » qui nous attire et nous garde. »

Ce 326e numéro du bulletin est aussi celui de son trentième anniversaire ; Marc LAUDELOUT s’en félicite d’autant mieux que cette année 2011 (cinquantenaire de la mort de Céline), verra paraître le « D’un Céline l’autre », de David ALLIOT, attendu dans la collection « Bouquins », chez Robert Laffont. Jean-Paul LOUIS, Eric MAZET et Gaël RICHARD livreront de leur côté un « Dictionnaire de la correspondance de Céline » qui sortira des presses du Lérot. Enfin Alain de BENOIST, Arina ISTRATOVA et Marc LAUDELOUT signeront « Tout Céline », recueil regroupant « Bibliographie-Filmographie-Phonographie-Internet ». Tous les amateurs de Céline se réjouiront de ces publications annoncées qui certainement feront date.

Sans préjuger de son contenu, il y a des chances pour que le prochain bulletin se penche sur la récente « Célébration » dont les médias, récemment, se firent l’écho.  Henri GODARD, dans sa note : « Doit-on célébrer Céline » en évoquant la calamité du siècle que furent ces deux guerres épouvantables (1914-1918 et 1939-1945) pose la question de savoir « Quelle autre œuvre, dans la littérature mondiale, est autant que celle-ci à la hauteur de ce moment de l’histoire ? Sous ce double aspect, de styliste et de romancier capable de donner un visage à son époque, Céline, cinquante ans après sa mort, émerge comme un des grands créateurs de son temps. » Cela n’aura pas suffi toutefois pour « l’honorer », on connaît la suite… (cf billet précédent sur ce blog).

Les Editions du Lérot nous livrent dans une facture irréprochable (comme chaque fois),  le remarquable ouvrage de Gaël RICHARD : « Le procès de Céline ». Ce travail, dont l’auteur lui-même précise le contenu dans ce n° 326, force l’admiration par la façon dont il traite le sujet : tout a été fouillé, passé au peigne fin avec la rigueur de l’historien et l’intérêt du célinien averti. Pouvait-on faire mieux ? J’en doute. Certes, ce n’est pas une lecture de tout repos et cela fait tout de même 334 pages ! mais il faut s’y aventurer et aller jusqu’au bout pour comprendre quel rôle, chacun des protagonistes à joué dans cette malheureuse « affaire ».

A l’éloge qu’il fait de Gaël Richard (également auteur du « Dictionnaire des personnages dans l’œuvre romanesque de Céline »), l’éditorialiste associe à juste titre « Jean-Paul Louis, lui-même éditeur (toujours au sens editor) de nombreuses correspondances de Céline (dont celles à Albert Paraz et à Marie Canavaggia, et la moitié de « Lettres » ; le dernier volume de la Pléiade). Quel autre imprimeur-éditeur eût été partant pour se lancer dans l’édition de travaux scientifiques de cette ampleur ? »

On lira dans cette livraison du BC une note de Benoît LE ROUX sur les derniers mots de Brasillach sur Céline ainsi que la suite de l’étude de Laurie VIALA intitulée « Illustrer le texte célinien ». Cette fois-ci il s’agit pour l’auteur, non pas de juger, mais de savoir ce que le trait de Tardi apporte ou enlève aux trois romans qu’il a illustrés (le premier, le Voyage, parus chez Futuropolis/Gallimard en 1988). Et d’abord, Laurie Viala, arguant du procédé « publicitaire » craint qu’en illustrant un texte, en le privant en partie de son contenu, du moins en « nettoyant » les visualisations mentales, on nous empêche de rêver: « L’illustration serait donc véritablement une prise en otage. Le lecteur est privé de sa liberté de rêver, de figurer, bref de créer. »

Sans pour autant dédouaner le texte, elle note plus loin que ce dernier, de son côté, exerce sur le lecteur un pouvoir tout aussi tyrannique que l’image. Voire… Pour ma part je ne me suis jamais senti véritablement colonisé par l’un ou l’autre aussi loin que remonte le souvenir de mes premières lectures tant je trouvais que les illustrations des Fables de la Fontaine par Granville ou celles des œuvres de la Comtesse de Ségur collaient avec leur support. Mieux, elles ne m’ont jamais empêché de rêver, au contraire ! Ainsi des dessins de Tardi que je trouve somme toute bien « céliniens ». Le rêve, c’est en chacun de nous notre « part d’ombre » (je reviendrai sur le sujet dans un prochain billet) et s’il est des ombres suggestives, c’est bien celles des dessins de Tardi qui a volontairement employé le noir et blanc. Imagine-t-on les mêmes illustrations en couleur ? Il y est souvent question de la mort, mais elle est plutôt « guillerette » à la façon des squelettes des danses macabres du Moyen Age : ainsi des petits macchabées qui planent dans leurs barques au-dessus de la Seine. Et la vieille Henrouille n’en est pas loin de cet état, et si je l’avais dessinée je ne l’aurais pas vue autrement que ne l’a vue Tardi. Quand elle se déchaîne, c’est un régal : « Il est là-haut, il est sur son lit l’assassin ! Il l’a même bien sali son lit, hein garce ? Bien sali ton sale matelas et avec son sang de cochon ! Et pas avec le mien ! »

 

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Mais peut-être après tout Tardi n’a-t-il vu dans l’œuvre célinienne que du noir ?

Où je rejoins Laurie Viala c’est lorsqu’elle écrit : « …l’œuvre entière de Céline est fondée sur le refus du temps qui passe, sur le reniement de la mort, sur la résistance à la méchanceté, à la bêtise des hommes et à la sienne propre ». C’est par là en effet qu’il est « raffiné », comme il se plaisait à le dire ; un saint-bernard, plutôt qu’un pékinois hargneux ( et je songe à la métaphore de Nimier) qui vous mord en traître le mollet…

Quant à savoir si Tardi plagie ou non Céline, quelle importance ? Après tout, qui ne plagie par « l’autre », dès l’instant ou il prend la plume pour écrire ou dessiner ? On s’inspire toujours de quelqu’un, forcément. Tout n’a-t-il pas déjà été dit ? (Et Céline ajouterait : « une fois pour toutes ! »). Ça n’a pas beaucoup d’importance, non ; ce qui compte, c’est la façon dont on le dit. Et ça, c’est une autre affaire ! Nous savons ce que Céline pensait des « à la manière de »…

A ce propos, je ne voudrais pas oublier la citation du mois en deuxième de couverture. Elle est de Philippe VILAIN et me paraît opportune : « Pourquoi , en littérature, parle-t-on toujours « d’invention », de « modernité » pour caractériser une langue qui s’éloigne le plus de la maîtrise, de la clarté, du sensé ? Pourquoi tant d’indulgence envers l’oralitécrite, ce prêt-à-écrire réclamant si peu d’exigence ? »

Et oui, on oublie un peu trop souvent que Céline, nourri des classiques, travaillait son style, revenait sans cesse sur l’ouvrage, polissait et polissait son marbre, posé sur un piédestal et des fondations telles qu’il n’est pas prêt de s’écrouler ! C’était du temps où la littérature était encore un art. On ne demande plus aux architectes d’aujourd’hui d’être des prix de Rome, n’est-ce-pas ? Voyez le résultat…

Pour terminer cette présentation Matthias GADRET et l’éditorialiste font le bilan de l’année passée riche en événements et publications que nous espérons tout aussi fructueux en 2011. 

 

 

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27/01/2011 | Lien permanent

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