02/11/2009
LONG CRI
Oui, on a envie de le dire haut et fort, de le crier, de le hurler: "Au secours !" On n'en peut plus !". On n'en peut plus de quoi ? Mais de les voir sur nos écrans, de les entendre sur nos ondes, de les sentir là, sur nos terres, à nos portes, gratter le seuil de nos aires familières... DELIRIUM DELIRIUM... Ils s'avancent en troupeaux compacts, comme les cloportes, inexorablement. Ils ont tissé leurs toiles à la façon des araignées, déroulé leurs anneaux comme le ténia. Ils cachent, derrière les discours lénifiants qui coulent de leur bouche, le poison subtil de la corrosion des cerveaux. Ils se montrent, ils vont, ils viennent, ils sont efficaces... ils sont partout...
Ils parlent à mots choisis, toujours les mêmes, la langue de bois internationale qu'ils maîtrisent avec perfection et distillent goutte à goutte "bien évidemment" (ils le disent tous !); ils interpellent... prennent à témoin... Ah ! ils nous la jouent sensible, au vibrato, la pensée unique qui si bien, chasse le discernement !
Ils sont sportifs, ils soignent leur image; ils se sont faits "à la force du poigné " ou sont issus de parrainages; ils savent que le temps c'est de l'argent. Ils sont vulgaires, ils s'accouplent dans le secret des alcôves et se font photographier au grand jour sous leur meilleur angle; ils ne se mangent pas entre eux. Si parfois ils règlent leurs comptes en public c'est pour mieux nous tromper, c'est pour mieux "nous manger mon enfant". Ils se disputent mais ils sont toujours d'accord: ils sont irréprochables. Et s'ils sont pris la main dans le sac ainsi dire en flagrant délit de quelque malversation, ils retournent si bien l'opinion qu'elle les dédouane sur le champ et leur délivre en s'excusant un certificat de bonne conduite. Ils sont intouchables et bombent le torse, mais en dépit des apparences ils sont fragiles sous le vernis; de la trempe de la fonte, ils se fêlent quand on les cogne.
Ils brillent comme le cristal qu'un organe exercé cependant fait voler en éclat... On voudrait connaître le cri qui tue...
Et quand bien même, si l'on n'y prend garde, d'autres viendront d'au-delà des montagnes, et d'autres encore d'au-delà des mers chevauchant la bête en compagnie de leurs laquais... toute leur suite... leur intendance et leur logistique... Pas besoin d'attendre les chinois, "ils défileront si épais" aurait dit Céline, "qu'on verra plus ni chemins ni routes"... Vous leur déroulez déjà un tapis !
Leur nom ? "Tu les connais, lecteur, ces monstres délicats...": les HOMMES POLITIQUES et les MEDIAS.
Ils entament le siècle comme ils l'ont fait du précédent, à la façon des asticots le livarot trop mûr... A la différence de leurs aînés ils se sont perfectionnés, à en devenir carrément redoutables. Ils sont au corps social ce que le lierre est au chêne ou la tique au hérisson; en dépit de son armure, il ne peut l'empêcher de lui pomper le sang. Ils font parfois appel au "peuple" tout en sachant qu'il n'existe plus. En effet, où est-il le peuple ? Celui de la Commune ou de la Vendée ? qui fut, quoi qu'en pensent d'aucuns, une révolte populaire. Le peuple ? In memoriam le peuple. Les "masses consuméristes", qui ne touchent plus de salaire mais du pouvoir d'achat, l'ont digéré le peuple, depuis beau temps. Tant qu'elles pourront remplir leurs cadies, gratter le tac-o-tac, se pâmer aux "Feux de l'amour" et gueuler dans les stades, elles ne seront pas bien dangereuses les masses, et même, elles deviendront de plus en plus lourdes... "Ils" l'ont compris: "panem et circences", vieille leçon toujours jeune !
"Au secours !". Comment ? Vous n'entendez pas ? Baissez un peu la télé alors; éteignez vos portables... Ca va mieux ? Non ?... Ah ! on est bien en France dites-vous ? Sûrement qu'on y est pas si mal puisqu'elle est tellement convoitée la France. En tous cas on y est mieux que dans les Balkans, dame, qu'au Soudan ou en Tanzanie... Et vous les trouvez pas si mal au fond, vos dirigeants, hein ? Y pourrait y avoir pire ? Tenez, vous savez quoi ? Je parie que vous allez les reconduire les Sarkolène les Ségosy et toute leur clique s'ils en redemandent... Parce ce qu'ils en redemanderont, ça se sent comme l'orage qui monte, que la vache est bonne à traire (en dépit de la crise du lait) et que quand on y est, on y reste... Et que quand on n'y est pas, n'est-ce-pas, on ne pense qu'à une chose: "ôte-toi d'là que j'm'y mette".
Au fond vous avez peur, peur des lendemains. Et c'est quand on a peur qu'on devient dangereux, qu'on sait plus ce qu'on fait, voilà pourquoi il ne faut pas crier au secours mais "DU BALAI" ! Vite, bien vite avant qu'il ne soit trop tard !
http://www.huyghe.fr/dyndoc_actu/44b4a838af4d3.pdf
16:49 Publié dans Chroniques du temps présent | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ténia, politiques, médias, balkans