10/01/2012
SACRES CASTORS !
(Dessin de Pierre JOUBERT)
Parus respectivement en mars et septembre de l’année 2011, les deux premiers albums de la « Patrouille des Castors » (qui doit en comprendre 7 en totalité) viennent enrichir la collection « l’Intégrale » dans laquelle les éditions Dupuis ont décidé de regrouper le meilleur des histoires parues dans Spirou.
Ces deux premiers albums de la Patrouille des Castors, dus au talent de Michel TACQ (illustrateur) et de Jean-Michel CHARLIER (scénariste), font suite aux quatre albums de l’intégrale de Gil Jourdan de Maurice TILLIEUX parus, eux-mêmes, dans la foulée des quatre albums des aventures de Johan et Pirlouit de Pierre CULLIFORD, alias PEYO.
Avec les Castors, l ‘inconnu, le mystère et l’aventure sont au rendez-vous. D’un trait sûr et agréable, Michel Tacq — qui signe « Mitacq »— campe ses personnages à partir de ses propres souvenirs de scout.
Michel Tacq, né près de Bruxelles le 10 juin 1927, intégra les « louveteaux » en 1939 et surtout les « routiers », (scouts âgés de plus de seize ans) entre 1944 et 1949. Doué depuis son plus jeune âge pour le dessin, encouragé par sa mère elle-même peintre, et très influencé par l’œuvre de Pierre JOUBERT (l’immortel auteur de plus de 15000 dessins concernant les scouts et le scoutisme), Michel Tacq publie ses premières aventures, les Voyages de Tam-Tam, sous la signature de Mitak. En 1951, il illustre les « Belles Histoires de l’Oncle Paul » et publie dans « Carrefour », la revue des routiers, ses premiers dessins de la « Patrouille ».
C’est en 1953 qu’il décide de se perfectionner auprès du talentueux Pierre Joubert chez lequel il reste trois semaines.
(Dessin de Pierre JOUBERT)
Jean-Michel Charlier, scénariste jamais à court d’idées, fécond autant qu’infatigable, partagea lui aussi la vie des scouts entre 1938 et 1941. Principal animateur de la revue Pilote, c’est un amateur d’aviation et un aventurier dans l’âme. C’est à lui et à Victor Hubinon que l’on doit Buck Danny, et c’est à ses vingt-cinq ans d’amitié avec Mitacq que l’on doit la Patrouille des Castors…
La première aventure de la Patrouille paraît le 24 novembre 1954 dans le numéro 867 du journal de Spirou ; il s’agit du « Mystère de Grosbois »… Elle fera l’objet d’un premier album en 1957 qui sera suivi de 29 autres, jusqu’en 1993.
Saluons avec ses deux premiers volumes qui enrichissent la collection l’Intégrale, l’initiative des éditions Dupuis de regrouper à chaque fois quatre histoires sous une maquette de qualité, avec une présentation à la hauteur de Gille RATIER. L’impression en est soignée et l’iconographie riche. Des fac-similées de documents originaux accompagnent souvent la présentation des œuvres et de leurs auteurs.
Le premier album renferme le Mystère de Grosbois, le Disparu de Ker-Aven, L’Inconnu de la Villa Mystère et Sur la Piste de Mowgli. Le second regroupe la Bouteille à la Mer, le Trophée de Rochecombe, le Secret des Monts Tabou, le Village englouti… Nous découvrirons les prochains avec autant de plaisir que nous avons pris à relire les premiers.
A l’ère du déferlement des mangas et autres fanzines « branchés », souvent pétris de violence gratuite, il se peut que les Castors aient un parfum rétro d’arrière-garde pour la génération des jeunes lecteurs. C’est que les rêves, comme les temps, ont changés. Cependant, les valeurs qui sont celles de nos cinq scouts, —camaraderie, franchise, dévouement, désintéressement, solidarité, secours des malheureux, respect de la nature et des animaux— même si elles ne font plus guère recette aujourd’hui et font sourire certains dans leur « naïveté », sont celles de la Chevalerie éternelle telles que Mitacq et son maître Joubert ont su nous les transmettre par la beauté de leurs dessins.
(Dessin de Pierre JOUBERT)
C’est par leur talent que le fond rencontre la forme et que nous ressentons comme un arrière-goût de paradis perdu à les parcourir, celui de l’enfance et de l’adolescence sans doute, mais aussi celui d’un monde dont nous aurions gardé la nostalgie, où les « méchants » sont châtiés et où le bien, toujours, l’emporte sur le mal aussi simplement que dans les meilleurs des westerns. Un monde où il n’y avait pas besoin de se poser de questions pour savoir de quel côté se trouver.
Aujourd’hui, c’est une autre affaire tant les dés sont pipés et brouillées les cartes ! Le « Diable », assurément, complique les choses et rend aveugle ceux qu’il veut perdre ; le Diable, oui, appelons-le comme ça faute de pouvoir lui trouver un autre nom. Et s’il suffisait de cinq castors déterminés pour lui botter le train ce serait bien, n’est-ce pas ?
(Dessin de Pierre JOUBERT)
Où sont-ils ?
18:07 Publié dans notes de lecture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : castors, patrouille, mitacq, charlier, pierre joubert, tillieux, peyo, dupuis, gil jourdan, johan et pirlouit, gille ratier, chevalerie, scouts