30/11/2009
TROIS FOIS RIEN
Goûtons cet extrait de PHARSAMON de Marivaux en réplique aux critiques de Voltaire et appliquons le au théâtre de la politique où les cliques, toutes officines confondues, barbotent en eaux troubles...
« Vous vous étonnez qu'un rien produise un si grand effet. Et ne savez-vous pas, raisonneur, que le rien est le motif des plus grandes catastrophes qui arrivent parmi les hommes ? Ne savez-vous pas que le rien détermine ici l'esprit de tous les mortels ; que c'est lui qui détruit les amitiés les plus fortes, qui finit les amours les plus tendres, qui les fait naître tour à tour ; que c'est le rien qui élève celui-ci, pendant qu'il ruine la fortune de celui-là ? Ne savez-vous pas, dis-je, qu'un rien termine la vie la plus illustre, qu'un rien décrédite, qu'un rien change la face des plus importantes affaires ; qu'un rien peut inonder les villes, les embraser ; que c'est toujours le rien qui commence les plus grands riens qui le suivent, et qui finissent par le rien ? Ne savez-vous pas, puisque je suis sur cet article, que vous n'êtes rien vous-même, que je ne suis rien ; qu'un rien a fait votre critique, à l'occasion du rien qui me fait écrire mes folies ? Voilà bien des riens pour un véritable rien. »
10:53 Publié dans Bons Mots | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marivaux, rien
Les commentaires sont fermés.